L'infirmière n° 007 du 01/04/2021

 

ACCÈS AUX SOINS

JE DÉCRYPTE

LE MOIS EN BREF

Laure Martin  

CPTS, ESP, MSP… ces modes d’organisations parsèment le pays depuis plusieurs années et les infirmières n’hésitent pas à y prendre leur place.

Pour faciliter l’accès aux soins, développer la qualité de l’offre de premier recours en encourageant l’interdisciplinarité et les protocoles de coopération, les lois santé de 2009, 2016 et 2019 ont instauré des modes d’organisation auxquels les professionnels de santé sont incités à adhérer. Les infirmiers libéraux (Idels), notamment, sont particulièrement moteurs dans les territoires et mettent leurs compétences en matière de coordination au service de ces collectifs de soins. Du côté de Nancy, Thierry Péchey, Idel et vice-président de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de la métropole nancéenne, est à l’origine de l’une des premières équipes de soins primaires (ESP) du territoire, dont il est le président. « Nous avons commencé à nous organiser en ESP car il était important pour nous de formaliser notre coordination au plus proche du patient, a-t-il résumé lors du Salon infirmier qui s’est tenu du 9 au 11 mars, dans le cadre de SantExpo*. Et le modèle de l’ESP était plus simple que celui des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), car il s’agit simplement d’une association. » En 2018, l’ESP de Dommartemont-Essey-lès-Nancy-Saint-Max est créée avec quinze soignants déjà en relation autour de patients communs. « En voyant notre orga nisation, nos collègues nous ont demandé comment faire, et progressivement, d’autres ESP sont nées sur le territoire, explique-t-il. C’est donc naturellement que nous avons voulu créer la CPTS. »

UNE COORDINATION ORGANISÉE

Concernant le rôle des CPTS, certaines missions socles, comme celles sur l’accès aux médecins traitants et l’amélioration de l’accès aux soins, impliquent principalement les praticiens. « En revanche, au sein de notre CPTS, les missions concernant l’organisation pluriprofessionnelle autour du patient ont été davantage portées par les autres professionnels de santé, fait savoir Laëtitia Carlier, Idel et ancienne présidente de la CPTS de Bergerac. Nous avons mis en place un programme de télémédecine porté par les Idels du territoire, avec le soutien des médecins généralistes. Elles se sont inscrites dans ce programme avant même d’entrer dans le droit commun. » L’organisation en CPTS leur a permis de faire aboutir ce programme « complexe », car cette structuration a facilité les échanges et les réunions. Aujourd’hui, les Idels cherchent à développer la télémédecine de spécialité avec la cardiologie, l’endocrinologie et la neurologie. Laëtitia Carlier plaide pour les CPTS car les Idels ont l’habitude de faire de la coordination avec les moyens du bord, alors que « les CPTS nous permettent de nous inclure plus spécifiquement dans le territoire, de faire remonter nos problématiques de terrain et de trouver des solutions ensemble », conclut-elle.

* « Quelle santé pour votre territoire et avec quels acteurs ? », conférence du 11 mars 2021.

ET AUSSI…

MANAGEMENT

Au sujet de la crise Covid : « Il n’y avait plus de décideurs, mais une entraide commune, le directeur, le médecin… On faisait un peu tous le même travail et je pense qu’on est devenu une famille », Laurent Garcia, cadre de santé dans l’Ehpad des Quatre Saisons de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis.

Conférence du 9 mars, 17 h

LEADERSHIP

« Le leadership, c’est aussi beaucoup s’exposer, faire le dos rond, rebondir et ne jamais lâcher. Il y a beaucoup d’aspirations que l’on porte depuis des années comme la consultation infirmière qui ressort aujourd’hui comme une évidence. Il y a aussi longtemps que l’on demande la révision du décret d’actes car il y a des évolutions. On doit mener de manière très mature une réflexion entre les besoins de la population et le service rendu que l’on fait, avec d’autres, car on est pas seuls. Le leadership de la profession infirmière, c’est aussi accepter de travailler avec d’autres, sortir des prés carrés pour faire une prairie qui soit plus verte et nourrissante », Évelyne Malaquin-Pavan, cadre infirmier spécialiste clinique, AP-HP

« Pour la première fois, on a sept IDE à l’Assemblée nationale. On travaille beaucoup avec une député sur la santé des femmes. Cet espace politique, qui était très vide, laisse aujourd’hui des ouvertures importantes », Brigitte Lecointre, présidente de l’Anfiide.

Conférence du 10 mars, 16 h

IDENTITÉ

« Ce qui fera le professionnel, ce sera son positionnement, son leadership, sa volonté à évoluer, sa capacité à initier et son autonomie pour le propulser ou pas dans le contexte qu’il rencontrera. Donc l’évolution professionnelle, c’est avant tout l’état d’esprit, son parcours, ses choix et ce qu’il en fait », Pierrette Meury-Abraham, IPA Asalee en Guadeloupe.

Conférence du 11 mars, 16 h