LES INDISPENSABLES DE LA MALLETTE INFIRMIÈRE - Ma revue n° 020 du 01/05/2022 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 020 du 01/05/2022

 

EN TOURNÉE

J’EXERCE EN LIBÉRAL

ÉQUIPEMENT

Laure Martin  

Fidèle compagnon de l’infirmier libéral, la mallette avec laquelle il se déplace au quotidien n’a pas besoin d’être exhaustive pour remplir sa mission. Trucs et astuces pour bien l’organiser.

La taille de la mallette et son contenu sont souvent liés au mode de déplacement du soignant. « La majorité des Idels font leur tournée en voiture, ce qui explique qu’ils aient des mallettes importantes, explique Julien Grizzetti, infirmier libéral dans les Hauts-de-Seine. Ils vont souvent avoir plusieurs sacoches sur les sièges arrière, ce qui, bien entendu, est impossible lorsque l’on se déplace à vélo ou à pied. » Pourtant, ils sont loin d’avoir vraiment besoin de tout ce qu’ils transportent. D’autant qu’aujourd’hui, les patients ont des prescriptions pour pouvoir se procurer à la pharmacie tout le matériel et les dispositifs médicaux nécessaires aux Idels pour la réalisation des soins. « C’est important de le rappeler car tous les infirmiers ne le savent pas, et notamment ceux qui débutent », insiste-t-il.

Autre risque chez les jeunes libéraux : la crainte de manquer de matériel et l’appréhension de ne pas disposer de tout ce qu’il faut pour travailler. « Quand j’ai débuté, j’observais ma collègue qui se déplaçait avec une toute petite mallette, raconte le soignant. Comme j’avais peu d’expérience, de mon côté je ressentais le besoin de tout prendre. J’avais une grosse mallette, avec notamment des pansements de toutes les tailles et pour toutes sortes de plaies. Puis, avec l’expérience, j’ai pris confiance et j’ai enlevé tout ce dont je ne me servais pas au quotidien. » Et de poursuivre : « Cette démarche était aussi liée aux maux de dos. À la fin de la tournée, nous sommes fatigués. Se rajoute le poids de la mallette que l’on porte souvent à bout de bras ou en bandoulière, de manière asymétrique, ce qui peut, à force, être douloureux. »

LE MATÉRIEL INDISPENSABLE

Il est donc possible de revoir le contenu de sa mallette en ne gardant que l’essentiel.

Le petit matériel :

→ des gants non stériles ;

→ une solution hydroalcoolique ;

→ du petit matériel type ciseau, pince, pince ôte-agrafes ;

→ des aiguilles et des seringues ;

→ des lames de bistouri pour le retrait des fils de suture ;

→ des petits pansements pour les prises de sang et du sparadrap ;

→ des petites compresses alcoolisées ;

→ un tensiomètre, un saturomètre et un thermomètre ;

→ l’appareil de lecture de la carte Vitale.

Dans l’idéal, pour les patients chez lesquels le soignant est amené à prendre régulièrement les constantes, il peut être opportun de leur demander d’investir dans ces dispositifs médicaux pour ne pas avoir à les transporter d’un patient à un autre, « ce qui peut être particulièrement utile, qui plus est en ces temps de crise sanitaire », appuie Julien Grizzetti.

Pour les soins techniques, le matériel ne doit pas être fourni par l’infirmier libéral, sauf dans deux cas :

→ pour les prélèvements sanguins qui représentent une grande partie de l’activité. « Souvent, le patient n’a que l’ordonnance et il faut venir avec le matériel du laboratoire avec lequel nous travaillons, fait savoir le soignant. Nous avons donc une mallette spécifique » ;

→ pour les injections, notamment d’antibiotiques : la pharmacie ne fournissant que le médicament, les Idels doivent donc avoir les aiguilles correspondantes pour les injections en sous-cutané ou en intramusculaire. « Nous devons fournir le matériel sur nos propres deniers, précise l’Idel. Nous pouvons toujours rédiger une ordonnance pour que le patient se procure le matériel mais en réalité, cela est rarement fait. »

DE L’ART DE BIEN ANTICIPER

Pour éviter de trop se charger mais aussi d’avoir une mauvaise surprise en arrivant chez le patient, mieux vaut anticiper. « Quand j’ai un nouveau patient, je l’appelle en amont du soin afin de m’assurer qu’il dispose du matériel nécessaire, indique Julien Grizzetti. Si par exemple il lui manque des pansements, je vais en prendre dans ma réserve, le temps qu’il aille chercher sa prescription à la pharmacie. »

En règle générale, le stock de pansements provient des patients qui n’en ont plus besoin. « Le fait d’anticiper permet d’éviter un stress lié aux soins », ajoute l’Idel.

