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Finie. Cette dure semaine est finie. Mais en fait, à vrai dire, il n’y a plus de semaine ni même de week-end. Donc cette “sem-end” a commencé par la journée de lundi. Journée de repos pour ma part. Mais journée où mon mari était de garde à l’hôpital. Journée où j’ai pensé à lui chaque seconde. A-t-il le matériel nécessaire à sa protection ?
Comment vit-il la situation ?
« C’est pas facile tout ça », voilà ses paroles; même dans les pires moments, son humilité et sa force de caractère sont toujours présentes. Je l’admire.
20 h sonnent. Je suis sur notre balcon. Les applaudissements commencent. Les casseroles retentissent. Les larmes coulent sur mes joues. « C’est pas facile tout ça. » J’irai me coucher. Il n’a pas répondu à mon dernier message, je lui en ferai part le lendemain, il bégaye : « Je, enfin j’étais… », il ne finira pas sa phrase. Mais je sais, Doudou : « C’est pas facile tout ça. » Il rentrera alors ce mardi matin. Cerné. C’est une des premières fois en dix ans et demi que je vois ce regard. Il n’est pas avec moi. Non. Je sais. Son corps est près de moi mais son esprit est encore là-bas. Avec Corona. J’aimerais me blottir dans ses bras. Mais on respecte les distances réglementaires. Pas pour moi, à vrai dire, mais surtout pour ne rien ramener auprès de mes personnes âgées. Je recevrai un message le soir de ma collègue. On y est. Le confinement dans les chambres de nos résidents. On le savait. Ça arriverait. J’étais pas vraiment prête. En fait, on n’est jamais prêt à vivre une pandémie. Normal. « C’est pas facile tout ça. »
Nous voilà mercredi. Mon réveil sonne. Petite boule au ventre. Mais il faut se lever. J’arrive toujours en avance pour prendre mon poste et je découvre qu’une résidente est suspectée Covid-19. Non, ce n’est pas possible, pas chez nous. Un prélèvement a été réalisé la veille par mes collègues infirmières. Punaise, ce que je n’aimerais pas réaliser ce prélèvement !
La journée se passe tant bien que mal. L’animatrice a donné rendez-vous au personnel à 15h30, dans la cour, tous les jours. Avec nos distances bien évidemment. Pour une danse collective. La chanson : « Laisse entrer le bonheur ». Les résidents nous regardent par leur fenêtre, ils tapent des mains avec nous. On a réussi à faire rentrer du bonheur. Ça fait du bien. Le jeudi, les résultats tomberont. Négatifs. On aurait dit qu’on annonçait la rémission d’un cancer. Tout le monde a sauté de joie. Le soir, mon mari rentrera, et on ne pourra toujours pas se sauter dans les bras. « C’est pas facile tout ça. »