Une souffrance notoire que l’on tait. La place des femmes au travail et le regard porté sur leur condition en milieu professionnel a tout d’un problème évident que l’on ne semble pas tant pressé de régler. Voilà de quoi révolter l’éminence scientifique québécoise Karen Messing. Et c’est avec un regard singulier qu’elle décrypte ce sujet dans son livre Le Deuxième Corps, ce corps relégué au second plan avec lequel on bazarde ainsi le rôle social des femmes. L’autrice, généticienne et ergonome, mêle ses deux champs d’expertise pour analyser l’impact du travail sur la santé des femmes. Elle y amorce son propos avec des mots sans concession : « Nous devons nommer et combattre la honte qui nous envahit lorsqu’on s’en prend à nous parce que nous sommes des femmes. Nous devons unir nos efforts pour changer en profondeur les systèmes qui soutiennent nos agresseurs. » Une tonalité directe et personnelle peu commune dans le domaine de la recherche scientifique. Car Karen Messing écrit aussi en tant que femme et militante. La force de cet ouvrage réside également dans un intense travail de terrain auprès de travailleuses dont l’enquêtrice et ses collaborateurs présentent les résultats aux entreprises. À lire et offrir aux hiérarchies.

Le Deuxième Corps, Karen Messing, éditions Écosociété, 280 pages, 20 €.