Si les infirmières libérales (Idel) ont pleinement le droit d’effectuer leur comptabilité seules, avec un logiciel de gestion, recourir à un expert-comptable peut les soulager d’une lourde tâche et les aider, grâce à ses conseils, à faire les bons choix dans leur activité.
L’expert-comptable peut intervenir à différents moments de l’activité professionnelle de l’Idel. « En tant qu’expert-comptable, nous faisons le point annuellement avec nos clients pour les orienter du mieux possible en fonction de leur activité, de leurs projets professionnels, de leur situation personnelle », indique David Hivin, expert-comptable basé à Paris (MDC Experts).
Lorsque l’Idel souhaite s’installer, elle entre dans une démarche entrepreneuriale et doit respecter plusieurs étapes en amont de l’ouverture de son cabinet : étudier la faisabilité de son projet, s’interroger sur les différents types de contrats à sa disposition ou encore effectuer une étude de marché. Autant de phases pour lesquelles le soutien de l’expert-comptable est possible. Ce dernier peut l’accompagner dans la relecture des actes ou l’élaboration du business plan. « On ne réalise pas un prévisionnel pour toutes les Idels mais pour l’achat de locaux ou encore d’une voiture, donne en exemple David Hivin. C’est souvent impératif, les banques le demandant pour l’attribution d’un prêt. »
En amont du lancement de son activité, il peut également l’éclairer dans le choix du statut du cabinet (société civile de moyens, société civile professionnelle ou encore société d’exercice libéral), la guider entre le régime du micro-BNC et le régime réel, l’accompagner pour lui expliquer ses obligations comptables telles que son inscription à l’Urssaf et à la Carpimko, la conseiller sur les montants à mettre de côté pour payer ses futures cotisations. Enfin, il peut apporter des recommandations en fonction du lieu d’installation : une implantation en zone franche ou en zone de revitalisation rurale ouvre droit à des exonérations à condition de respecter des obligations qui doivent être anticipées.
Lorsque l’activité est lancée et que l’Idel est imposée au régime du réel (2035), elle doit obligatoirement tenir une comptabilité. « Elle peut tout à fait décider de la faire elle-même, car l’expert-comptable n’est pas obligatoire même s’il est fortement conseillé », estime David Hivin.
Effectuer la comptabilité. Pourquoi alors prendre un expert-comptable ? Tout d’abord, pour gagner du temps. « Si elle effectue elle-même sa comptabilité, cela lui prendra en moyenne une semaine de travail, et un abonnement informatique, indique-t-il. Il faut être formé et rigoureux dans le traitement des éléments demandés, respecter les normes comptables et fiscales, donc les connaître. » Le premier rôle de l’expert-comptable est justement de soulager l’Idel en tenant la comptabilité pour elle. Elle n’a plus alors qu’à lui fournir les pièces justificatives (relevés de banque, factures, etc.).
Conseiller sur les régularisations. En début d’activité, l’expert-comptable va conseiller l’Idel sur les futures régularisations Urssaf et Carpimko, et peut élaborer un prévisionnel de cotisations à payer. L’Idel peut ainsi demander en amont un appel des cotisations sur un revenu estimé, calculé par l’expert-comptable afin d’éviter de trop importantes régularisations.
Gérer les spécificités sociales. Dans la vie de son entreprise, l’Idel est soumise à des spécificités sociales. C’est le cas si le cabinet emploie des salariés comme une femme de ménage, une secrétaire, etc. L’expert-comptable participe à cette gestion notamment à l’application de la convention collective, à la rédaction des contrats de travail, à l’émission du bulletin de salaire, à la gestion des congés maladie. Il peut par ailleurs guider l’Idel sur son régime complémentaire et ses cotisations facultatives : prévoyance, mutuelle et retraite.
Lorsque l’Idel souhaite mettre un terme à son activité professionnelle pour changer de mode d’exercice, partir à la retraite ou encore en cas de conflit avec le binôme, elle doit l’anticiper. « On peut calculer, en fonction des problématiques, la date idéale d’arrêt d’activité afin d’éviter les difficultés financières », précise David Hivin. L’expert-comptable va donc anticiper le calcul des régularisations, les modalités de cessation d’activité, les impôts pour permettre un départ en toute sérénité. « Les entrepreneurs se font parfois une fausse idée du prix d’un expert-comptable, regrette David Hivin. Par exemple, pour les Idels, il faut prévoir en moyenne un budget compris entre 120 et 200 euros TTC par mois. Rapporté au chiffre d’affaires moyen des Idel (6 000 à 7 000 euros par mois), c’est dommage de s’en passer, d’autant que les frais sont déductibles des charges professionnelles. »
Les associations de gestion agréées (AGA) effectuent un examen de cohérence et de vraisemblance par rapport à la déclaration 2035. « Elles valident la 2035 après s’être assurées qu’il n’y ait pas d’erreur significative qui pourrait remettre en cause sa vraisemblance », explique David Hivin. À titre d’exemple, en cas d’achat d’une voiture, l’AGA va s’assurer que dans la 2035, les règles d’amortissement ont bien été respectées par la personne ayant effectué la comptabilité. Jusqu’à présent, les adhérents souscrivaient à une AGA car à défaut, leur bénéfice était majoré de 25 % pour le calcul des impôts. Cependant, cette règle est vouée à disparaître à partir de janvier 2023. Le revenu ne sera plus majoré avec ou sans AGA.
Par Marie-Claude Daydé, infirmière libérale
[C’est important de rester à l’affût des signes d’épuisement des aidants]
Le vieillissement de la population, le développement des maladies chroniques, du polyhandicap sont des situations qui prennent appui sur des proches aidants. Leur reconnaissance fait partie de la démarche éthique. Si leur présence active, souvent 24 h/24, et leur savoir acquis au fil du temps en font des partenaires, ce partenariat pose toutefois des questions éthiques. Que faire lorsque l’aidant gère le traitement antalgique de la personne malade et que celle-ci reste douloureuse faute de délivrance adaptée ? Le souci de bienfaisance pour le malade interroge ici le soignant. Comment conjuguer savoirs professionnels et savoirs aidants sans exclure ce dernier ? Il peut y avoir conflit entre aidant et professionnel générant une situation nuisible pour le patient. C’est parfois le cas lorsque le proche aidant a du mal à reconnaître ses limites dans la réalisation d’actes de soins. Le soignant peut avoir le sentiment d’être instrumentalisé.
Un risque de malfaisance pour le patient peut aussi exister lorsque l’aidant s’épuise et refuse de l’aide. Souvent parce qu’il ne souhaite pas que des tiers fassent effraction dans l’intimité de sa vie familiale. La plupart des aidants sont soumis à des stress émotionnels, un sommeil perturbé… et déclarent avoir des problèmes de santé qu’ils n’avaient pas avant d’être aidant. Ce refus d’aide peut provoquer leur épuisement et le risque de maltraitance de la personne malade. Il convient de prendre en compte leur vulnérabilité et de ne pas les assigner à une place où ils pallient les manques des équipes, sources potentielles de leur épuisement. Ils sont souvent réticents à ce que l’on s’occupe d’eux, situant le patient comme la priorité de la situation. D’où l’importance de rester à l’affût des signes cliniques d’épuisement. L’utilisation d’une échelle (mini-Zarit par exemple) d’évaluation de ce risque peut être utile aux professionnels du domicile, dont l’un des défis est de rester à l’écoute sans être intrusifs.