Informer l’enfant et ses parents avant un examen, leur permettre de le découvrir par le jeu afin que tout se déroule bien le jour J : tels sont les objectifs des associations Sparadrap et Le Petit Monde en France, et de la clinique En-Jeu à Liège, en Belgique.
Afin de préparer l’enfant à un examen de radiologie, il est important de l’informer en amont. « Cela permet de lui laisser le temps d’appréhender l’examen et de poser toutes ses questions. Souvent, cela va être son premier examen, sa première radio, sa première IRM ou sa première scintigraphie », souligne Myriam Blidi, chargée des projets et de la formation à l’association Sparadrap. Née il y a vingt-cinq ans, cette dernière s’est donné pour missions d’informer les enfants et les parents avant un soin, un examen, une hospitalisation, et de former les personnels soignants aux spécificités des enfants dans l’approche des soins. « Nous éditons des documents illustrés et nous avons un site Internet avec des rubriques pour les enfants, les parents et les professionnels », détaille Myriam Blidi. L’association propose ainsi une collection de fiches sur la radio, l’IRM, le scanner (1). « Il est important de les lire avec l’enfant avant l’examen. Cela lui permet de voir en images ce qui va se passer et les parents y trouvent également de nombreuses informations. »
En parallèle, l’association préconise le jeu pour mieux préparer l’enfant. « C’est un mode dans lequel il est à l’aise et c’est l’idéal pour bien lui faire comprendre ce qu’on attend de lui. » En général, lors d’un examen de radiologie, le plus difficile pour l’enfant est de rester immobile. « Pour l’aider, ses parents peuvent lui demander de s’entraîner à ne pas bouger à la maison et le chronométrer. Ils peuvent passer par un aspect “challenge”, comme un sportif, en lui fixant des objectifs progressifs », conseille Myriam Blidi. Il est possible d’utiliser des figurines ou des poupées pour jouer la scène. « Cela fonctionne très bien avec les enfants car ils visualisent et expérimentent grâce au jeu. C’est un moment de dialogue avec les parents et cela leur permet de poser leurs questions », explique-t-elle. Les parents doivent aussi être disponibles le jour de l’examen et ne pas stresser eux-mêmes afin de ne pas transmettre leur anxiété à l’enfant.
« Les examens de radiologie ne sont généralement pas douloureux, à part la cystographie. Ce qui peut être douloureux, c’est l’injection de produit de contraste ou de radiotraceur dans le cadre d’un examen de médecine nucléaire. Dans ce cas, il est très important de s’assurer en amont que l’enfant a bien eu une prescription de crème anesthésiante EMLA, que les parents doivent poser à la maison deux heures avant l’injection », insiste Myriam Blidi. Lors de l’injection, les équipes soignantes peuvent également mettre en place des moyens de distraction comme des jeux, des bulles de savon, des dessins animés sur le portable. Pour les tout-petits, l’utilisation d’une solution sucrée ou la tétée peut les aider à réduire la douleur. « Il faut mettre en place tous les moyens antalgiques pour éviter la douleur », préconise Myriam Blidi. Il faut également s’assurer avant de commencer que l’enfant est allé aux toilettes, qu’il n’a pas faim ou froid et prévoir le doudou ou la tétine si le petit a l’habitude d’en avoir. Il faut aussi faire attention au confort de l’enfant, par exemple en lui mettant des vêtements faciles à enlever.
« Pendant l’examen, c’est la présence d’au moins l’un des parents qui va rassurer l’enfant. Souvent, on donne un tablier de plomb aux parents pour les protéger des rayons X. Il peuvent rester en contact permanent avec l’enfant par la parole et s’ils peuvent lui tenir la main c’est mieux. » Du côté des soignants, il faut prendre le temps de l’accueil, demander à l’enfant s’il a compris l’examen et lui en réexpliquer les étapes, même s’il a lu les documents avant. « Il ne sert à rien de vouloir aller vite avec un enfant et de se passer d’explications, car le risque est qu’il ne coopère pas, qu’il s’agite et que l’examen nécessite finalement plus de temps », met en garde Myriam Blidi.
