URPS : QUELS DÉFIS POUR DEMAIN ?

Difficile de tirer un bilan global de la mandature qui s’achève, les résultats des actions des Unions régionales des professionnels de santé (URPS) étant généralement “régions dépendantes”. « Certaines ont été très actives, d’autres un peu moins », concède Catherine Kirnidis, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil). Néanmoins, tous les syndicats partagent un constat : les URPS ont trouvé leur place dans le paysage sanitaire et sont devenues des interlocutrices à part entière des agences régionales de santé (ARS) dans l’organisation de l’offre de soins.

Mais côté « reconnaissance » par la profession, l’affirmation est, quant à elle, plus nuancée. « À l’aune de la crise sanitaire que nous traversons, je pense que les professionnels se sont un peu plus approprié l’intérêt des URPS, analyse Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Leur visibilité a augmenté, la territorialisation qui s’est mise en place ayant accéléré le processus. Nous ne sommes plus dans une montée en charge. »

Néanmoins, « je ne suis pas certaine que toutes les infirmières libérales aient saisi les enjeux en lien avec les URPS », reconnaît la présidente du Sniil, estimant qu’il faut poursuivre les rencontres sur le terrain dans une démarche d’information. Le taux de participation aux élections sera un bon indicateur de cette appropriation.

UNE INFLUENCE SUR LES NÉGOCIATIONS CONVENTIONNELLES

Ce lien noué entre les URPS et les tutelles régionales facilite le développement de projets ayant vocation, s’ils font leurs preuves, à être déployés à l’échelle nationale. C’est d’ailleurs l’un des enjeux des élections puisqu’en fonction des syndicats élus en tête de liste, les orientations nationales sont susceptibles d’être influencées. On comprend alors pourquoi le syndicat Infin’idels, nouveau venu dans la course aux élections, espère arriver en tête dans certaines régions « pour ainsi être à la table des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie », fait savoir Lou Bertelle, la secrétaire nationale. Car c’est là aussi un autre enjeu de ces élections : la représentativité des syndicats vis-àvis de la profession et donc la possibilité de participer aux négociations conventionnelles.

Toutefois, pour que les projets se développent en région, la présidente du Sniil estime qu’il faut se garder de toute guerre syndicale. « Lors de cette dernière mandature, les régions qui ont fait fi de l’opposition syndicale sont celles où le plus de projets ont été réalisés, révèle-t-elle. Il faut savoir travailler ensemble en bonne intelligence. » C’est le cas par exemple en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (lire le témoignage ci-dessus). Mais d’un point de vue politique, c’est bien entendu très “personnalité dépendante” et tout est lié à la gouvernance. « Le jeu des alliances peut clairement faire la différence sur la mise en place de projets, confirme Daniel Guillerm. Mais dans ce cas, on est dans une politique politicienne. Or, les URPS sont un outil, et l’intérêt des professionnels de la région doit être la priorité. »

PROGRAMME DE CAMPAGNE

Si chaque syndicat adapte son programme aux régions, de grandes lignes directrices se dégagent au national. Pour la FNI, « l’objectif de cette mandature est de développer des projets qui donneront toute leur place aux Idels dans la territorialisation, indique Daniel Guillerm. Elles doivent s’affirmer, que ce soit au sein des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), des Équipes de soins primaires (ESP) ou de tout autre forme d’organisation. » La FNI entend en outre investir la formation interprofessionnelle au niveau des ESP afin d’agir « sur la transformation du système de santé ». Enfin, le syndicat mise toujours sur son triptyque socle infirmière-médecin-pharmacien, notamment pour « endiguer le tsunami de maladies chroniques qui nous arrive », précise le président de la FNI.

L’axe de campagne du Sniil repose sur l’exercice coordonné à la fois entre les URPS infirmiers des différentes régions mais également en inter-URPS au sein d’un même territoire, « afin de mettre en avant les synergies territoriales, souligne Catherine Kirnidis. Nous sommes très attachés à cette dynamique ». Le Sniil prévoit également de mettre l’accent sur l’innovation car « les régions sont des lieux d’expérimentations qui permettent de mettre en valeur nos compétences, ajoute la présidente. Nous voulons obtenir la reconnaissance de l’Idel comme actrice de premier recours dans le parcours de santé des patients ».

De son côté, Convergence infirmière envisage également d’accompagner les professionnelles dans leur exercice coordonné, notamment dans les montages et la rédaction de protocoles. « Nous voulons par ailleurs promouvoir les Idels auprès de la population en menant des campagnes de publicité, fait savoir Ghislaine Sicre, sa présidente. Nous voyons les pharmaciens partout, c’est maintenant au tour des infirmières ! » Le syndicat souhaite poursuivre la tenue de forums regroupant des Idels et organiser des rencontres entre elles, les élus et les institutions.

Pour Infin’idels, les grandes lignes directrices reposent sur la reconnaissance de la place de l’Idel dans le système de santé. « La nomenclature n’est pas adaptée à notre décret de compétences et à la réalité du terrain. Nous estimons qu’elle doit être revue, tout comme la tarification de nos actes », soutient Lou Bertelle. Infin’idels prévoit de travailler à la création d’une consultation infirmière et d’entériner le rôle de coordination des infirmières libérales.