Tetsuo (lui) et Fujiko (elle) vivent leurs vieux jours dans une maison de retraite modèle, après quarante ans de vie commune. Elle, atteinte de la maladie d’Alzheimer, se réveille un beau matin, effrayée par la découverte d’un étranger dans sa chambre, qui n’est autre que son mari. Elle n’acceptera sa présence qu’à condition de séparer d’un paravent son lit de celui de Tetsuo. Sur les conseils d’une infirmière, ce dernier accepte de ne pas la contrarier et de (re)devenir son fiancé. Bien qu’elle ne reconnaisse plus les siens, Fujiko se souvient avec précision d’événements qui ont marqué sa vie de couple, pas vraiment idyllique. De révélations inattendues en secrets bien gardés, Tetsuo découvre qu’il n’a pas été le mari parfait qu’il croyait être. Forcé d’endosser le rôle du fiancé, la maladie de son épouse se présente alors comme une nouvelle chance pour leur couple. De mari trop négligeant il devient un accompagnant attentionné, apprenant à aimer sa femme. Ce roman exceptionnel par sa poésie, sa finesse, tout en émotion retenue, aborde la maladie d’une façon inédite. À l’opposé de l’image habituelle que l’on en a, cette pathologie joue ici un rôle positif voire réparateur dans une fin de vie. Une approche inspirante qui fait du bien et change le regard sur Alzheimer.
Sémi, Aki Shimazaki, éditions Actes Sud, 160 pages, 15 €