Un patient acteur de sa maladie - L'Infirmière Magazine n° 413 du 01/03/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 413 du 01/03/2020

 

FORMATION

PRISE EN CHARGE

A.-G.M.  

L’éducation thérapeutique permet au patient de mieux connaître son traitement et de redevenir acteur de sa prise en charge. À Lyon-Sud, elle est réalisée dans le cadre du programme Oncoral.

CAS CLINIQUE

→ Jean-Claude N., 62 ans, atteint d’un cancer du poumon, est pris en charge dans le service de pneumologie du CHU de Lyon-Sud.

→ Son ordonnance est la suivante : Iressa 250 mg : 1 cp par jour à heure fixe ; Tolexine 100 mg : 1 cp par jour au cours d’un repas ; savon doux surgras pour la toilette ; application de lipikar baume sur corps et visage une fois par jour après la toilette ; Tiorfan : 1 cp après chaque selle liquide ; Debridat 100 mg : 1 gélule matin, midi et soir (à diminuer voire arrêter si trop de diarrhées) ; Metoclopramide : 1 cp pour les nausées ; Cetirizine 10 mg : 1 cp par jour pour les démangeaisons.

PRISE EN CHARGE

Le patient est pris en charge dans le cadre d’Oncoral, suivi ambulatoire des patients sous anticancéreux oraux, mis en place en 2014 à l’hôpital de Lyon-Sud et validé comme programme d’éducation thérapeutique du patient (ETP) depuis 2016. Le suivi est assuré par une équipe composée d’une infirmière et d’une pharmacienne, en lien avec les professionnels hospitaliers et, également, le premier re cours en ville (médecin traitant, pharmacien, infirmière libérale). Lors de l’initiation du traitement, Jean-Claude N. est reçu par l’infirmière pour un bilan éducatif partagé permettant d’avéluer ses besoins et de définir avec lui les séances auxquelles il va participer.

→ Connaître son traitement et ses modalités de prise : cette séance, réalisée par le pharmacien, permet d’évaluer les connaissances du patient sur son traitement : l’anticancéreux oral en lui-même (modalités de prise, lien avec le repas pouvant modifier son absorption, etc.), les traitements associés pour la prévention et la gestion des effets indésirables ainsi que tous les autres traitements, prescrits ou non prescrits. L’outil plan de prise utilisé permet de simuler avec le patient une journée-type, sur laquelle il positionne ses activités habituelles, les photos des boîtes de ses traitements, les indications associées ainsi que la prise des traitements au cours de la journée. Chez Jean-Claude N., cela a permis d’identifier une confusion d’indication entre la Tolexine, médicament prescrit en prévention des effets indésirables et son anticancéreux oral, l’Iressa. Une vigilance particulière est portée sur l’automédication ainsi que la recherche sytématique d’absence d’interactions médicamenteuses. Ainsi, Jean-Claude N. a parfois une baisse de moral, qui le conduit à prendre ponctuellement du Millepertuis, plante fortement activatrice du CYP3A4. L’équipe Oncoral lui déconseille fortement d’en prendre car elle pourrait diminuer les concentrations et donc l’efficacité de l’Iressa.

→ Gérer son traitement. Jean-Claude N. peut être confronté au quotidien à différentes difficultés dans la prise de son traitement : oubli de prise, intentionnel ou non, vomissement après la prise de son traitement, décalage de son repas, difficultés à avaler ses comprimés, perte d’un comprimé, décalage horaire en lien avec un voyage. Pour toutes ses raisons, évaluer la conduite à tenir dans ces cas-là permet de s’assurer que, le cas échéant, Jean-Claude N. aurait la bonne conduite. Par exemple, en cas d’oubli de l’Iressa de moins de douze heures, il doit savoir que la prise est autorisée, et qu’au-delà, il doit attendre le lendemain, à l’heure habituelle, sans doubler la dose.

→ Gérer les symptômes de la maladie et les effets indésirables du traitement. Avec l’Iressa, Jean-Claude N. peut présenter des nausées, des diarrhées, une éruption cutanée, des démangeaisons et une sécheresse cutanée. Chaque médicament préventif des effets indésirables est étudié pour s’assurer qu’il sache quand et pourquoi les prendre. Il doit aussi connaître les signes qui doivent le conduire à alerter son médecin.

→ Évaluation sommative : la dernière séance fait le point avec le patient sur les compétences acquises. L’équipe peut lui proposer une reprise éducative sur certains points non acquis. Un numéro de téléphone et une adresse e-mail dédiés sont communiqués à Jean-Claude N. afin qu’il puisse appeler l’équipe en cas de problème. Il peut la recontacter à tout moment pour un suivi.