L'infirmière n° 015 du 01/12/2021

 

COMPÉTENCES

JE DÉCRYPTE

SYSTÈME DE SANTÉ

Thomas Laborde  

Le réseau hospitalier français consacré à la cancérologie veut créer un label pour les infirmières libérales intervenant dans le domaine. L’idée : valoriser leurs compétences, leur expertise et renforcer les liens avec les centres.

Ces derniers temps, les infirmières libérales ont été les poumons de nos institutions, introduit Christelle Galvez, directrice de soins au Centre de lutte contre le cancer (CLCC) Léon Bérard, à Lyon. On n’aurait jamais pu sortir nos patients de nos établissements. Les patients sont à 90 % à domicile, 10 % à l’hôpital… Il faut former un seul et même corps entre l’hôpital et l’extérieur. » Comment, alors, mieux intégrer les infirmières libérales (Idels) dans un parcours de soins en cancérologie ? Comment, aussi, renforcer les liens avec les 18 centres de lutte contre le cancer répartis sur 21 sites hospitaliers partout en France ? Présentée lors du Salon infirmier, qui s’est tenu du 8 au 10 novembre 2021, à Paris, la création d’un label Unicancer pour les Idels intervenant en cancérologie entend répondre à ces problématiques. Pour identifier les besoins et valider l’intérêt de la démarche, une enquête a été menée auprès de 925 professionnelles libérales.

DES FORMATIONS DE COURTE DURÉE

En moyenne diplômées depuis 21 ans, 35,1 % des Idels interrogées estiment qu’un tel label permettrait une meilleure coordination de la prise en charge du patient. Elles sont 40 % à avoir déjà exercé en cancérologie. « Mais ça veut dire que ce n’est pas le cas pour 60 % d’entre elles, souligne Pascale Dielenseger, présidente de l’Association française des infirmières de cancérologie (Afic). C’est énorme ! » 60 % des sondées ont exprimé l’envie de développer leur activité sur la prise en charge de patients atteints de cancer. Le renforcement des compétences des IDE par des formations de courte durée arrive en tête des besoins pour 61,9 % des personnes consultées. Près de la moitié d’entre elles estime que les traitements innovants, les évolutions des pratiques, le suivi des traitements et l’accompagnement constituent les besoins les plus importants en termes de formation. Une Idel présente lors de la conférence a insisté sur l’évolution rapide du matériel et l’arrivée fréquente de nouveaux outils. Elles sont 72,4 % à faire des recherches sur Internet pour apprendre plus, 65,9 % à se nourrir d’échanges entre collègues et 45,5 % à utiliser les réseaux sociaux.

Enfin, les Idels ont attribué un 5,5/10 à la qualité de la coordination entre les CLCC. « Décevant », assument Pascale Dielenseger et Christelle Galvez. Le label entend donc renforcer ces liens. Les soignantes sont majoritaires à avoir estimé devoir être consultées à propos du retour à domicile. « Parfois, on l’apprend par le patient lui-même, commente une Idel des Cévennes. Heureusement, certains patients sont très au fait de leur pathologie et de leur prise en charge. Ils nous apprennent beaucoup ! »

Encore à l’état de projet, le label proposerait d’abord une plateforme avec des informations, des formations, des webinaires, des propositions de sorties, d’événements, de rencontres, une foire aux questions, des pratiques, des astuces… Pour rappel, la cancérologie concerne 530 000 patients par an.