Traditionnelle, en ligne, néobanque… Les offres ne manquent pas en matière de banque. Mais encore faut-il trouver la formule qui conviendra le mieux à son activité. Car construire une relation durable et de confiance ne s’improvise pas.
Pour une infirmière libérale (Idel), détenir un compte bancaire professionnel n’est pas toujours obligatoire et va dépendre de son mode d’exercice. En effet, si cette option est requise dans le cadre d’une société (le capital social devant y être déposé), en revanche, cela n’est pas nécessaire pour une entreprise individuelle. Pour cette dernière, il conviendra d’ouvrir un compte courant dédié à l’activité professionnelle si l’Idel fait plus de 10 000 euros de chiffre d’affaires deux années consécutives (loi Pacte de 2019). Son compte dédié peut être un compte dit « particulier ». Toutefois, opter pour un compte professionnel permet de bénéficier de produits spécifiques.
Lorsqu’une Idel s’apprête à choisir une banque, « il ne s’agit pas de la sélectionner uniquement pour ouvrir un compte ou pour demander un prêt, mais bien de réfléchir en termes de relation globale », conseille Patrick Rérolle, ancien responsable marketing chez Fiducial Financial Services. D’autant qu’il n’existe pas de banque spécifique pour les professionnels libéraux. Une étude préalable des différents types de banque est donc opportune car certaines se concentrent plutôt sur une clientèle de particuliers, d’autres sur les professionnels, et d’autres encore sur les grandes entreprises. De même, si les banques généralistes couvrent l’ensemble des marchés, celles en ligne sont généralement spécialisées sur une certaine clientèle. « La première préoccupation de l’Idel va être de trouver une banque pouvant l’accompagner pour sa gestion quotidienne et son besoin de financement », souligne Christophe Badinier, directeur du développement commercial chez Fiducial Banque. Mais elle doit également se projeter sur ses besoins futurs et déterminer quelle relation elle souhaite entretenir avec sa banque.
L’infirmière libérale va avoir le choix entre plusieurs formules bancaires, chacune ayant ses propres caractéristiques.
Les banques de réseau offrent des services et des produits bancaires complets. De plus, elles disposent d’agences physiques, ce qui permet de rencontrer les conseillers.
Les banques en ligne, qui ont le statut de banque, ne proposent généralement des échanges que par téléphone, et ce, même si un conseiller peut être dédié.
Les néobanques, quant à elles, n’ont pas le statut de banque. Il s’agit uniquement d’établissements financiers qui proposent des services bancaires. Ce qui limite l’offre : gestion de certains flux uniquement, pas d’émission de chèques, impossibilité de détenir un compte débiteur, pas d’offre de financements. Une formule qui n’est pas la plus recommandée pour les Idels. Au-delà du lien qu’elle souhaite entretenir avec sa banque, pour faire son choix, la professionnelle de santé doit se demander si les offres répondent à ses besoins : la banque propose-t-elle un contrat monétique (règlement par carte bancaire) ? Permet-elle le dépôt de chèques et d’espèces ? Propose-t-elle des chéquiers, encore parfois nécessaires pour certains types de dépenses ? Offre-t-elle des possibilités de prêts bancaires ou des lignes de financement à court terme ?
Des critères personnels et affectifs peuvent aussi peser dans la balance : est-il important pour la libérale de pouvoir rencontrer physiquement son conseiller pour lui parler de ses besoins ou, à l’inverse, préfère-t-elle des contacts exclusivement téléphoniques ?
Les tarifs sont fonction des services proposés par la banque. De fait, des considérations économiques peuvent entrer en jeu.
Les banques de réseaux vont généralement coûter plus cher que les banques en ligne en raison de la présence d’agences dans les territoires. Et « de manière générale, les frais bancaires sont plus élevés pour les entreprises et les professionnels libéraux que pour les particuliers car les opérations et les mouvements sur le compte bancaire sont plus nombreux et plus diversifiés », indique Christophe Badinier. Sans compter qu’un professionnel a souvent besoin d’un accompagnement plus fréquent. L’Idel doit tout de même veiller à ce que la tarification proposée soit claire et transparente afin de savoir exactement ce que contient le package, et ainsi s’assurer qu’il correspond à ce qu’elle va utiliser. A minima les frais de tenue de compte, de virements et de prélèvements, le dépôt d’espèces, les commissions de mouvement de compte sur toutes les opérations au débit, et une carte bancaire à débit immédiat ou différé. Pour information, en fonction des services, le coût mensuel de la banque peut osciller entre 15 et 50 euros.
Après analyse de ces critères, l’infirmière libérale va pouvoir prendre sa décision en toute connaissance et transparence.
Une fois son choix arrêté, l’infirmière peut avoir à formuler une demande de financement. Dans le cadre de son activité professionnelle, cela va concerner principalement l’achat de la patientèle, l’équipement informatique ou encore le véhicule – l’immobilier ne va pas impacter directement l’activité professionnelle (lire l’encadré « L’achat immobilier, un investissement patrimonial » p. 54). Néanmoins, il est indispensable qu’elle s’assure que sa future banque pourra lui accorder un financement si besoin « car certains établissements ont moins d’appétence à accompagner des créations d’entreprise », fait savoir Christophe Badinier. Une nouvelle libérale qui s’installe peut en effet générer quelques craintes pour une banque qui ne va pas toujours être en mesure de savoir si la potentielle cliente est une bonne gestionnaire ou si dans la zone au sein de laquelle elle souhaite s’installer, elle va avoir suffisamment de patients pour faire tourner son cabinet.
En cas de souscription de prêt, les infirmières libérales doivent faire attention à plusieurs éléments : le taux du prêt, les frais et l’assurance emprunteur. « En règle générale, sur les taux de financement, les écarts ne vont pas être trop conséquents entre les banques », constate Christophe Badinier. Mais, bien entendu, rien n’empêche la professionnelle de comparer les offres. Lors de la négociation du prêt, plusieurs points peuvent être discutés, comme la possibilité de rembourser par anticipation ainsi que les frais de dossier. Elle peut aussi s’assurer de disposer d’une clause de modularité permettant d’augmenter ou de diminuer, sous conditions, les échéances.
Le point de vigilance doit en outre porter sur l’assurance du prêt bancaire. Rien ne contraint l’Idel à souscrire celle proposée par sa banque, le prêt et l’assurance se négociant séparément. « Parfois, les assurances des banques vont être un peu plus chères et liées au montant du prêt sur toute sa durée, prévient Christophe Badinier. Or, il peut être intéressant de souscrire une assurance dont le coût est calculé sur le capital restant dû, ce qui implique que son prix va baisser d’année en année. »
Bon à savoir : après une année de souscription, il est possible de changer d’assureur. « Néanmoins, sur des prêts d’un faible montant et d’une durée inférieure à cinq ans, changer d’assurance peut être fastidieux au vu des gains escomptés que l’Idel va réellement obtenir », indique Christophe Badinier. Un dernier conseil : il est important pour l’Idel d’être totalement claire et d’envisager une relation transparente et de confiance avec son conseiller. Ces liens permettront au banquier d’apporter le meilleur conseil et d’orienter sa cliente dans ses choix structurels et du quotidien en trouvant les solutions les plus adaptées.
