L'infirmière n° 003 du 01/12/2020

 

JE ME FORME

BONNES PRATIQUES

Marianne Maugez  

en partenariat avec Le Moniteur des Pharmacies

Pour répondre à la demande massive de tests de dépistage du Covid-19 et désengorger les laboratoires, les tests rapides peuvent être réalisés par des infirmières et en pharmacie. Mais ils nécessitent un certain savoir-faire.

Les tests antigéniques permettent de détecter la protéine de la nucléocapside du Sars-CoV-2 dans un prélèvement nasopharyngé. Comme les tests virologiques par reverse transcriptase-polymerase chain reaction (RT-PCR) qui recherchent, eux, le matériel génétique du virus, les tests antigéniques marquent sa présence au moment du prélèvement et sont utilisés pour diagnostiquer une infection en phase aiguë. La réaction immunochromatographique sur laquelle repose le test permet d’obtenir un résultat en 10 à 20 minutes, ce qui facilite la mise œuvre sans délai des mesures d’isolement et de tracing. Les tests antigéniques sont globalement moins sensibles que les tests virologiques RT-PCR, qui restent la référence, mais la rapidité d’obtention du résultat explique l’avis favorable de la Haute autorité de santé (HAS) pour leur déploiement en dehors des laboratoires.

UNE CIBLE LIMITÉE

L’utilisation des tests antigéniques est limitée à certaines catégories de population. Avant de pratiquer le test, l’infirmière doit vérifier l’éligibilité de son patient. Selon un arrêté du 17 novembre, modifiant l’arrêté du 10 juillet 2020, le test est :

→ prioritairement réservé aux personnes symptomatiques, lorsque les symptômes sont apparus dans un délai inférieur ou égal à quatre jours et lorsque le résultat d’un test virologique ne peut être obtenu dans les 48 heures. Au-delà de quatre jours après le début des symptômes (manque de performance des tests antigéniques), le patient doit alors être orienté vers un laboratoire d’analyse pour effectuer un test RT-PCR. Toutefois, en cas de résultat négatif du test antigénique, le professionnel doit informer « les personnes symptomatiques âgées de 65 ans ou plus et les personnes qui présentent au moins un facteur de risque, tel que défini par le Haut conseil de la santé publique [HCSP], qu’il leur est recommandé de consulter un médecin et de confirmer ce résultat par un examen de détection du génome du Sars- CoV-2 par RT-PCR » ;

→ à titre subsidiaire, le patient asymptomatique, à l’exception des personnes cas contacts et des personnes détectées au sein d’un cluster.

LE MATÉRIEL SPÉCIFIQUE

Les tests

Les performances des tests antigéniques étant très hétérogènes, la Haute autorité de santé a fixé des seuils minimaux de performance : une sensibilité clinique supérieure ou égale à 80 % pour limiter les faux négatifs, et une spécificité clinique supérieure ou égale à 99 % pour pouvoir affirmer que les cas positifs sont bien dus au nouveau coronavirus et non à d’autres virus respiratoires saisonniers. La liste des tests validés par la HAS est disponible sur le site du ministère de la Santé.

Les équipements de protection individuelle

La réalisation des prélèvements est un acte à risque de contamination pour l’opérateur (notamment à cause du réflexe de toux et d’éternuements au moment du prélèvement).

Un équipement spécifique composé d’un masque FFP2, d’une blouse, de gants à usage unique, d’une charlotte et d’une protection oculaire (visière ou lunettes de protection) est donc fortement recommandé.

LE PRÉLÈVEMENT, UN GESTE À MAÎTRISER

Il est préférable que le patient ne se mouche pas avant le prélèvement. L’écouvillon doit être inséré doucement dans la cavité nasale, parallèlement au plancher nasal (pas vers le haut), jusqu’à sentir une résistance au niveau du nasopharynx. Avant le retrait de l’écouvillon, l’opérateur doit effectuer plusieurs rotations sur la muqueuse nasopharyngée et laisser en place le dispositif quelques secondes afin d’absorber les sécrétions.

Il n’est pas nécessaire d’effectuer un prélèvement dans chaque narine si l’extrémité de l’écouvillon est saturée de liquide après le premier prélèvement. Les prélèvements doivent être testés dès que possible après le recueil.

LE TEST, UNE MANIPULATION BIEN ORDONNÉE

En pratique

Chaque kit est fourni avec une notice explicative à laquelle il faut se référer avant toute utilisation. Pour faciliter leur utilisation, la plupart des laboratoires ont également mis à disposition des vidéos permettant de visualiser les différentes étapes de réalisation des tests.

1. Préparer la solution d’extraction, en versant la solution tampon fournie, dans le tube d’extraction (en moyenne, 10 gouttes équivalent à 0,3 ml).

2. Plonger l’écouvillon qui a servi au prélèvement dans le réactif du tube d’extraction.

3. Tourner au minimum six fois l’écouvillon en pressant l’extrémité contre le fond ainsi que sur les côtés du tube.

4. En fonction des laboratoires, un temps de pause de 1 minute peut être nécessaire.

5. Retirer l’écouvillon en exerçant une pression sur les parois du tube afin d’extraire la solution de l’écouvillon imbibé (à noter que pour le test du laboratoire Abbott, la tige de l’écouvillon peut être cassée pour permettre de refermer le tube d’extraction en laissant l’écouvillon à l’intérieur).

6. Refermer le tube d’extraction avec l’embout fourni dans le kit. S’assurer que l’embout est enfoncé correctement afin d’éviter les fuites lors de la manipulation du tube.

7. À ce stade - et uniquement à ce stade -, sortir la cassette de son emballage individuel et la poser sur une surface plane.

8. Verser quelques gouttes (entre 3 et 5 en fonction des indications des laboratoires) de l’échantillon contenu dans le tube d’extraction dans le puits réservé au recueil sur la cassette.

9. Mettre un minuteur et attendre le temps recommandé par le fabricant, généralement entre 10 et 20 minutes.

10. Lire le résultat.

L’interprétation

Même si un résultat positif peut apparaître rapidement, il est préférable d’attendre le temps préconisé avant de procéder à l’interprétation. Plusieurs situations sont possibles :

→ le test ne présente aucune bande colorée ou une bande unique sur l’emplacement T : le test est invalide et ne peut pas être interprété ;

→ le test présente une seule bande colorée : c’est la bande de contrôle. Le test a fonctionné, le résultat est négatif ;

→ le test présente deux bandes colorées : le test a fonctionné, le résultat est positif.

Le test étant qualitatif et non quantitatif, l’intensité de la coloration de la bande au niveau de la zone T n’a pas d’importance pour l’interprétation.

La présence d’une bande colorée suffit à dire que le test est positif.

L’écouvillon et la cassette du dispositif doivent intégrer le circuit d’élimination des déchets d’activité de soins à risques infectieux (Dasri).

Les limites

La principale d’entre elles provient de la technique du prélèvement. Un résultat faussement négatif peut être dû, non pas à un défaut de sensibilité du test, mais à une concentration virale dans l’échantillon inférieure au seuil de détection minimale, souvent la conséquence d’un prélèvement qui n’a pas été assez profond.