LE PROFESSIONNALISME ET L’INVESTISSEMENT DES INFIRMIÈRES ENVERS ET CONTRE TOUT
ÉDITO
Rédactrice en chef de L’INFIRMIÈR.E
C’est une source de stress dont les infirmières, en particulier les libérales, se seraient bien passées. Sans entrer dans le débat sur la raison d’être du mouvement de grève qui agite le secteur des raffineries, difficile de ne pas dire un mot, dans ce numéro, des tracas qui sont venus s’ajouter, après l’épreuve de la crise sanitaire, à des conditions d’exercice pas toujours simples, notamment dans les zones en tension. Un clin d’œil donc pour saluer le professionnalisme et l’investissement dont les infirmières sont capables de faire preuve, envers et contre tout. Car c’est une évidence, les conséquences des difficultés d’approvisionnement en carburant peuvent prendre un tour bien plus dramatique pour elles que pour tout un chacun. Ce n’est pas de défaut de livraison de pots de moutarde ou autres denrées dont on parle mais de continuité des soins, parfois vitale, sinon essentielle, pour nombre de patients, plongeant les infirmières dans des situations parfois inextricables. Cet épisode interpelle sur la gestion des pouvoirs publics dans de telles situations, sur la nécessité d’une meilleure protection des métiers de l’humain sans pour autant attenter aux droits des travailleurs. Les mesures prises n’ont pas toujours été d’une grande efficacité, parce que trop tardives. Une protection d’autant plus justifiée que les infirmières font elles-mêmes l’objet de réquisitions, lorsqu’elles participent à un mouvement social…
De manière générale, les politiques ont d’ailleurs plus que jamais intérêt à soigner les infirmières qui œuvrent sur le territoire français, dans le contexte actuel de dégradation de l’accès aux soins. Par soigner, entendons reconnaître le rôle qu’elles peuvent jouer pour répondre aux enjeux du système de santé, acter la montée en compétences tant souhaitée, leur donner aussi voix au chapitre. Et, ô miracle ! il semblerait que les choses avancent. Le mois d’octobre n’a pas été seulement marqué par les files d’attente à la pompe. Il a aussi été prolifique en termes d’évolution du métier, aboutissement du travail des organisations infirmières - syndicats, Ordre, associations - avec l’adoption de deux amendements. Le premier permet l’ouverture d’un accès direct des patients aux infirmières en pratique avancée sans prescription médicale, le second, la signature des certificats de décès par les infirmières. Un bémol tout de même, ces deux mesures étant prévues à titre expérimental sur un territoire réduit et pour trois ans. Tablons sur une adoption définitive.
Les bons signaux ne doivent pas venir des seuls pouvoirs publics, mais également des autres corps de métier. À cet égard, on ne peut que se réjouir de la nomination d’un infirmier libéral, David Guillet, à la tête de la Fédération des communautés professionnelles de santé (lire l’interview, p. 6). De quoi renforcer le leadership infirmier.