PLUS D’ESI, UN DÉFI POUR LES IFSI - Ma revue n° 013 du 01/10/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 013 du 01/10/2021

 

FORMATION INFIRMIÈRE

JE DÉCRYPTE

LE MOIS EN BREF

Éléonore de Vaumas  

Former davantage d’infirmières pour répondre aux tensions récurrentes en matière de ressources humaines, tel était l’objectif du gouvernement en augmentant les quotas dans les Ifsi à la rentrée 2021. Mais la mise en pratique ne se fait pas sans difficultés.

Avec pas moins de 689 500 vœux formulés sur Parcoursup en 2021, les instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) continuent d’attirer de nombreux bacheliers. Beaucoup de candidats, mais peu d’élus puisqu’ils étaient 34 037 à intégrer la formation en septembre. Un chiffre qui ne reflète pas le caractère inédit de ce cru 2021, dont les effectifs ont gonflé de près de 8 % par rapport à 2020. La raison ? La création de 2 575 places supplémentaires. Mais cette mesure, annoncée par le gouvernement à la suite du Ségur de la santé, n’est pas sans conséquences pour les Ifsi. « En Nouvelle-Aquitaine, l’objectif était d’offrir 500 places supplémentaires. Chaque institut de formation a dû en prendre un peu, mais comme nous sommes le plus gros de la région, c’est nous qui avons ouvert le plus grand nombre de places », détaille Claire Malka, directrice de l’Ifsi du CHU de Poitiers. L’établissement a ainsi augmenté sa capacité d’accueil de 50 places. Une hausse de 28 % qui a poussé ce dernier à organiser deux rentrées : l’une en février 2021 avec 10 places de plus qu’à la même époque en 2020, et l’autre en septembre avec 40 places supplémentaires. Certains Ifsi ont, eux, préféré opter pour un lissage sur deux ou trois années. C’est notamment le cas de celui de l’hôpital Foch, à Paris, où la promotion de première année est passée de 60 à 65 étudiants à la rentrée 2021, et qui, en 2023, accueillera 75 ESI à raison de 5 nouvelles places par an. « On a préféré y aller crescendo parce que nous sommes une petite école et que nous mettons un point d’honneur à ce que nos étudiants puissent continuer à bénéficier d’une formation de qualité », justifie Pauline Blanchemanche, directrice suppléante de l’Ifsi.

ALTERNANCE DISTANCIEL/PRÉSENTIEL

Avec la hausse du nombre d’étudiants s’est d’abord posée la question des locaux. Faute de mieux, certains établissements ont dû faire avec les moyens du bord. « Pour cette année, on va se débrouiller en rajoutant des chaises et des bureaux, mais dans deux ans, lorsque nous aurons 75 étudiants par niveau, ça risque de devenir très compliqué pour caser tout le monde », poursuit la responsable de l’Ifsi du CHU de l’hôpital Foch. À Poitiers, l’école a misé sur l’hybridation des formations en jonglant avec les différentes présences de promotions pour que les étudiants ne se retrouvent pas tous en même temps dans les locaux. Reste que cette organisation génère quelques tensions en interne. « C’est vrai que même si tout le monde y met du sien, c’est une grosse logistique. Cela nous demande de négocier entre nous, et il arrive qu’il y ait quelques couacs », admet la directrice poitevine. Complexe pour l’équipe formatrice, l’alternance distanciel/présentiel l’est aussi pour les apprentis soignants. « Actuellement, hormis les travaux pratiques, 80 % de nos cours se déroulent en ligne. On vient à peine de démarrer l’année et on sent bien que les étudiants en souffrent déjà, et en particulier les première année qui sont moins autonomes », déplore Thomas Hostettler, secrétaire général de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi).

CHERCHE STAGE DÉSESPÉRÉMENT

Autre enjeu de taille face à l’augmentation du nombre d’étudiants : les stages. Une recherche dont s’acquitte l’équipe encadrante des Ifsi mais qui, cette année, s’est avérée particulièrement ardue. « Qui dit cinq étudiants de plus dit dix stages de plus à trouver. Or, si notre hôpital de rattachement fait un effort conséquent pour en absorber un maximum, il ne peut pas couvrir toutes les demandes », pointe Pauline Blanchemanche. D’autant que pour accueillir correctement les stagiaires, les structures doivent disposer d’un nombre suffisant de personnels pour les encadrer, ce qui, actuellement, est loin d’être le cas. « Leur défi en ce moment, c’est de pouvoir compter sur une main-d’œuvre opérationnelle. Sauf que pour nos étudiants de première année, cela ne sera pas le cas avant trois ans, poursuit la formatrice. Et pendant ce laps de temps, il va falloir gérer le creux de la vague sans rogner sur la qualité de la formation. »

Lire l’article « Pour les ESI, le retour à la normale se fait attendre » sur espaceinfirmier.fr le 15/09