“DEUX SALARIES SUR DIX S’INTERROGENT PLUS QU’AVANT LA CRISE SANITAIRE SUR LE SENS DE LEUR TRAVAIL” - Ma revue n° 022 du 01/07/2022 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 022 du 01/07/2022

 

ÉDITO

Hélène Trappo  

Rédactrice en chef de L’INFIRMIER.E

En quête de sens au travail. » Le fil rouge de la Semaine pour la qualité de vie au travail, qui se déroule au moment où nous mettons sous presse, s’impose comme une évidence après ces deux années de crise sanitaire. Une période mouvementée qui a secoué le monde du travail, suscitant nombre de remises en cause et de questionnements de la part des salariés. Selon le sondage Opinion Way pour l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact)*, publié à l’occasion de cette semaine dédiée à la qualité de vie au travail, deux sala­riés sur dix s’interrogent plus qu’avant la crise sanitaire sur le sens de leur travail, notamment les jeunes et les actifs du secteur public, et quatre sur dix envisageraient de quitter leur emploi pour un autre poste davantage porteur de sens.

Mais qu’est-ce qu’un métier qui a du sens ? Un ­métier où l’on a un sentiment d’utilité, où le travail permet de s’épanouir, d’apprendre, de s’exprimer, etc., où les valeurs professionnelles et personnelles sont en adéquation, un critère majeur. Tiens donc ! Ces trois dimensions révélées par ce même sondage sont totalement en phase avec les attentes et les discours tenus par la profession infirmière depuis un bail, que ce soit lors de différentes mobilisations ou par la voix de ses représentants. Les soignantes ne sont pas seules à vouloir que leur métier ait du sens. Travailleurs de tous secteurs, même combat…

Même combat également hors de l’Hexagone. Le 16 juin dernier, le Conseil international des infir­miè­res (CII) révélait un « accroissement alarmant des revendications infirmières », citant, entre au­tres, une grève de 70 jours au Danemark, la plus lon­gue de son histoire. Le symptôme d’une crise mondiale des systèmes de santé, estime le CII, qui ne permet pas aux infirmières « de dispenser les soins de qualité qu’elles souhaitent » et se traduit par une aggravation de la pénurie de personnel, dangereuse pour la santé mondiale.

Si les conditions de travail sont pointées, le manque de reconnaissance, de considération et la mauvaise rémunération du travail sont partout unanimement dénoncés. Et, fait marquant, face à des répon­ses insatisfaisantes, les démissions en masse, en lieu et place de la grève, vont jusqu’à être envisagées comme ce fut le cas en Finlande… L’urgence à agir est mondiale et pas seulement française.

Le rééquilibrage des pouvoirs imposé par la recomposition de l’Assemblée nationale suite aux élections législatives permettra-t-il de donner un nouveau souf­fle à la politique de santé pour une réelle prise en compte des grands enjeux ? En tenant compte des nombreuses solutions avancées par la profession infir­mière durant ces mois de campagne électorale et bien avant ? Surtout, sans remise en cause du sens de l’histoire qui lui confère toujours plus d’autonomie… et de sens.

  • * « Les actifs et le sens au travail », juin 2022, sondage réalisé sur un échantillon de 1 034 actifs, du 13 au 20 mai. En ligne sur : bit.ly/3QEsTQU