UN TRAIN DE MESURES AU SECOURS DE LA GREFFE
PLAN GOUVERNEMENTAL
JE DÉCRYPTE
LE MOIS EN BREF
Afin de relancer l’activité de greffe d’organes, le ministère des Solidarités et de la Santé et l’Agence de la biomédecine (ABM) lancent un quatrième plan qui prévoit notamment de professionnaliser les équipes.
On le sait, l’activité de greffe d’organes a subi de plein fouet les conséquences de la crise de la Covid-19. En 2020, les greffes, au nombre de 4 419, ont chuté de 25 % en raison de la pression hospitalière mais également de l’exclusion de donneurs et receveurs potentiels contaminés par le Sars-CoV-2. Mais la situation s’est dégradée bien avant avec une première baisse de l’activité en 2018 (5 781 greffes contre 6 105 en 2017). En 2021, les chiffres sont repartis à la hausse (+ 19,3 %) sans atteindre l’objectif du précédent plan chiffré à 7 800 greffes par an en 2021. Autant dire que le secteur attend des actions fortes. Le 4e plan greffe 2022-2026, récemment dévoilé, se veut « ambitieux, réaliste et innovant », a affirmé l’ABM lors d’un point presse mi-mars. On notera déjà qu’il comporte, contrairement au plan précédent, un budget supplémentaire de 210 millions d’euros pour cinq ans pour financer les nouvelles mesures, soit une hausse de plus de 10 % par rapport au budget habituel.
Parmi celles-ci, l’une intéresse tout particulièrement les infirmières. Il s’agit de la « professionnalisation des équipes de coordination hospitalière de prélèvement d’organes », qui prévoit de s’appuyer sur les infirmières en pratique avancée (IPA) pour la mettre en œuvre et exercer au sein des équipes de greffe. 150 IPA seraient mobilisées d’ici à 2026. Le plan table aussi sur la systématisation des audits et le renforcement de la formation des équipes. En cela, il répond aux demandes des représentants des patients. Une étude menée par le Dr Esmeralda Luciolli pour Renaloo(1) dans le cadre de la préparation du plan, attribue ainsi en grande partie la réussite de la politique espagnole à l’effort fait sur la formation des personnels médicaux et infirmières de prélèvement. Des indicateurs de performance sont encore créés « afin d’évaluer la qualité de l’organisation du prélèvement de greffe, permettre de mobiliser les directions hospitalières et de valoriser les équipes performantes ». Le plan fixe non pas un chiffre mais une fourchette, l’objectif étant de se situer entre 6 760 et 8 528 greffes. Outre les moyens humains pour y parvenir, le plan entend développer une politique de prélèvement multisource, impliquant la poursuite du déploiement des protocoles « Maastricht III »(2) en augmentant le nombre d’établissements conventionnés (65 en 2026 contre 44 actuellement) pour atteindre 15 % de greffes réalisées avec ce type de greffons. L’intensification des prélèvements sur donneur vivant est également au programme avec l’objectif de passer de 16 % à 20 % des greffes ainsi que des prélèvements pédiatriques.
1. « Prélèvement et greffe rénale : les enseignements du “modèle espagnol” », décembre 2021. En ligne sur : bit.ly/35ZELKO
2. Consistant à prélever des organes sur des patients après limitation ou arrêt des traitements.