Une anticipation d’autant plus nécessaire pour la réalisation de certains soins techniques.

C’est le cas notamment pour les perfusions. « Souvent, ce sont les prestataires de services qui fournissent les kits de perfusion, mais parfois, ce sont les officines et il peut y avoir des erreurs, relève le soignant. Par exemple, la pharmacie va délivrer un kit pour un Picc-line alors qu’il faut un kit pour une voie veineuse périphérique. » Et de poursuivre : « De même, pour les pansements, il faut appeler le patient pour s’assurer qu’il a bien le bon set. Si ce n’est pas le cas, soit nous le rapportons, soit nous contactons d’autres pharmacies pour savoir si elles en ont en stock, soit nous reportons le soin. »

Autre type de soin pouvant être problématique : le sondage urinaire. « Il s’agit d’un soin peu fréquent, il est donc possible que le patient manque de matériel, comme du gel ou des gants stériles, et que nous soyons obligés de le fournir dans un premier temps », explique le professionnel de santé.

LA GESTION DES PILULIERS ET DES DASRI

Posséder une petite mallette implique de s’organiser pour gérer les piluliers des patients. Dans ce cadre, plusieurs options s’offrent à l’Idel. Il peut concerver l’ensemble des médicaments du patient à son cabinet et faire le pilulier une fois par semaine pour le rapporter à celui-ci, qui saura le gérer seul. « Il est aussi possible de cacher le pilulier chez le patient, dans un endroit inaccessible pour lui », propose l’infirmier. Il peut également demander à l’entourage d’acheter un petit coffre-fort à code ou à clé, dans lequel tous les traitements et le pilulier seront stockés. Enfin, l’Idel peut garder le pilulier sur lui et l’amener chaque jour chez le patient. « Personnellement, je fais en sorte de m’organiser pour ne plus le transporter », confie Julien Grizzetti.

Autre point à gérer et non des moindres : les déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri). Les Idels doivent toujours avoir un contenant à Dasri dans leur voiture ou dans leur mallette. « Il existe de très petites boîtes qui tiennent dans la mallette, rappelle l’infirmier. Mais l’idéal est de demander aux patients de s’en fournir une. » En fonction des soins, ils doivent d’ailleurs disposer d’une boîte dédiée, et si ce n’est pas le cas, en attendant qu’ils s’en procurent une à la pharmacie, « nous pouvons toujours leur demander de stocker les déchets dans un contenant hermétique à placer hors de la portée des enfants », recommande le professionnel.

Enfin, en cas de stockage du matériel dans la voiture, il faut penser à vérifier son état régulièrement car après un certain temps passé dans les sacs ou avec l’humidité, il risque de s’abîmer. Sans oublier, bien sûr, « les dates de péremption », conclut Julien Grizzetti.

Info +

QUEL TYPE DE MALLETTE CHOISIR ?

Les sacs proposés pour la profession, souvent dédiés à l’urgence, sont à la fois lourds et volumineux. Pratiques pour les infirmiers libéraux qui font leur tournée en voiture. Mais pour les autres ? Les sacs de photographe professionnel, avec de nombreuses poches pour les accessoires, peuvent être une bonne alternative, tout comme les sacs à dos à langer.

TÉMOIGNAGE

“À vélo, il faut adapter sa mallette”

Marie Mora, infirmière libérale remplaçante à Bordeaux (Gironde).

« Sauf cas exceptionnel, j’assure ma tournée à vélo. J’ai donc adapté ma mallette. Je dispose d’un panier à l’avant avec mes clés, mon téléphone et une boîte de gants. Et j’ai deux sacoches étanches de chaque côté de mon vélo, l’une pour ma poubelle et mes Dasri, et l’autre pour le matériel. Dans ma sacoche “propre”, j’ai plusieurs petites trousses : pour les injections, les pansements, le matériel de mesure (tensiomètre, oxymètre de pouls, etc.), une autre avec les antiseptiques et les petits instruments. Et c’est tout ! Depuis peu - car j’ai été embêtée lors d’une prise en charge -, j’ai un Miniflac pour poser une perfusion en urgence si besoin. En dehors de cela, je n’ai jamais manqué de rien car les patients fournissent l’essentiel. Dernier accessoire utile : des tendeurs qui me permettent d’ajouter un colis sur mon porte-bagages, notamment lorsque je dois aller récupérer des prescriptions pour mes patients à la pharmacie. »