François Duponchelle fait ses premières armes en tant qu’IPA auprès d’enfants souffrant de troubles d’apprentissage au sein d’une CPTS. Une démarche qui vient d’être récompensée par le prix qualité de l’ARS des Hauts-de-France.
Ce n’est pas vraiment un hasard si François Duponchelle a frappé à la porte de la maison de santé adossée à la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Pévèle du Douaisis (Nord) pour y effectuer ses stages de Master 1 et 2. Disposant déjà d’une expérience conséquente en établis sement et en structure spécialisée, le futur infirmier en pratique avancé (IPA) souhaitait aborder les soins primaires. C’est à un projet novateur qu’il va être convié. En élaborant leur diagnostic de territoire, les membres de la CPTS ont identifié les « troubles dys » comme un axe prioritaire de leur action. Car le constat est édifiant : les familles manquent de ressources pour le diagnostic et la prise en charge, et peu de spécialistes sont disponibles. L’attente pour un bilan varie entre 18 et 24 mois. Dès le début le futur IPA est associé à la réflexion pour répondre à ce besoin. Des échanges avec les soignants, les acteurs de l’enseignement et les habitants permettent d’élaborer un parcours de soins adapté. À l’issue de ses stages, l’infirmier se voit proposer la coordination de ce suivi.
L’IPA s’installe en libéral dans la maison de santé tout en poursuivant à mitemps son activité en Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa). En novembre, le suivi des jeunes patients « dys » démarre. Sur la demande du médecin traitant ou de la CPTS, il réalise un bilan à domicile au cours duquel il s’entretient avec l’enfant, ses parents et sa fratrie. Le recours à des grilles d’évaluation, comme l’Inventaire d’évaluation comportementale des fonctions exécutives (Brief) et la Parental-Developmental Disabilities Quality of Life (PAR-DD-Qol), lui permet de jauger le retentissement du trouble des apprentissages chez le patient et dans la dynamique familiale. Un passage en revue des sphères familiale et personnelle qui est, pour le soignant, une exploitation directe des compétences acquises : « Pour moi, la force de l’IPA c’est cette capacité à opérer un recueil de données très large. Je suis passé d’une vision morcelée à une vision globale. Le somatique, le psychique, le social, l’émotionnel, l’affectif, le couple, tout résonne et se rencontre dans la prise en soins. »
Puis, le soignant présente ses observations en réunion de concertation pluriprofessionnelle (RCP) à laquelle participent toujours un neuro pédiatre, un généraliste spécialiste des « troubles dys » et une orthophoniste. Revient ensuite à l’IPA le soin d’accompagner les parents dans la mise en œuvre des préconisations de la RCP. Il assure un suivi de l’évolution de la situation et accompagne l’enfant et la famille selon les besoins. Avant ses études d’IPA, François Duponchelle a passé un DU en addictologie et en sexologie, et s’est formé aux thérapies systémiques, cognitivo-comportementales, ainsi qu’à l’EDMR et à l’hypnose. Il utilise l’ensemble de ses connaissances pour que l’enfant « qui vit au quotidien avec une étiquette apprenne à moins se focaliser sur ses difficultés ». Une part importante de son suivi vise à réduire l’angoisse anticipatrice à l’approche d’un exercice scolaire éprouvant. Des séances de respiration ou de méditation, l’attention portée au sommeil, l’encouragement à faire du sport ou à s’épanouir dans des domaines autres que ceux liés aux apprentissages problématiques permettent de limiter cette anxiété. L’estime de soi s’en trouve rehaussée et la confrontation aux exercices scolaires soulevant des difficultés facilitée. « Tous ces éléments mis bout à bout, dans une perspective globale de la réponse apportée aux troubles de l’enfant, améliorent le quotidien et ont un effet bénéfique sur les troubles de l’apprentissage », résume l’IPA.