L'infirmière Magazine n° 417 du 01/07/2020

 

ÉDITORIAL

HÉLÉNE TRAPPO  

RÉDACTRICE EN CHEF

La phase aiguë de la crise étant derrière nous, l’annonce d’un Ségur de la santé par le Premier ministre Édouard Philippe était pour les soignants, élevés au rang de héros, pleine de promesses. La feuille de route, ambitieuse, ne se résume pas, loin s’en faut, à la revalorisation des métiers, devenue inéluctable. Il s’agit d’une réflexion large incluant différents volets – celui de la gouvernance, de l’organisation, des territoires, des finances… –, pour tendre vers un système de santé plus efficient. Où en est-on aujourd’hui, un mois après son ouverture ? Ce qui devait être un grand rendez-vous mené dans la concertation accumule déconvenues et déceptions. Le Ségur ? Une mascarade ! Pas une semaine sans que le mot ne soit prononcé. Les reproches sont nombreux : choix des thématiques effectué en amont sans les interlocuteurs, qui déplorent de ne pas avoir accès aux propositions écrites des uns et des autres, temps de parole très réduits, annulation du bilan d’étape, absence de propositions concrètes et/ou chiffrées… La grand-messe pèche par la méthode et déçoit. En cette année internationale des infirmières (rappelons-le !), c’est la douche froide pour les 700000 IDE, s’estimant peu représentées au sein du Ségur (seuls la Fnesi(1) et l’Ordre infirmier sont conviés). On pouvait espérer que les infirmières aient un peu plus voix au chapitre et que ce Ségur permette justement de rompre avec l’habitude de les considérer comme des interlocutrices de second rang, alors qu’elles sont en première ligne lorsqu’il s’agit de combattre la pandémie. Or, à travers leurs différentes organisations, certes nombreuses (trop dispersées ?), on voit de plus en plus cette volonté d’être audible, ce souhait de leadership. Au-delà des revalorisations de salaire, c’est aussi une autre forme de reconnaissance que la profession revendique.

1- Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers.