Le 13 octobre dernier, le Cese a rendu public son avis portant sur « l’hôpital au service du droit à la santé ». La réflexion amorcée quelques mois auparavant a abouti à 18 préconisations dont certaines concernent les infirmières.
Nombre de pétitions ont circulé pour dénoncer la détérioration de la situation des hôpitaux, déplorant les fermetures de lits, de services, l’insuffisance des moyens… Il n’en fallait pas plus au Conseil économique, social et environnemental (Cese) pour se saisir du problème, en tenant compte de l’opinion des professionnels du secteur et des citoyens, et établir 18 préconisations visant à rétablir un fonctionnement de l’hôpital adapté aux besoins et à mieux l’intégrer dans les territoires.
Le Cese encourage à réformer la gouvernance de l’hôpital. Pour cela, il faut « réviser les salaires, soutient Sylvie Castaigne, co-rapporteuse de l’avis. Le Ségur a certes acté une revalorisation de 183 euros nets mensuel pour les infirmières, mais […] la France reste en-dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. » Une revalorisation d’autant plus insuffisante si les effectifs n’augmentent pas, « car les conditions de travail dégradées font fuir les soignants », ajoute-telle. Le manque d’effectifs se traduit par des retours de congés obligatoires, renforçant l’absentéisme et le recours à l’intérim, très coûteux. « Les salaires et les effectifs doivent être garantis pour que les soignants souhaitent de nouveau travailler à l’hôpital », précise Christine Tellier, également co-rapporteuse.
Toujours pour les infirmières, le Cese souhaite que soit concrètement encouragée la pratique avancée avec des financements dédiés et du temps libéré pour la formation continue. Il plaide aussi pour la Validation des acquis de l’expérience, notamment pour les IDE de coordination en cancérologie ou celles d’accueil et d’orientation aux urgences qui voudraient devenir IPA. Enfin, pour évoluer vers un premier recours pluriprofessionnel plus porté par la ville et les établissements médicosociaux, le Cese préconise de diffuser et consolider les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et de favoriser le développement des regroupements pluriprofessionnels comme les Maisons de santé et les Centres de santé pluridisciplinaires.
Lire l’interview d’Alain Dru, co-rapporteur de l’avis du Cese, sur espaceinfirmier.fr, 21/10
Emmanuel Macron l’a officiellement annoncé le 14 octobre : la stratégie « tester, alerter, protéger » allait bénéficier de « plus de moyens ». Le 17 octobre, les pharmaciens, les infirmières libérales et les médecins de ville étaient autorisés, par arrêté, à pratiquer les tests antigéniques chez les patients. En moins de deux semaines, les syndicats ont pu négocier les tarifs pour leur réalisation. Trois actes ont été déterminés : le dépistage collectif, par exemple, dans le cadre d’un cluster ou d’un Ehpad avec une cotation AMI 6 (18,90 €) ; le dépistage individuel en cabinet coté AMI 8,3 (26,15€ ) ; le dépistage individuel à domicile coté AMI 9,5 (29,93€ ).
Des tarifs qui n’incluent pas l’achat des tests - environ 8€ l’un -, puisque les Idels n’auront pas à faire l’avance des frais lors de leur acquisition en pharmacie. En revanche, le 21 octobre, les syndicats devaient encore négocier une rémunération pour le renseignement du fichier Sidep, sachant qu’un texte doit paraître pour autoriser son accès aux libéraux.
Les tests antigéniques peuvent être réalisés sur les patients asymptomatiques, hors personnes contact ou personnes détectées au sein d’un cluster, et sur les personnes symptomatiques, sous trois conditions : être âgé de moins de 65 ans et ne présenter aucun risque de forme grave du Covid-19 ; ne pas pouvoir obtenir le résultat du test RT-PCR dans un délai de 48 h ; faire le test antigénique dans un délai inférieur ou égal à quatre jours après l’apparition des premiers symptômes.
Magali Clausener