MARTINIQUE : « LES LITS DE RÉA ÉTAIENT TOUT LE TEMPS PLEINS » - Ma revue n° 012 du 01/09/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 012 du 01/09/2021

 

CRISE SANITAIRE

JE DÉCRYPTE

LE MOIS EN BREF

Adrien Renaud  

Romain Afonso, infirmier au centre médico-chirurgical « Les Cèdres » de Brive-la-Gaillarde, est parti au mois d’août pour renforcer les équipes martiniquaises. Une expérience dont il ne ressort pas indemne.

Comment avez-vous pris la décision de partir en renfort à Fort-de-France ?

Fin juillet, dans la clinique où je travaille, l’administration avait mis un mot dans tous les services, expliquant que l’Agence régionale de santé recherchait des volontaires pour venir en renfort aux Antilles. Je voyais bien à la télévision qu’il y avait une grosse crise là-bas, et j’avais envie de prêter main-forte. Je me suis porté volontaire avec quatre collègues, mais nous n’avons été que deux à pouvoir partir.

Comment avez-vous été accueillis ?

J’ai été affecté en réa au CHU de Martinique. Nous avons été très bien accueillis, les soignants sur place étaient toujours là quand nous étions en difficulté. Et au sein de l’équipe de renfort, nous avons également été très bien reçus par les collègues de la réserve sanitaire qui étaient déjà là avant nous.

Dans quel état d’esprit étaient les soignants sur place quand vous les avez rejoints ?

Ils étaient épuisés. Ils disent que la situation qu’ils ont connue est différente de ce que nous avons vécu en métropole : depuis un an et demi, ils n’ont pas vraiment eu de pause entre les vagues du coronavirus. Il y a certes des moments où cela redescend, mais il y a toujours du monde en réa Covid.

D’ailleurs, j’ai moi-même ressenti à certains moments la nécessité d’être soutenu : je faisais partie des premières équipes à être venues en renfort, et quand au bout de quelques jours nous avons vu d’autres soignants arriver, nous avons été soulagés, nous nous sentions plus à l’aise en travaillant.

Quelle était la situation dans le service où vous avez travaillé ?

Quand nous sommes arrivés, il y avait 30 lits de réa Covid. Quand nous sommes repartis, deux semaines plus tard, il y en avait 47. Ils étaient tout le temps pleins, avec des patients plutôt jeunes. Les malades avaient en moyenne entre 35 et 50 ans, sans trop de comorbidités. C’était vraiment différent de la première vague, je m’attendais à avoir des patients plus âgés.

Quel est votre souvenir le plus marquant de ces deux semaines ?

Je me souviens d’une patiente de 37 ans, que nous prenions en charge sous Optiflow et avec laquelle j’avais pu échanger. La veille de mon départ, elle a fait une décompensation respiratoire fulgurante, elle a passé un dernier coup de fil à sa fille et on a dû l’intuber… Je ne sais pas si elle s’en est sortie.

Comment avez-vous vécu ces situations particulièrement difficiles ?

C’était très dur mentalement. Ce n’est pas facile de voir ces patients intubés et ventilés, alors qu’ils ont l’âge de nos frères et sœurs. Reste que pour moi, cela a été une grande histoire de vie, tant au niveau des soins qu’au niveau personnel. Ça a été une expérience professionnelle et humaine hors norme.

On a beaucoup parlé du faible taux de vaccination en Martinique, tant dans la population que chez les soignants. Avez-vous pu en parler avec vos collègues sur place ?

C’est une question très difficile à aborder. Au sein du service de réanimation, on voyait bien que certains soignants étaient réceptifs à la vaccination, notamment en voyant l’âge des patients. Mais il y en a d’autres qui persistaient à dire qu’ils ne se feraient pas vacciner, quoi qu’il arrive.

Lire l’article « Antilles : solidarité entre soignants » sur espace-infirmier.fr, le 25/08

ACCUEIL DES MALADES… ALZHEIMER

371 000 malades atteints d’Alzheimer ou d’une pathologie apparentée résidaient dans un établissement d’hébergement en 2019, soit « 35 % de plus qu’en 2011 », selon la dernière enquête de la Fondation Médéric Alzheimer réalisée auprès des dispositifs de prise en charge de cette population. Au total, en 2019, 86 414 places, soit 11 % de la capacité des établissements d’hébergement, étaient réservées à ces patients. Après une forte croissance entre 2011 et 2015 (+ 18 %), la hausse du nombre de places n’était plus que de 9 % entre 2017 et 2019. Un point marquant, les assistants de soins en gérontologie, nouvelle compétence impulsée par le 3e plan Alzheimer, étaient présents dans 60 % des accueils de jour (11 % en 2011) et dans 51 % des plateformes de répit en 2019, et dans 49 % des établissements en 2017.