Une enquête menée par le réseau régional de cancérologie d’Île-de-France, Oncorif, permet de rappeler la corrélation entre les deux pathologies et de mettre en lumière les besoins des soignants en matière d’information sur le sujet.
Oncorif, le réseau régional de cancérologie d’Île-de-France, a publié récemment un rapport sur la prise en charge de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) associée au cancer. Le lien entre les deux pathologies est souvent méconnu des professionnels de santé, et pourtant, elles représentent des facteurs de risque mutuels. « L’incidence de la MTEV est de 15 à 20 % chez les patients atteints de cancer et varie en fonction du stade de la maladie, du type du cancer et des traitements oncologiques. La MTEV est un facteur de mauvais pronostic et représente la seconde cause de décès chez les patients atteints de cancer », alerte le réseau régional de cancérologie.
L’Institut national du cancer a formulé des recommandations concernant la prise en charge de la maladie thromboembolique veineuse dès 2008. Il est notamment recommandé de traiter la MTEV par des héparines de bas poids moléculaires (HBPM) à visée curative pendant 3 mois minimum. En cas de thrombose veineuse sur cathéter central, l’utilisation d’HBPM au long cours doit être privilégiée. Mais dans les faits, la prise en charge est relativement complexe et dépend d’un grand nombre de facteurs.
Afin d’améliorer les pratiques professionnelles en la matière, Oncorif a mis au point un groupe de travail pluridisciplinaire, qui a mené une enquête auprès des soignants entre septembre 2020 et janvier 2021. « Près de 500 professionnels ont répondu à notre enquête, dont une majorité d’infirmières, puisqu’elles ont été plus de 200 à remplir notre formulaire en ligne », se félicite Pauline Blondeau, cheffe de projet au sein d’Oncorif et membre du groupe de travail. À noter que la quasi-totalité des infirmières répondantes sont libérales.
Les résultats de l’enquête font apparaître une méconnaissance des recommandations officielles, notamment dans la population infirmière. Le rapport suggère que l’information a plus de mal à parvenir jusqu’aux IDE, car elle transite souvent par des publications scientifiques payantes auxquelles les soignantes n’ont pas forcément accès. « J’ai moi-même exercé comme infirmière en oncologie pendant des années et je n’ai jamais été alertée sur la corrélation entre thrombose et cancer, ni sur la prise en charge », témoigne Pauline Blondeau.
Pourtant, les IDE ont un rôle de premier plan à jouer puisqu’elles sont au contact quotidien des patients. « Ce sont les libérales qui réalisent les injections ou qui accompagnent les patients qui apprennent à se piquer eux-mêmes. Elles peuvent aussi expliquer les risques d’interactions médicamenteuses, d’autant mieux qu’elles ont souvent une bonne connaissance de l’ensemble des traitements pris par leurs patients. Enfin, elles peuvent rappeler régulièrement l’importance de bien suivre le traitement et alerter le médecin traitant quand il faut renouveler la prescription », détaille la cheffe de projet.
L’enquête met également en lumière le besoin d’élaborer des modules de formation pour les professionnels, ainsi que des documents et sites Internet de référence à destination des patients. Le réseau Oncorif s’est emparé de ce souhait. « Le groupe de travail est en train de mettre au point des formations en e-learning à destination des soignants, qu’ils soient médecins, pharmaciens ou infirmières », confie Pauline Blondeau. En attendant la mise en ligne de ces modules, probablement début 2022, il est déjà possible d’actualiser (gratuitement) ses connaissances grâce aux informations rassemblées sur la page « Thrombose et cancer » du site Internet d’Oncorif.