Plusieurs régions ont récemment mis en avant leurs actions en faveur des infirmières. Un intérêt soudain qui n’est sans doute pas étranger à l’approche des élections régionales.
La profession infirmière constitue un réservoir de près de 750 000 électeurs potentiels. À l’approche du renouvellement des conseils régionaux, qui devrait intervenir au mois de juin prochain, cela commence à se sentir dans les discours des équipes sortantes. Depuis quelques mois, celles-ci rivalisent d’annonces brossant les paramédicales dans le sens du poil.
La palme en la matière revient certainement à Valérie Pécresse, la présidente (ex-Les Républicains) de la région Île-de-France. En décembre, celle-ci a annoncé, dans une interview accordée à Espace infirmier, une série de mesures, parmi les quelles la création de 250 places par an dans les Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), envisageant, pour ce faire, de transformer certains lycées en Ifsi. Elle entend en outre consacrer 60 millions d’euros à la rénovation d’Ifsi vétustes. Reconnaissant que la problématique du logement et des transports est cruciale pour les infirmières franciliennes, elle prévoit également de leur réserver 560 appartements à loyer subventionné pour leur permettre de vivre plus près de leur lieu de travail. « Si on ne s’interroge pas sur la qualité de vie de nos soignantes, nous allons les perdre », résume celle à qui l’on prête des ambitions présidentielles.
Mais la Francilienne n’est pas la seule à vouloir choyer les infirmières. Son homologue de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a par exemple annoncé mi-novembre un plan censé aider les blouses blanches éreintées par la crise. Mais la méthode envisagée a de quoi surprendre : renforcer les équipes en place… en mobilisant davantage d’étudiants en soins infirmiers (ESI) et en suspendant des formations continues. Des mesures qui peuvent paraître douloureuses pour les personnes réquisitionnées, mais qui, dans l’esprit de l’ex-président des Républicains, doivent améliorer le quotidien de la grande majorité des soignantes.
« La situation est extrêmement alarmante dans notre région parce que le personnel soignant est épuisé, se justifiait-il dans un communiqué, en novembre. Nous avons un devoir de solidarité envers ces effectifs très éprouvés dans les hôpitaux et les maisons de retraite. D’ici quelques jours, grâce à cette mobilisation exceptionnelle, nous aurons ainsi un renfort de 5 000 personnes pour soulager les équipes qui se battent au quotidien contre ce virus. » Mais que cela se fasse au détriment des études ne semble pas l’inquiéter.
Il n’y a pas que les régions gouvernées par la droite qui se préoccupent des infirmières. En Nouvelle-Aquitaine aussi on met en avant les réalisations régionales en faveur de la profession. « Nous avons notamment travaillé durant le mandat sur la plateforme eNotitia, qui permet d’avoir des contenus de e-learning de très bonne qualité pour l’apprentissage du métier », fait valoir Françoise Jeanson, conseillère régionale déléguée à la santé. Celle-ci souligne que l’outil a été particulièrement utile pendant les confinements, avec de nouvelles fonctionnalités qui sont venues enrichir l’outil. Et d’ajouter que la région a travaillé à « protéger les ESI, car on a vu de tout, y compris des CHU qui se sont brusquement souvenus qu’ils avaient un Ifsi et ont utilisé les étudiants comme aides-soignants de nuit bénévoles ». Elle assure que lors d’un éventuel prochain mandat, l’équipe voudrait travailler sur les risques psychosociaux qui menacent les ESI. Reste à savoir comment ces intentions se traduiront en actes… après les élections.
Lire l’interview de Valérie Pécresse sur espaceinfirmier.fr, 17/12
Les compétences des régions en matière de santé sont, sur le papier, très limitées, et concernent principalement la formation des professionnels de santé. Dans les faits, nombre de régions utilisent leurs ressources pour compléter l’action de l’État, notamment pour améliorer la répartition des soignants. Ainsi, certains conseils régionaux versent des subventions aux Maisons de santé pluriprofessionnelles des zones les plus défavorisées. Et certains voudraient aller plus loin. Cédric Arcos, directeur général adjoint de la région Île-de-France et ancien directeur d’hôpital, plaide pour transférer l’intégralité de la compétence « santé » aux régions et pour placer les ARS sous la tutelle des conseils régionaux. Rien que ça !