UN LIVRE BLANC POUR LA RECHERCHE PARAMÉDICALE
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Le CNCPR a publié un livre blanc pour promouvoir la recherche paramédicale dans une approche qui intègre le fonctionnement interne des CHU, leurs liens avec les autres établissements, leur territoire, les centres de formation et l’université.
La Commission nationale des coordonnateurs paramédicaux de la recherche (CNCPR) travaille depuis deux ans sur ce document de près de 50 pages dédié à la recherche paramédicale. L’objectif ? Faire connaître ce qui existe et donner des pistes pour de futurs développements. Pour Caroline Serniclay, actuelle pilote de la Commission et coordinatrice de la recherche paramédicale au centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims (Marne), « il […] semblait opportun de prendre la parole et de diffuser des recommandations pour l’ensemble des établissements de santé. La culture de la recherche paramédicale n’est pas encore présente partout. Pour le moment, certains CHU sont plus en avance que d’autres ». La diffusion de la recherche paramédicale passe par son intégration dans les projets de soins et d’établissement. Pour la Commission, les professionnels paramédicaux impliqués dans la recherche doivent être identifiés au sein des hôpitaux et intégrés dans leurs instances scientifiques. Lors d’une enquête réalisée en 2019, la CNCPR a pu relever que seulement la moitié des établissements hospitaliers universitaires disposaient d’un poste de coordonnateur de la recherche paramédicale. De plus, cette fonction est souvent occupée à temps partiel, en partage avec d’autres missions. Le livre blanc engage donc chaque structure de soins à se doter d’un coordonnateur et de proposer, à cet effet, une fiche métier.
Pour diffuser la culture de la recherche au sein des services, le document élaboré par la CNCPR recommande de faciliter l’accès des professionnels aux bases de données, d’initier les équipes à leur utilisation et d’organiser des ateliers de lecture critique d’articles scientifiques. Pour les personnes qui voudraient s’engager dans la recherche, la mise à disposition d’un temps dédié est capitale. « Il faut un temps de réflexion pour construire un projet de recherche, ne serait-ce que pour prendre du recul sur la pratique, plaide la coordinatrice. Actuellement, dans les organisations de temps de travail, le temps supplémentaire ne concerne que les transmissions. Si l’on veut des soins d’excellence, de qualité qui répondent aux besoins des patients, il faut que les soignants qui souhaitent s’investir pour contribuer à la production nouvelle de connaissances aient du temps dédié à la recherche. » La pilote de la Commission insite sur l’importance de dispositions comme le Passeport Temps Recherche, lancé au sein de l’AP-HP pour les paramédicaux ayant répondu à un appel à projets national comme le Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP) ou le Programme de recherche sur la performance du système des soins (Preps). Cette valorisation, reprise dans d’autres CHU, comme à Angers, Lyon, Bordeaux, Reims ou encore Clermont-Ferrand, prend le plus souvent la forme d’indemnisation d’heures supplémentaires.
Le livre blanc préconise en outre de renforcer la prise en compte des données probantes dans la formation initiale et continue, et de favoriser l’orientation vers les diplômes universitaires, masters ou doctorats. Il met l’accent sur l’importance de la mise en place du statut d’enseignant-chercheur pour les paramédicaux. Comme le souligne Caroline Serniclay, « les postes bi-appartenants sont nécessaires pour avoir une recherche d’excellence, de haut niveau, ancrée dans une pratique de terrain et adossée à l’université », et de rappeler la nécessité d’intégrer dans cette démarche les problématiques du territoire aux besoins identifiés. Le document met également en avant le rôle des groupements interrégionaux pour la recherche clinique et l’innovation (Girci). Chargés de l’animation territoriale de la recherche, ils financent chaque année des appels à projets qui sont recensés dans le livre blanc. Ils peuvent en outre donner accès à des formations spécifiques pour les personnels paramédicaux souhaitant s’engager dans un travail de recherche. Dans cette perspective, les CHU s’inscrivent comme des structures pivots intervenant auprès des établissements ne disposant pas de Direction de la recherche clinique et de l’innovation (DRCI). La CNCPR souligne par ailleurs l’intérêt de se tourner vers les associations de patients pour la réalisation de projets scientifiques.