L'infirmière Magazine n° 417 du 01/07/2020

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

S.C.  

“À distance, on n’a pas tout le côté clinique, ni la gestuelle et le langage corporel. On apprend vite à évaluer l’état du patient en quelques questions.”

Isabelle Pruszkowski a connu l’assistance au hasard d’une rencontre. En 2017, alors Iade à l’hôpital Necker (AP-HP), elle croise un médecin qui y travaille. Il lui parle avec enthousiasme des possibilités de ce secteur et évoque notamment la mise en place de la téléconsultation médicale, un service proposé depuis peu à certains assurés dans le cadre de leur contrat santé. « La téléconsultation est un service en constante évolution, et cela m’attirait de participer à cette innovation », explique l’infirmière.

Elle est alors IDE depuis vingt-cinq ans, et son parcours atteste d’un goût pour la découverte. Jeune diplômée, Isabelle Pruszkowski a alterné missions de longue durée dans l’humanitaire au sein de dispensaires en Afrique et en Inde, et contrats d’intérim en France en réanimation. Au bout de quelques années, après avoir obtenu l’équivalence nécessaire pour exercer en Allemagne, elle a travaillé au sein de services de réanimation outre-Rhin. Elle a ensuite préparé le diplôme d’Iade, et exercé en France à partir de 2010 dans plusieurs établissements de l’AH-HP. Elle est également formatrice AFGSU.

En 2017, elle s’essaye donc à l’assistance dans le cadre d’un CDD. En haute saison, vacances d’été et période du ski, les assurés sont nombreux à appeler les sociétés d’assistance pour un accident ou une maladie. Ces pics d’activité exigent de renforcer les effectifs médicaux, ce qui permet aux IDE désireuses de travailler dans le secteur d’y faire un passage.

→ Évaluer l’autonomie à distance. L’essai est concluant, et Isabelle Pruszkowski décide de poursuivre l’expérience. « J’ai rejoint Axa Partners car on me proposait d’y accomplir des missions multiples dans tout le champ d’intervention de l’assistance. L’entreprise recherchait justement des profils très polyvalents, intéressés à la fois par la régulation, les missions de rapatriement et la téléconsultation », se souvient-elle. Aujourd’hui, restriction des déplacements et crise sanitaire obligent, les vacations de téléconsultation dominent. Mais dans tous les cas, pour prendre en charge des patients à distance, il est nécessaire de s’adapter. « On n’a pas tout le côté clinique, ni la gestuelle et le langage corporel, qui d’habitude nous renseignent beaucoup sur le patient. On apprend vite à évaluer l’état du patient en quelques questions, explique l’infirmière. La diversité des cas et des situations rend le recueil d’informations intéressant. » Exerçant en CDI à mi-temps – une dizaine de vacations par mois – Isabelle complète son emploi du temps par des vacations dans des cliniques privées. Les missions de rapatriement (de l’ordre d’une par mois) viennent en complément.

→ Des missions évolutives. Après trois ans d’expérience, Isabelle Pruszkowski se dit très satisfaite. « J’aime beaucoup ce contact très intense avec le patient, que je connais aussi dans ma pratique d’infirmière anesthésiste. » Au pic de l’épidémie de Covid-19, elle était en première ligne sur plusieurs fronts : en tant qu’Iade en établissement hospitalier, et aux téléconsultations au moment du confinement, quand les demandes ont quintuplé. « Dans le cadre de la téléconsultation, je dois prendre les appels et voir si la téléconsultation s’avère nécessaire. J’accueille le patient, le rassure, je recueille des informations administratives et médicales. À l’issue de ce bilan rapide, j’évalue la situation et, si besoin, je transmets l’appel à un médecin généraliste du service. Dans 1 à 2 % des cas, le patient est orienté vers le 15. Pendant le confinement, deux appels sur trois ont donné lieu à une téléconsultation. Dans les autres cas, l’accueil de l’IDE suffisait à renseigner et rassurer la personne qui appelait. »

Avant cette période très particulière, Isabelle Pruszkowski a pu partir pour des rapatriements, mais aussi participer à des missions ponctuelles, comme des audits de compagnies aériennes. « Il y a beaucoup de projets de groupes, l’organisation et les missions évoluent rapidement. Si on le souhaite, on peut se voir confier des missions très différentes, ce qui n’est pas toujours possible dans d’autres structures. »

MOMENTS CLÉS

1992 : après son diplôme d’État infirmier, alterne humanitaire et intérim en service de réanimation.

2010 : après son diplôme d’Iade obtenu à l’école de la Salpêtrière, travaille dans différents établissements de l’AP-HP.

2014 : formatrice AFGSU (Attestation de formation aux gestes et soins d’urgence).

2017 : premier contrat dans l’assistance.