Ça y est. Depuis un an, les Français palpent le malaise hospitalier. Ils ont pris en pleine face la fébrilité effroyable de leur système de santé, pourtant fierté nationale. En pleine pandémie mondiale, ils se sont outrés des failles d’un secteur sur lequel ils ont reposé, soudain, tous leurs espoirs. Pourtant, tous les professionnels le diront : ce n’est qu’un aperçu. Cela fait plus de trente ans qu’ils tentent d’alerter sur le délabrement de leur domaine. L’ouvrage Hôpital, si les gens savaient… libère la parole, crée un espace d’écoute, pallie l’ignorance des usagers, l’invisibilité des soignants. L’auteure Nora Sahara, infirmière depuis quinze ans et journaliste, raconte son vécu d’un service à l’autre et recueille le témoignage d’une vingtaine de ses pairs pour livrer un récit brutal sur l’hôpital. Drames cachés, manque de sécurité, de considération, rentabilité, hypocrisie des discours, harcèlement, dépression… C’est un cri d’alarme poussé avec l’énergie du désespoir, écrit avec rage. L’auteure entend désacraliser les soignants, leur redonner forme humaine et rappeler que ce sont des mortels comme les autres qu’il faut protéger, soutenir, aider, soigner. L’enquête vaut moins pour ses qualités littéraires que pour la nécessité de donner à lire ces témoignages accablants. On ne pourra plus dire qu’on ne savait pas.
Hôpital, si les gens savaient…, Nora Sahara, éditions Robert Laffont, 176 pages, 18 €