Tout comme la France, les États-Unis connaissent actuellement une pénurie de personnel infirmier particulièrement inquiétante.
Des infirmières qui partent. Des hôpitaux qui réduisent la voilure dans certains services faute de soignants. Des intérimaires qui comblent, à prix d’or et comme elles peuvent, les trous dans les plannings. Cette situation, qui semble familière aux oreilles françaises, touche aussi depuis des mois le système de santé américain. « On manque d’infirmières dans l’ensemble du pays, ce qui signifie que bien des hôpitaux n’ont pas assez de personnel pour maintenir tous leurs lits », déplorait Karen Joynt Maddox, professeure assistante de méde cine à l’Université Washington de Saint Louis, interrogée début novembre par le site Vox. Et la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver les sombres prévisions publiées en 2018 dans l’American Journal of Medical Quality, à savoir une pénurie de 150 000 infirmières en 2020, puis de 510 000 en 2030.
Vox souligne que face à cette situation, l’intérim est à la fois une solution et un problème. Car si le recours au travail temporaire permet de parer au plus pressé, il peut aussi aggraver l’hémorragie de personnel en offrant aux infirmières des revenus plus attractifs que ceux qu’elles pourraient espérer en restant dans leur service. Un mécanisme que connaissent bien les DRH hospitaliers français.
Autre parallèle intéressant avec notre pays : la pénurie aux États-Unis paraît liée à des capacités de formation insuffisantes. Mais sur ce point, la situation semble être sans commune mesure avec celle que nous connaissons dans l’Hexagone. « Il y a souvent 800 personnes qui candidatent dans des écoles d’infirmières n’offrant que 50 places », relevait ainsi fin octobre la journaliste Yuki Noguchi, spécialiste des questions de santé sur la radio publique américaine NPR.
Il y a cependant une différence fondamentale entre le France et les États-Unis : là-bas, la pénurie entraîne une hausse spectaculaire des rémunérations… au point de menacer les profits des hôpitaux. C’est ainsi que l’agence Reuters signalait, en octobre dernier, que HCA Healthcare, l’une des plus grandes chaînes d’hôpitaux du pays, s’inquiétait des conséquences du phénomène sur ses revenus futurs. Mais qu’on se rassure : cette inquiétude ne porte que sur les mois à venir. En octobre, HCA Healthcare a annoncé un doublement de ses revenus trimestriels.