Paul, chirurgien-orthopédiste pour enfants, prend du bon temps en famille à Florence. Alors qu’il visite les musées et les monuments, il tombe sur l’affiche d’une femme brune au visage impassible. À chaque coin de rue, le médecin est confronté à l’image de Marina Abramovic, une artiste serbe (qui existe). Une exposition dévoile son travail : des performances extrêmes au cours desquelles la femme va jusqu’à risquer sa vie pour composer une œuvre provocante et militante, entre automutilations et invitation à jouer avec son corps. Cette ambition de « changer le monde par un usage extrême du corps » obsède l’homme. Deux ans plus tard, au début de la pandémie, une photo de l’artiste fait tout remonter. Celui qui répare les corps des enfants plonge alors dans une introspection profonde. Ébloui, happé, il ouvre les yeux sur un monde qui tourne mal, qui peut-être n’a jamais bien tourné. À travers la découverte de Marina Abramovic, l’auteur s’interroge sur les distances entre les corps et sur l’avenir de l’humanité. Un roman introspectif puissant dans lequel une écriture espiègle laisse peu à peu place à une gravité inquiète.
Marina A, Éric Fottorino, éditions Gallimard, 176 pages, 16 €