Pour bien préparer les enfants, certains hôpitaux ont fait le pari de recréer une salle dédiée, sorte d’hôpital miniature avec des jeux. C’est le principe de la clinique En-Jeu, située à la clinique de l’Espérance à Montegnée, près de Liège, en Belgique. « Nous avons créé une pièce de 40 m2 pour les enfants avec trois IRM de différentes tailles : un petit de la taille Playmobil, un moyen à hauteur de poupée et un grand à la taille de l’enfant qui est un simulateur d’un vrai appareil », explique Bénédicte Minguet, docteure en psychologie à la clinique de l’Espérance. L’enjeu de cette installation est de préparer les enfants à l’IRM afin d’éviter l’anesthésie générale avant 6 ans. L’enfant vient une semaine avant l’examen et il est pris en charge par une psychologue pendant quarante-cinq minutes.
Trois modules de jeu lui sont proposés. Le premier est une maquette Playmobil qui lui présente la scène de l’examen, l’environnement, le rôle de chacun et ce qui est attendu de lui. Le second est un mini-IRM à taille de poupée sur lequel l’enfant peut jouer le rôle du soignant et faire passer l’examen à un poupon. Il est proposé à l’enfant de découvrir les bruits de la machine et de les associer à des images connues de situations quotidiennes grâce à un jeu de photos, afin de les rendre plus familiers (sons de camion, bruits de construction, etc.). Enfin, la troisième étape est une simulation sur une machine reproduisant les conditions presque réelles de l’examen : l’enfant peut se coucher dans l’appareil et simuler l’examen, en écoutant les bruits précédemment présentés et en présence de son accompagnant qui découvre sa place, son rôle et ses temps d’interactivité, notamment entre les bruits de la machine. « Souvent, à ce stade, nous n’avons plus besoin d’expliquer à l’enfant ce que l’on attend de lui, car il a tout saisi lors de la mise en scène précédente avec la poupée. Et il va reproduire en confiance cet examen », souligne Bénédicte Minguet. Parfois, la première simulation n’est pas suffisante et l’enfant peut rester très angoissé ou ne pas oser monter sur l’objet en taille réelle. Dans ce cas, il peut être proposé aux parents et aux enfants de revenir une seconde fois. À la fin de la simulation, l’enfant reçoit un diplôme, un « certificat de bravoure » qui pourra être signé par l’ensemble des équipes soignantes qu’il va rencontrer lors de son parcours de soin. « Nous recevons 1 000 enfants par an à la clinique En-Jeu et nous avons observé que 90 % des enfants ont ainsi pu éviter l’anesthésie, note Bénédicte Minguet. Cela fait aussi du bien aux équipes. Lorsque nous avons commencé ce projet sur l’IRM en 2015, elles étaient très angoissées car les enfants refusaient de monter sur l’engin. Ce sont des situations révolues désormais : l’enfant monte spontanément sur la table, met le casque sur les oreilles, se couche. C’est positif pour tout le monde et très constructif », se félicite-t-elle.
En France, l’association Le Petit Monde propose également un simulateur IRM en jeu pour éviter l’anesthésie chez l’enfant de moins de 6 ans. La préparation s’appuie sur un simulateur IRM qui reproduit les contraintes de l’appareil afin d’ôter les éléments angoissants liés à l’examen et d’améliorer la qualité des images en cas d’examen sans anesthésie. Le préparateur explique à l’enfant le principe de l’IRM en jeu et de l’examen, puis ce dernier est invité à entrer sur le dos dans une fusée à l’intérieur de laquelle il pourra visionner un dessin animé. La consigne : ne pas bouger pendant deux ou trois séquences de trois minutes chacune. Le bruit de l’IRM est également simulé dans le dispositif. L’enfant est filmé puis invité à se regarder, afin de devenir acteur de son examen. Cette préparation a également permis à plus de 80 % des enfants d’éviter l’anesthésie générale.
1 - Plus d’informations sur : bit.ly/3aN2ieF
→ Avant 5 ou 6 ans, l’enfant bénéficiera, selon les centres IRM/ scanner :
- soit d’une prémédication dans le but de le calmer ou de faciliter son endormissement.
Dans ce cas, l’enfant doit être à jeun.
- soit d’une anesthésie générale, ce qui nécessitera une consultation préanesthésique.
→ Les parents peuvent rester avec leur enfant durant l’examen, à l’exception des mamans enceintes de moins de trois mois.
Les contre-indications devront être respectées : présence d’objet métallique interne ou externe (lire les fiches p. 40).
→ Après l’examen, noter la date de la radio dans le carnet de santé sur la page intitulée « Examens radiologiques ».
Source : Sparadrap