INFIRMIÈRE COUTURIÈRE
SUR LE TERRAIN
INITIATIVE
Au CHU de Nantes, Héloïse Varlet a eu la pétillante idée de “customiser” les blouses des soignants, en commençant par l’équipe où elle exerce avec passion son métier d’infirmière puéricultrice. Une fantaisie qui fait des émules.
Motifs Liberty, licornes, arcs-en-ciel, rennes du Père Noël… L’essentiel, pour Héloïse Varlet, lorsqu’elle choisit un tissu, c’est qu’il soit joyeux et coloré, et si possible girly. Car cette grande brune filiforme aux yeux vert d’eau, infirmière puéri cultrice au CHU de Nantes, nourrit, depuis sa plus tendre enfance, une passion intarissable pour les accessoires. Des accessoires qu’elle décline au gré de ses envies. Bijoux, bandeaux, fleurs ou papillons dans les cheveux… Plus ils pétillent, plus elle craque. À tel point que l’idée d’enfiler une simple blouse blanche lors de ses gardes de nuit la rembrunit. « Je la trouve bien trop fade. Pour l’égayer, j’ai commencé à me confectionner une panoplie complète de calot, tour du cou, pochette, pince à cheveux avec un seul impératif : qu’elle mette de l’éclat à ma tenue », relate-t-elle.
Contrairement aux autres services du CHU, l’équipe mobile dont elle fait partie n’affiche en effet aucun signe distinctif. Qu’à cela ne tienne, la jeune femme de vingt-six ans se met à coudre également pour ses collègues infirmières et auxiliaires de puériculture avec qui elle arpente chaque nuit les couloirs des douze services de l’hôpital mère-enfant. « Je cherchais un moyen de nous démarquer pour que tout le monde puisse nous reconnaître au premier coup d’oeil », explique-t-elle.
Et c’est un véritable succès ! De fil en aiguille, l’idée séduit d’autres services de l’hôpital. « Tout le monde, y compris les aide-soignants et les chirurgiens, voulait son propre assortiment », rembobine gaiement la Tourangelle. Son initiative a surtout des conséquences insoupçonnées. « À l’époque où j’ai eu l’idée de fabriquer ces accessoires de soins, nous accusions un sérieux coup de mou. Se sentir mises en valeur de la sorte a permis de souder notre équipe », avoue-t-elle. Auprès des petits patients et de leur famille, les réactions ne sont pas moins stimulantes. « Les enfants sont ravis. J’ai même remarqué qu’ils étaient moins méfiants avec nous », applaudit-elle. Récemment, la mère d’un petit garçon soigné en onco-pédiatrie lui a aussi avoué que cela l’avait touchée qu’on fasse un effort pour son enfant. Un témoignage qui l’a bouleversée, au-delà de ses attentes : « En me lançant dans ce projet, je ne pensais pas que cela allait prendre une telle ampleur, et que mes créations auraient de telles vertus », confesse-t-elle sans fausse modestie.
L’aventure de cette soignante aux doigts de fée prend un nouveau tournant lorsque, en décembre dernier, elle reçoit l’aval de sa direction pour mener une double activité. Cette autorisation lui permet de créer sa micro-entreprise, qu’elle baptise Mlle L-O, en clin d’oeil à son prénom. Un compte Instagram et quelque 30 calots et 50 tours de cou plus tard, son carnet de commandes - dont certaines proviennent de Belgique et de Suisse - ne désemplit pas. « Je travaille à l’hôpital la nuit et je couds le jour. Et, quand je ne suis pas derrière ma machine, je cours de merceries en magasins de tissu. C’est un rythme soutenu, mais j’y prends tellement de plaisir que cela ne me pèse pas », reconnaît cette pro des ai guilles, qui brûle désormais de trouver un atelier.
Sa dernière idée ? Façonner des protège-cathéters centraux et des sacoches pour masquer les pompes à insuline des enfants diabétiques. De quoi redonner des couleurs à un univers hospitalier parfois austère !