“CHACUN A LE DROIT DE VIVRE DANS UN ENVIRONNEMENT ÉQUILIBRÉ ET RESPECTUEUX DE LA SANTÉ” - Ma revue n° 014 du 01/11/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 014 du 01/11/2021

 

ÉDITO

Hélène Trappo  

Rédactrice en chef de L’INFIRMIÈR.E

Même si, pour l’heure, la sécurité et l’immigration sont omniprésentes dans le débat politique, la santé sera, on le présume, l’un des thèmes majeurs de la campagne électorale. Elle interroge à la fois des enjeux sociétaux, individuels et planétaires qui interagissent et pour lesquels tout s’accélère. Le dérèglement climatique relève plus que jamais de l’urgence pour l’humanité comme le martèlent régulièrement les experts internationaux face à l’engagement insuffisant des États pour freiner le processus. Un chiffre : selon l’Organisation mondiale de la santé, la pollution atmosphérique est à l’origine de 7 millions de décès par an… On le sait, les populations les plus exposées sont les plus vulnérables, les plus éloignées de la prévention, avec des parcours de soins chaotiques.

Dernièrement, l’association Santé respiratoire France a formulé des propositions afin que devienne réalité le principe énoncé dans l’article 1er de la Charte de l’environnement, intégré dans le préambule de la Constitution française : « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé. » Que disent ces propositions ? Que la prévention, par exemple, doit être partie prenante du parcours de soins en instaurant une consultation par un professionnel de santé. Remboursée, elle viserait à détecter des maladies respiratoires chroniques et à sensibiliser aux facteurs de risque, en particulier environnementaux. Que la formation des soignants doit être renforcée en intégrant ces mêmes risques dans le cursus initial…

Des propositions qui nous ramènent au rôle que pourraient – devraient ? – jouer les infirmières en général, et plus particulièrement les IPA (infirmières en pratique avancée). À l’heure où nous mettons sous presse, ces dernières défendent bec et ongles, dans le cadre du PLFSS 2022, que leur soient permis l’accès direct aux patients et la primo prescription (qui n’est pas nécessairement médicamenteuse, précisons-le). L’objectif serait, par exemple, d’effectuer des bilans complets afin de pouvoir orienter ensuite la personne vers un diagnostic et une prise en charge médicale. Cette activité de soins primaires revendiquée permettrait un réel déploiement de la pratique avancée infirmière à la hauteur des enjeux. Comme l’a écrit Patrick Chamboredon, président de l’ONI, sur Twitter : « Dans un contexte de multiplication des déserts médicaux, 6 millions de Français n’ont pas accès à des professionnels de santé », soulignant la légitimité des revendications des IPA.

Ces dernières ne sont pas les seules à vouloir peser dans les décisions et le débat politique sur les mêmes constats et arguments. Dernièrement, huit organisations portées par l’Association des maires ruraux de France (AMRF) ont lancé une déclaration commune à l’intention des candidats à la présidentielle pour que soit garanti l’accès aux soins dans tous les territoires. Le Sniil (Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux) est de la partie et trouve là l’occasion de participer à la réflexion et dialoguer avec les élus. Les infirmières libérales, très présentes dans les zones rurales, ont toute leur place ! Et rappelons-le, la prévention et l’éducation du patient, même si elles ne sont pas reconnues, font partie de leur pratique quotidienne.