Les sens s’atténuent. La routine est solide, les rituels sont importants, la solitude est habituelle. La mémoire est peuplée de fantômes. Un rien peut réveiller des émotions vives : un chat qui passe devant la fenêtre et c’est toute une histoire que l’on se raconte. D’autres événements n’émeuvent plus, une lassitude les écrase. On s’accroche au peu d’autonomie qu’il reste, le dernier pouvoir, la dernière victoire. L’isolement, la vulnérabilité conduisent vers la mort comme seule perspective. Elle le sait bien, elle qui regarde le monde depuis son double vitrage, à Reykjavik. Les gens de son âge ne changent pas leurs habitudes, ne rencontrent plus de nouvelles personnes. À 78 ans, veuve, elle n’attend plus rien de la vie. Jusqu’au jour où cet ancien chirurgien de 75 ans s’assoit à sa table de café. Et ce qui les liera alors ressemble à s’y méprendre à de l’amour. Tomber amoureux à cet âge-là ? Les sens s’estompent mais l’amour peut toujours trouver un chemin. C’est ce que s’attelle à raconter la poétesse islandaise Halldóra Thoroddsen dans le roman Double vitrage. Chaque paragraphe y est une mini-nouvelle, un poème qui, ligne après ligne, décrypte le sentiment amoureux chez deux personnes âgées. Un regard franc, touchant et peu répandu sur la vieillesse, sans niaiserie.
Double vitrage, Halldóra Thoroddsen, Les Éditions Bleu et Jaune, 104 pages, 15,90 €