Mieux vivre la maladie et l’après cancer. Panorama d’un paysage associatif qui soutient les patients et leurs familles, tant sur le plan moral que psychologique ou financier.
Au sous-sol du centre municipal de santé d’Issy-les-Moulineaux, un groupe de femmes discutent autour d’un thé de leurs couleurs préférées en matière de vêtements. Le rouge est plébiscité par les plus optimistes. Certaines attendent leur rendez-vous, d’autres passent simplement dire bonjour. Toutes sont accueillies par une bénévole qui prend de leurs nouvelles. L’association Étincelles
Si les adhérentes de l’association ont une expérience de la maladie en commun (lire encadré), Catherine Adler Tal, oncopsychologue et vice-présidente de l’association, insiste sur la nature unique du vécu de chaque femme et l’importance de prendre en compte l’ensemble des problématiques rencontrées : « Il y a cent manières de vivre un cancer touchant le même organe. Il est également fondamental de mieux prendre en compte les questions relevant de la sexualité, encore trop souvent considérées en cancérologie comme du luxe. Cela fait pourtant partie de la vie, de la santé. »
Ce soutien moral et psychologique peut également être proposé en milieu hospitalier. Un nombre important d’associations se sont développées en lien avec un service de cancérologie. C’est le cas de Vie et Espoir
L’aide financière constitue également un volet important de l’activité des associations de soutien aux patients. Vie et Espoir y consacre une partie de son activité. « Les familles peuvent être mises en grande difficulté financière. Souvent, quand leur enfant tombe malade, un des parents s’arrête de travailler, explique Marie-Louise Joncour. L’aide que l’on peut apporter permet d’éviter que les parents soient accaparés par des soucis financiers. » L’allocation dont peuvent bénéficier les parents touchés par le cancer de leur enfant ne suffit pas toujours à couvrir les frais occasionnés par la maladie. Surtout si la famille vit loin du centre hospitalier où est traité leur enfant. Vie et Espoir apporte, si nécessaire, une aide pour les frais de parking à proximité du CHU, l’hébergement à la maison des parents et jusqu’à quatre trajets hebdomadaires en voiture. Des financements peuvent aussi être débloqués pour des aides ponctuelles, comme l’achat d’une perruque. À l’aide financière directe, s’ajoute une aide juridique et administrative, à l’instar de celle proposée par Juris Santé
La projection dans le futur, la perspective de retrouver une vie ancrée dans la société sont des enjeux importants pris en compte par les associations de soutien aux patients. Évoquant l’imbrication de Vie et Espoir avec le service d’oncopédiatrie dans lequel elle agit, Marie-Louise Joncour a cette formule : « Le projet de soin de l’enfant est intégré dans un plan de vie. » Deux séjours annuels en pleine nature permettent aux jeunes patients de reprendre confiance en leur corps à travers diverses activités sportives et artisanales. C’est également l’occasion de vivre ensemble, hors de l’hôpital, et de faire preuve de solidarité : les plus grands aident les plus petits et ceux-ci encouragent les premiers.
Disposant d’une maison à Chamonix, À chacun son Everest
S’engager dans ce milieu associatif représente aussi un moyen d’obtenir une reconnaissance. Certaines associations, comme Les Amazones s’exposent
La fédération Cheer Up
Sites Web :
La mesure 25 (axe 5) préconise de « développer une prise en charge sociale personnalisée et accompagner l'après cancer ».
JACKIE D.
PATIENTE
En fréquentant le local de l’association Étincelles, Jackie D. a trouvé une seconde maison. Un lieu de réconfort et de répit le long d’un parcours de soins éprouvant et au long court.
« Il y a quatre ans, j’ai eu un cancer du poumon. On a pu m’opérer. Puis j’ai suivi une chimiothérapie pendant un an et demi, par voie buccale. La maladie était stabilisée, mais lors du bilan suivant, j’avais deux nouveaux problèmes, au cerveau et au médiastin. Quand j’ai fait cette récidive, j’ai eu très peur : la chimio, les rayons, mais aussi le traitement pour le cerveau, tout cela en même temps, je me suis dit que je n’allais jamais tenir le coup. Je vis seule. J’ai des enfants, mais je ne voulais pas les accabler par la maladie.
Quand je venais faire les rayons dans un hôpital peu éloigné d’ici, je passais à l’association presque tous les mardis et jeudis. Cela me faisait un bien fou. Je pouvais arriver, boire un thé et… rigoler ! On peut même plaisanter des sujets graves, parce que tout le monde est un peu dans le même bateau. On peut arriver avec un gros cafard, partager de bonnes ou de mauvaises nouvelles. Pour moi, ce lieu est une porte ouverte, il est précieux. On apprend aussi des choses, quand des articles paraissent sur de nouveaux médicaments ou crèmes qui soulagent. C’est ici que j’ai su qu’il existait un vernis spécial pour protéger des UV, on ne m’en avait pas parlé à l’hôpital. Je peux aller voir ma doctoresse avec des informations que j’ai prises ici. »