RAPPORT INTERNATIONAL
ACTUALITÉS
AILLEURS
Le rapport sur la situation du personnel infirmier dans le monde, publié en avril, rassemble une masse inédite de données et est l’occasion pour l’OMS de faire des recommandations. Les IDE apparaissent comme des pivots dans l’accès aux soins, un rôle qui demande à être protégé et renforcé.
Bouleversée par la pandémie de Covid-19, l’année 2020 a aussi été désignée « année des infirmières et des sages-femmes » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est dans ce contexte doublement particulier que l’instance internationale a publié en avril un rapport intitulé « La situation du personnel infirmier dans le monde » (1). Plus de 190 pays membres ont remonté à l’OMS des données sur leur personnel infirmier : un portrait tout en nuances peut donc se dégager. Avec 27,9 millions de professionnelles, le corps infirmier représente 59 % de tous les soignants dans le monde. Parmi cette importante cohorte, 19,3 millions sont des infirmières diplômées et six millions sont des infirmières assistantes diplômées.
Malgré tout, une pénurie de main-d’œuvre se profile, en raison de départs à la retraite à prévoir dans les dix ans (une IDE sur six au ni veau mondial, jusqu’à 24 % dans la zone des Amériques) et de l’importance grandissante du rôle des IDE dans les systèmes de soins.
Le rapport pose aussi un regard géopolitique. Une infirmière sur huit exerce dans un pays différent de celui de sa naissance ou de sa formation. Les pays à plus hauts revenus s’appuient beaucoup sur cette main-d’œuvre d’origine étrangère, qui compose 15 % de leurs effectifs. Dans la zone Afrique, on ne trouve que 8,7 infirmières pour 10 000 habitants, alors que dans la zone Amériques, ce ratio est presque dix fois plus élevé, à 83,4 pour 10 000. En Europe, on en dénombre 79,3 pour 10 000 habitants. Cette répartition par grandes régions cache des disparités. Ainsi pour la région Amériques, plus de huit infirmières sur dix se répartissent entre les États-Unis, le Canada et le Brésil, qui rassemblent 57 % de la population de la zone.
L’immense majorité (90 %) des personnels infirmiers sont des femmes, avec, là aussi, des disparités régionales. En Afrique, on compte 24 % d’hommes, contre seulement 5 % dans la zone Pacifique Ouest. Cette forte féminisation de la profession l’expose à des inégalités en matière de conditions de travail, de possibilité d’avancement et de respect de l’intégrité. Si 89 % des pays ont instauré des règles concernant un salaire minimum pour leurs infirmières, seuls 53 % ont des dispositifs de pratique infirmière avancée et un peu plus du tiers (37 %) ont pris des mesures pour protéger les soignants d’attaques et d’agressions.
L’OMS demande aux gouvernements de créer six millions d’emplois d’ici 2030 et d’investir dans l’amélioration de la formation en soins infirmiers, tout en renforçant le leadership infirmier. Le Conseil international des infirmières (CII) appelle à appliquer toutes ces recommandations. « Il ne s’agit pas là d’une question de choix ou d’une simple bonne idée dans le cadre de la pandémie de Covid-19 : il s’agit d’une véritable obligation ! », insiste Howard Catton, directeur général du CII.
1- À lire sur : bit.ly/2TDrVsr