Boris Luneau, expert-comptable et patrimoine chez OctoMed
« Lorsqu’une Idel souhaite choisir une banque, elle doit, selon moi, vérifier la qualité du conseiller. Possède-t-il des connaissances sur le mode d’exercice libéral ? Car certains font du conseil professionnel et particulier. Ce n’est pas l’idéal ! Il est préférable qu’il soit uniquement dédié aux professionnels voire, lorsque c’est possible, qu’il se consacre aux libéraux. L’Idel doit donc s’assurer des connaissances techniques de son futur interlocuteur tout en gardant en tête que son conseil ne sera pas indépendant. Le conseiller de la banque est en effet un commercial qui vend les produits de son entreprise. Il est à la fois juge et partie, et dispose d’incitations commerciales pour la vente de ces produits. Or, ces derniers ne sont pas toujours en lien avec les besoins de l’Idel ou il ne s’agit pas forcément des produits les plus adaptés pour elle. Aussi, je recommande souvent à mes clients de s’orienter vers un conseiller en gestion de patrimoine, qualifié selon son expérience et son habilitation, le bouche-à-oreille restant bien souvent un très bon indicateur. Il va avoir une vision globale des produits du marché et effectuer une proposition adaptée à l’Idel en tenant compte de son profil et de ses besoins. Cela concerne principalement les contrats Plan épargne retraite (PER), de prévoyance ou encore d’assurance santé. À titre d’exemple, les clients sont souvent séduits lorsqu’on leur parle de produits défiscalisants. Mais la gestion du patrimoine et de la protection sociale ne peut pas être guidée par la défiscalisation. Il faut savoir que le conseiller en gestion de patrimoine va être rémunéré en honoraires ou à la commission mais en toute transparence puisque c’est inscrit dans le contrat qui le lie à son client. »
Dans le cadre de son activité libérale, l’infirmière va devoir disposer d’un cabinet qu’elle va soit louer, et pour lequel elle va donc payer un loyer, soit acheter, et donc rembourser son prêt. « L’achat ne va alors avoir aucun impact sur son activité professionnelle », explique Christophe Badinier. En effet, si elle achète son bien, l’Idel le fera généralement par le biais d’une Société civile immobilière (SCI) qui remboursera le crédit. Elle paiera un loyer à la SCI, loyer qui serait identique à celui versé à un autre propriétaire. En revanche, d’un point de vue personnel, l’investissement immobilier va lui permettre de capitaliser puisque le cabinet va être financé par la SCI qui lui appartient. Elle va donc accroître son capital immobilier personnel.
[Cotation]
Comment s’y retrouver dans les facturations des vaccinations Covid ? La cotation à l’acte est-elle toujours admise dans les centres ? De même, quelle cotation retenir en fonction du lieu de soin ?
Depuis le 15 avril, la vaccination contre la Covid-19 effectuée en centre de vaccination (autorisation préfectorale) ne peut plus être cotée à l’acte mais en vacation forfaitaire. Soit 220 € par demi-journée (au moins 4 h) ou 55 € de l’heure si la vacation est inférieure ou supérieure à 4 h (toute heure entamée étant due). Sur le même principe, pour les samedis après-midis, dimanches et jours fériés, la demi-journée est facturable 240 € (60 €/h). En Ehpad, la facturation est possible à la vacation ou à l’acte mais également en cabinet ou à domicile en utilisant le code unique « INJ » : 7,80 € pour la prescription et l’injection vaccinale, 6,30 € pour la seule injection, 9,15 € pour la vaccination à domicile de personnes ne nécessitant pas d’autres soins. Ces cotations sont cumulables à taux plein avec celle d’un autre acte, dans la limite de deux actes pour un patient. La saisie de la vaccination est rémunérée 5,40 €. Les majorations de déplacement et dimanches/fériés sont facturables en sus du code INJ.
[À propos de…]
L’ACCÈS AUX SOINS À DOMICILE
Les normes professionnelles des soignants, qui, en principe, sous-tendent la qualité des soins, ne s’accordent pas toujours avec la notion de consentement et d’accès aux soins. Ainsi, par exemple, certains services ou soignants à domicile font de l’absence d’isolement ou du lit médicalisé un impératif pour intervenir. Cette irruption dans l’environnement de la personne malade peut être mal vécue par cette dernière mais également par sa famille. L’acceptation de cette ingérence, parfois un peu brutale, dans l’environnement et l’intimité du patient est alors contrainte par la maladie et les soins. Et lorsque celle-ci est trop difficile à vivre, il arrive que des refus de soins se révèlent. Parfois, ce sont les kinésithérapeutes qui refusent de se déplacer à domicile, faute de matériel suffisant à disposition dans le lieu. Pour autant, le patient n’en tirerait-il pas un bénéfice ? Consentement, refus de soins, bénéfice pour la personne malade sont alors à réinterroger en équipe, tout en incluant le patient et son entourage. Des questions éthiques sur lesquelles les équipes soignantes ne s’attardent pas suffisamment, ce qui limite parfois l’accès aux soins. Dommage !