INFIRMIÈRES ET PHARMACIENS ENSEMBLE CONTRE LE DIABÈTE - Ma revue n° 002 du 01/11/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 002 du 01/11/2020

 

JE DÉCRYPTE

LE MOIS EN BREF

Laure Martin  

À l’initiative de l’Association francophone des infirmiers du diabète (Afid), une opération de dépistage de cette maladie a été menée courant septembre au sein d’officines partenaires.

Voilà une collaboration qui porte ses fruits. En témoigne les deux journées de prévention primaire qui se sont déroulées les 14 et 19 septembre derniers. Elles ont mobilisé environ 45 pharmacies d’officine, à travers toute la France, et autant d’infirmières - à majorité libérales mais aussi salariées -, tous impliqués bénévolement. Dans le cadre de cette opération, qui a permis de tester 755 personnes au total, chacune des deux professions a joué un rôle bien précis. Les pharmaciens ont eu pour mission de proposer et d’orienter les patients vers les infirmières pour bénéficier du dépistage, tout en mettant à disposition une salle, afin de veiller au respect de la confidentialité des échanges. Les infirmières, généralement seules ou en binôme, ont dépisté toutes les personnes volontaires, sans condition d’âge ou de sexe. « En amont, les infirmières devaient leur poser une série de questions élaborées par l’Afid », explique Anne-Laure Authier, infirmière libérale (Idel) membre de l’association et co-organisatrice de cet événement. Ce questionnaire permettait d’évaluer l’état de santé général du patient, de rechercher des facteurs de risque ou encore de connaître ses traitements médicamenteux. Puis, la soignante mesurait la tension et pesait le patient, avant de procéder au dépistage. « Ces deux journées ont permis de détecter des cas de diabète, d’initier un échange avec des personnes diabétiques ayant arrêté leur traitement, mais également de déceler de nombreuses personnes hypertendues, fait savoir Anne-Laure Authier. Nous avons pu remplir notre rôle éducationnel et surtout orienter les patients vers leur médecin traitant pour la suite de la prise en charge. »

SUPERVISION INFIRMIÈRE

« Cette campagne a visé plusieurs objectifs, souligne le Dr Jean Chirio, médecin généraliste et président de l’Afid. Nous voulions démontrer qu’une opération de prévention primaire est possible grâce aux infirmières, malgré un contexte sanitaire difficile, et qu’un partenariat peut s’organiser entre elles et les pharmaciens. » Ces deux journées de prévention se voulaient aussi l’occasion de mettre en avant la compétence des infirmières, « souvent associées à des opérations de prévention en étant placées sous la tutelle d’un autre professionnel de santé, ajoute-t-il. Dans le cas présent, ils ont organisé les deux journées seuls, sans soutien institutionnel ni financier. » « Nous avons voulu mettre en valeur le rôle propre des infirmières, souvent oublié », renchérit Anne-Laure Authier. Un questionnaire adressé aux professionnels de santé a permis de connaître leur niveau de satisfaction et tous sont prêts à renouveler ce type d’opération. « Ce constat est vraiment positif, et d’autant plus pour les infirmières qui se sont investies sur leur temps libre et bénévolement », rapporte le Dr Chirio. Quant aux questionnaires remplis par les 755 volontaires testés, il vont donner lieu à une analyse et à la publication prochaine d’une étude, en partenariat avec un médecin de santé publique.

TÉMOIGNAGE

C’est une expérience à renouveler

Sophie Vigreux, pharmacienne en Ardèche, dans un pôle santé

« Au sein de l’officine, nous nous inscrivons dans une collaboration interprofessionnelle. Nous nous sommes rendu compte que le dépistage et la prévention ne sont que trop rarement réalisés correctement. Il est souvent proposé aux pharmaciens de mener des actions de prévention, mais nous sommes pris par le temps. Avec cette opération, l’avantage pour les pharmaciens est qu’elle a été entièrement gérée par les infirmières. Nous avons juste eu à orienter les personnes. Nous sommes très satisfaits d’avoir participé, d’autant que l’infirmière présente dans l’officine était formée et donnait des conseils pointus aux patients. Certains ont découvert un diabète qu’ils ignoraient, c’est donc une expérience à renouveler. »