L'infirmière n° 015 du 01/12/2021

 

MALTRAITANCE

JE DÉCRYPTE

LE MOIS EN BREF

Éléonore de Vaumas  

Début novembre, de nouveaux témoignages d’ESI malmenés durant leurs stages ont choqué sur les réseaux sociaux. Les organisations syndicales formulent des propositions.

Le hashtag « balancetonstage », apparu courant 2020, a récemment repris du service. Le déclencheur ? La publication de nouvelles vidéos dénonçant des situations de bizutage, dont la majorité provient d’étudiants en soins infirmiers (ESI). « On m’a demandé de prendre la tension d’un patient alors que l’équipe savait qu’il était mort. Les infirmiers étaient morts de rire derrière la porte », relate une jeune femme, encore sous le choc. Mais le phénomène n’est pas nouveau. « En 2017, nous avions interrogé les étudiants sur leur vécu de stage. Résultat : 33,4 % d’entre eux déclaraient avoir été harcelés par un soignant. Force est donc de constater que la situation n’évolue pas », explique Mathilde Padilla, présidente de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi).

DES DYSFONCTIONNEMENTS À LA MARGE

Et le contexte de la crise sanitaire n’a rien arrangé. De fait, entre la fatigue du personnel et le turnover, la qualité de l’accueil n’est pas toujours garantie. « C’est évident que quand un service est en souffrance, cela se répercute sur les étudiants et sur leur seuil de tolérance », concède la responsable fédérale. Pour Virginie Schlier, présidente du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) et directrice de l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de Colmar, ces situations restent à la marge. « Dans notre région, nos étudiants sont globalement satisfaits de leurs stages. Bien sûr, il peut y avoir des abus, mais ceux-ci sont généralement passagers. Gare à la stigmatisation, donc ! La grande majorité des équipes, malgré leur épuisement, font leur job correctement. » L’établissement haut-rhinois joue depuis longtemps la carte de la collaboration. En cas de dysfonctionnement, une réflexion tripartenariale avec l’étudiant, l’Ifsi et l’équipe du lieu de stage est engagée. Le but ? Retra vailler ensemble le projet d’accueil, de sorte que les ESI soient mieux encadrés et, si possible, par des référents qui consacrent une partie de leur temps à cette mission, tel que le stipule le référentiel de formation de 2009.

ÉVALUATION NATIONALE

Dans la même veine, la Fnesi demande l’instauration d’une formation au tutorat pour que les tuteurs sachent ce qu’ils peuvent attendre des ESI en fonction de leur année de formation et ainsi être plus justes dans les évaluations. « On aimerait aussi que cette formation devienne un élément de la certification des établissements hospitaliers », ajoute Mathilde Padilla. Autre requête : la mise en place d’une plateforme nationale à travers laquelle les ESI pourraient faire remonter des informations sur leurs stages, expliquer ce qui fonctionne bien ou moins bien, s’il y a des tuteurs fixes… Autant de retours qui permettraient aux établissements d’améliorer le projet d’accueil des futurs soignants et d’éviter que certains ne renoncent en cours de formation.

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