L'infirmière Magazine n° 414 du 01/04/2020

 

PROTOCOLE DE COOPÉRATION

ACTUALITÉS

FOCUS

LAURE MARTIN  

Afin de libérer du temps aux urgences, un protocole de coopération publié au « Journal officiel » le 10 mars 2020 autorise les infirmières à réaliser des sutures de plaies simples.

Le protocole de coopération « Réalisation de sutures de plaies simples par un infirmier en lieu et place d’un médecin » permet à un IDE de réaliser des sutures à la place d’un médecin urgentiste. Objectif : libérer du temps médical, diminuer l’attente aux urgences et réduire les comorbidités liées à cette attente. Tous les patients, quel que soit leur âge, présentant une plaie simple peuvent être concernés par ce protocole mais sont en droit de refuser. Ils en sont exclus s’ils sont à risque de chronicisation, agités ou agressifs.

Qui fait quoi ?

L’infirmière sollicite le médecin pour toute situation pouvant faire partie du protocole, après l’évaluation de la douleur du patient induite par le traumatisme et la plaie, l’évaluation de ses antécédents allergiques et des risques hémorragiques. Le médecin doit quant à lui explorer la plaie, effectuer un lavage de détersion ou encore s’assurer que le patient réponde aux critères d’inclusion. Si nécessaire, il peut prescrire un antalgique. C’est à lui de poser l’indication de la suture et de la technique à utiliser. L’IDE peut ensuite vérifier le statut vaccinal antitétanique et prescrire la vaccination si nécessaire, administrer le vaccin, réaliser l’anesthésie locale ainsi que la suture. Elle effectue ensuite le compte-rendu dans le dossier de soins informatisé, rédige l’ordonnance de sortie avec les soins de plaie à réaliser, l’ablation des fils ou d’agrafe en précisant le délai. Le médecin peut intervenir à tout moment en cas de besoin.

Formation des IDE

Pour participer à cette délégation de tâches, l’infirmière doit avoir déjà exercé au minimum un an aux urgences. Elle doit également suivre une formation théorique de cinq heures dispensée par le médecin, ainsi qu’un stage pratique de trois heures sur le matériel pédagogique adapté avec un contrôle lors des dix premiers gestes. Ces formations doivent lui permettre d’acquérir des compétences en matière de sutures, de savoir réaliser une anesthésie locale et de réaliser le geste dans les conditions d’asepsie conformes et adaptées à la situation clinique. Ce protocole fera l’objet d’une évaluation via des indicateurs mesurant l’activité réalisée

Travail d’équipe

Sur le terrain, il est d’ores et déjà bien accueilli. « Je suis favorable à toute forme de coopération interprofessionnelle, d’autant que les protocoles de coopération permettent d’acter officiellement ce qui se pratique déjà sur le terrain de façon informelle, estime le Dr Chloé Géri, médecin coordinateur régional du réseau Plaies et cicatrisation Cicat Occitanie. Aujourd’hui, les services d’urgences sont saturés, les soignants trouvent donc des solutions. Avec ce protocole, ce qui est important, c’est que seul le geste est délégué. La décision appartient toujours au médecin, tout comme l’évaluation de la plaie et la technique de suture. C’est un vrai travail d’équipe qui s’instaure avec l’infirmière qui, elle, monte en compétence. D’autant plus que le protocole prévoit une formation des IDE, ce qui va aussi faciliter sa diffusion à d’autres équipes. »

REPÈRES

Qu’est-ce qu’une plaie simple ?

La plaie simple est une plaie peu profonde, sans atteinte des tissus sous-jacents ou encore des tendons, une plaie linéaire ou en “s”, sans perte de substance, saignant peu ou pas, de taille inférieure à celle de la paume de la main, à distance d’un orifice naturel, peu ou pas souillée, et non délabrante.