L'infirmière Magazine n° 416 du 01/06/2020

 

ÉDITORIAL

HÉLÉNE TRAPPO  

RÉDACTRICE EN CHEF

La pandémie est encore là et la menace d’une seconde vague plane sur nos têtes. Mais déjà, les voix s’élèvent de toute part pour dire ce que beaucoup pensaient déjà avant l’entrée en scène du virus : la santé ne saurait se réduire à des équations comptables. D’ailleurs, le Président Emmanuel Macron a fini par lâcher le morceau : elle a un coût. Cependant, la crise du Covid-19 interroge plus profondément la manière dont notre société doit appréhender son système de santé. Face à l’urgence, la vision libérale s’est trouvée écornée et démonstration a été faite qu’un système performant (même en situation de pénurie de matériel et de sous-effectif chronique) est un bien inestimable, le bien de tous, qui doit profiter à chacun et être considéré comme tel. D’où le tollé qu’a pu provoquer Paul Hudson, le directeur général de Sanofi, à propos du vaccin contre le Covid-19, expliquant sans ciller que ce dernier serait destiné en priorité aux États-Unis. Pour une fois, le monde politique est tombé d’accord pour dire que la santé est un « bien commun ». Si le virus n’a pas de frontières, l’accès aux soins et à la santé doit s’envisager autrement que dans son pré carré. À l’échelle de nos territoires, il en est de même. Justement, la lutte contre la pandémie a renforcé les coopérations entre soignants des différents milieux de soin (hôpital, Ehpad, libéral), a permis de mieux se connaître et a donné envie de continuer dans cette voie (lire p.15). Elle a aussi incontestablement révélé le vivier de compétences et de ressources que les infirmières, et pas seulement celles en pratique avancée, représentent pour le fonctionnement du système de santé. Reste à espérer que la consultation annoncée prenne réellement en compte la voix des infirmières. Pour que la refondation soit véritablement historique.