L'infirmière Magazine n° 419 du 01/09/2020

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

ÉLÉONORE DE VAUMAS  

Si c’est parfois épuisant de changer de casquette tous les jours, j’ai l’impression d’être là où il faut, quand il faut. Et c’est cela qui me fait vibrer.

J’avais 6 ans quand j’ai voulu devenir infirmière puéricultrice », raconte Antonella Menuge, responsable du centre itinérant de PMI des Petits Pas, à Étampes (91). Devant tant de détermination, la logique aurait voulu que, son diplôme d’IDE en poche, elle enchaîne sur la formation de puéricultrice. Tel ne fut pas le cas puisqu’en 1991, une fois diplômée, c’est comme infirmière qu’elle est recrutée à l’hôpital de Maubeuge. « Je souhaitais avoir une expérience auprès des enfants avant de poursuivre ma formation », relatet-elle. Après un court passage au service de chirurgie adulte, elle intègre la toute nouvelle antenne de transport néonatal, dans laquelle elle reste quatre ans avant de déménager en région parisienne. À l’hôpital Louise-Michel d’Évry (transféré depuis à Corbeil-Essonnes, NDLR), qu’elle rejoint peu après son arrivée, elle se voit confier des missions en néonatologie, urgences pédiatriques, soins intensifs et réanimation néonatale. Le déclic pour devenir puéricultrice ? « En tant qu’infirmière, des choses me manquaient dans ma pratique auprès de l’enfant : une certaine façon d’appréhender les soins, une vision de l’après-hôpital… Seul le diplôme de puéricultrice pouvait me permettre d’acquérir ces compétences », reconnaît-elle. Des savoirs qui, dès son retour de formation en 2002, lui ouvrent les portes de l’unité Kangourou au sein de la maternité de l’hôpital d’Évry.

→ Sur les routes. Trois ans plus tard, elle opère un nouveau changement et quitte l’hôpital pour la fonction publique territoriale. Direction le service de PMI de l’Essonne. « J’avais envie de travailler avec l’enfant sain, après n’avoir côtoyé que des enfants malades ou fragiles. Sans compter qu’en PMI, on a parfois la chance de pouvoir suivre des enfants plusieurs années », confie l’infirmière puéricultrice. Grâce à ses compétences et son expérience hospitalière, elle décroche un poste dans l’unité mobile du département, qui sillonne les communautés rurales à la rencontre des populations éloignées des antennes de consultation. « Avoir une unité mobile est un réel atout. Cela nous permet de réduire les délais pour obtenir une consultation après la naissance, mais aussi de voir plus de monde que lorsque nous nous déplaçons à domicile », note-elle. Directement rattaché au secteur du centre de PMI d’Étampes, qui compte une quinzaine de puéricultrices, le camion fonctionne avec quatre puéricultrices et deux auxiliaires de puériculture. Chaque binôme couvre un secteur précis, dans lequel il propose des consultations et des permanences sur rendez-vous. « C’est important que l’équipe et l’organisation soit toujours les mêmes pour que nous puissions être considérés comme un repère vis-à-vis des familles. Les gens ont besoin de créer ce lien de confiance avec nous, avant de pouvoir se livrer sur eux », observe-t-elle.

→ Parler le même langage. Durant les consultations, le médecin reçoit les patients dans une petite salle située près de la cabine de l’unité mobile. Le binôme puéricultrice/ auxiliaire de puériculture, lui, est chargé d’accueillir les familles dans le petit salon qui la jouxte. Comme en centre, le camion propose des permanences de puériculture une ou deux journées par semaine. « La seule différence avec les permanences qui ont lieu à la PMI, c’est que nous accueillons les familles dans un espace plus restreint ; ce qui implique de notre part d’être en cohésion avec l’équipe de façon à ce que, face aux parents, nous parlions le même langage », dévoile la responsable. Lorsqu’elle n’est pas en tournée avec le camion, Antonella Menuge fait des visites à domicile ou se charge de l’évaluation des assistantes maternelles de son secteur. Au fil des années, elle s’est formée au baby yoga, au portage, à la relation d’aide et à la sophrologie, et propose depuis un an des ateliers aux parents au sein de la PMI. « Si c’est parfois épuisant de changer de casquette tous les jours, j’ai l’impression d’être là où il faut, quand il faut. Et c’est cela qui me fait vibrer », confesset-elle.

MOMENTS CLÉS

1991 : obtient son diplôme d’état à Maubeuge (59).

1992 : participe à la mise en place du service de transport néonatal de l’hôpital de Maubeuge.

1995 : exerce dans l’unité de médecine néonatale de l’hôpital louise-Michel d’Évry (91).

2002 : obtient son diplôme d’état de puériculture ; alterne entre l’unité Kangourou, la réanimation néonatale et les soins intensifs de l’hôpital d’Évry.

2006 : entre à la PMI du département de l’Essonne (91).