L'infirmière n° 001 du 01/10/2020

 

JE DÉCRYPTE…

POLITIQUE SANTÉ

Au sein des CPTS, les coordinatrices tiennent un rôle phare. Sans elles, difficile de fédérer les professionnels de santé ou de faire avancer le projet de santé. Avoir une double casquette « professionnelle de santé » et « coordinatrice » s’avère un réel avantage. En témoignent Cyndi Pugliese et Corinne Lehmann, infirmières libérales.

Le rôle des coordinatrices dépend vraiment de chaque CPTS », explique Cindy Pugliese, coordinatrice de la CPTS de Dracénie Provence Verdon (PACA) et infirmière libérale. Dans son cas, sa mission principale consiste actuellement à faire adhérer les professionnels de santé à la CPTS. « Il faut rassembler le plus d’acteurs possible pour être cohérent dans la rédaction du projet de santé et sa mise en œuvre », souligne-t-elle. Son rôle consiste aussi à animer les groupes de travail pour élaborer le projet de santé, en collaboration avec un prestataire d’accompagnement financé par l’agence régionale de santé. « Comme je débute dans la gestion et l’organisation, c’est un appui indispensable », précise-t-elle. Corinne Lehmann, coordinatrice de la CPTS du Pays d’Arles (PACA) et ancienne infirmière, renchérit : « J’ai moi aussi travaillé au recrutement des professionnels de santé libéraux, et je suis ravie que la CPTS regroupe aujourd’hui 160 adhérents pour un bassin de population d’un peu moins de 175 000 habitants ». Une mission d’autant plus importante que la CPTS est née d’une initiative associative. Toute la dynamique territoriale libérale était donc à construire. Aujourd’hui, l’objectif de la coordinatrice est de rendre les membres de la CPTS participatifs. Enfin, lorsque l’ACI sera signé, elle devra mettre en œuvre le projet de santé. Les deux coordinatrices sont par ailleurs en charge de la gestion budgétaire et financière de la CPTS.

UNE FORMATION INDISPENSABLE

Pour remplir cette dernière fonction, Cindy Pugliese a passé un Certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale (CAFDESIS) à l’École des hautes études en santé publique (EHESP). Une formation qui lui apporte de solides connaissances sur les politiques publiques, la gestion des ressources humaines, le management, la gestion de projets, la comptabilité, la logistique et l’informatique. De son côté, Corinne Lehmann, infirmière libérale pendant une quinzaine d’années, s’est orientée en 2018 vers un master sur la coordination de parcours complexes de soins. Une fois diplômée, elle a arrêté le libéral pour intégrer l’association Alp’Ages Coordination, dont le médecin coordinateur est à l’origine de la CPTS du Pays d’Arles. « Il m’a proposée d’en devenir la coordinatrice », rapporte Corinne Lehmann, qui précise que son master s’avère insuffisant pour effectuer de la coordination de CPTS. « Les six premiers mois ont été difficiles car je n’étais pas formée au management ou encore à la gestion prévisionnelle. » La coordinatrice prévoit de suivre une formation de manager en stratégie et développement des organisations. Son exercice en libéral lui a néanmoins donné certaines bases pour la réalisation de ses missions, notamment en comptabilité, et présente de nombreux autres avantages : « Lorsque j’échange avec les professionnels, je parle le même langage qu’eux, indique-t-elle. Je réfléchis en termes de soins et de patients, ce qui n’est pas nécessairement le cas de mes collègues coordinatrices qui ne sont pas infirmières. » Un point de vue partagé par Cindy Pugliese. « Mon expertise de terrain facilite mon contact avec les autres libéraux. Je connais les avantages et les inconvénients d’adhérer à une CPTS, ce qui me donne les arguments pour les convaincre. » Les deux coordinatrices s’entendent également pour dire que la formation reste indispensable pour asseoir une certaine légitimité au poste.