LA DÉNUTRITION DE LA PERSONNE ÂGÉE
JE ME FORME
PRISE EN CHARGE
Claire Manicot* Ingrid Sardain** Anne Vrignaud*** Agnès Bossis**** Guillaume André***** Dr Vincent Ould Aoudia******
*infirmière en pratique avancée en pathologies chroniques stabilisées
**infirmière libérale à Luçon (Vendée)
***diététicienne nutritionniste à L’Aiguillon-sur-Vie (Vendée)
****pharmacien nutritionniste
*****médecin gériatre
Quelque 2 millions de personnes en France souffriraient de dénutrition, dont une part importante de personnes âgées. Les études épidémiologiques sont anciennes mais le rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) de 2021 mentionne qu’« il n’y a pas de raison de penser que les chiffres aient évolué. » La prévalence varie de 4 à 10 % à domicile, de 15 à 38 % en institution et de 30 à 70 % à l’hôpital, selon la méthode de diagnostic utilisée. Avec le vieillissement de la population, la dénutrition de la personne âgée est devenue un enjeu de santé publique. En effet, la part de la population des plus de 75 ans devrait considérablement augmenter dans les prochaines décennies passant de 9,3 % de la population en 2020 (6 millions) à 17,9 % en 2070 (13,7 millions).
Il n’existe pas de définition consensuelle de la personne âgée. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a définie comme étant une personne ayant dépassé l’espérance de vie attendue à sa naissance. En milieu hospitalier en France, la personne de plus de 75 ans est considérée comme patient âgé, et est dès lors accueillie en gériatrie.
En dehors de toute pathologie, la personne âgée connaît une altération de la régulation de l’appétit qui s’expliquerait par différents mécanismes : ralentissement de la vidange gastrique, facteurs hormonaux, etc. La satiété survient précocement au cours du repas et, en cas de perte de poids temporaire, le sujet âgé ne récupère pas spontanément le poids perdu, contrairement à un sujet plus jeune. Par ailleurs, il présente des troubles du goût et de l’odorat ainsi qu’un vieillissement de l’appareil bucco-dentaire (érosion et fracture dentaire, récession gingivale, sécheresse des muqueuses buccales et gingivales) entraînant des troubles de la mastication et de la déglutition.
L’altération du métabolisme protéique postprandial, de la régulation hormonale et des sécrétions de cytokines pro-inflammatoires entraînent une sarcopénie. Ce syndrome se caractérise par une diminution progressive de la force ainsi que des masse et fonction musculaires squelettiques. Ce phénomène est à l’origine d’altérations des performances physiques et de pertes de la mobilité avec risques de chutes et de fractures. La sarcopénie atteint plus de 50 % des plus de 75 ans. Elle semble plus fréquente chez l’homme et prédomine sur les membres inférieurs.
En définitive, la composition corporelle change à mesure que les années passent, avec une augmentation progressive de la masse grasse et une perte de la masse musculaire et osseuse, puis une diminution des masses grasse et maigre après 75-80 ans. La quantité d’eau corporelle diminue ainsi que la sensation de soif, ce qui expose la personne âgée à un risque de déshydratation.
En plus des modifications physiologiques liées au vieillissement, développées précédemment, de nombreux facteurs exposent au risque de dénutrition.
Carence d’apports alimentaires. De multiples facteurs sont à risque de diminution d’apports alimentaires :
→ facteurs socio-économiques et environnementaux : isolement, difficultés financières, difficultés à s’approvisionner (absence de véhicule ou arrêt de la conduite), entrée en institution, hospitalisation (perte de repères, nouveaux menus) ;
→ perte d’autonomie : dès qu’une personne ne mange plus seule, elle ne maîtrise plus son assiette, elle a besoin d’une tierce personne pour l’aider, cela change son rapport à la nourriture ;
→ troubles bucco-dentaires (troubles de la mastication, douleurs liées à des ulcérations) dus au vieillissement mais aussi au manque d’hygiène, au manque de soins dentaires (appareillage mal adapté, dents manquantes), à une candidose oropharyngée ;
→ troubles de la déglutition d’origine ORL ou neurologique ;
→ baisse de la vision qui participe à la perte de l’appétit par manque de stimulation visuelle ;
→ pathologies qui peuvent entraîner chez la personne âgée une perte de repères, de la sensation de faim, une propension à refuser les repas : pathologies inflammatoires ou infectieuses, pathologies cancéreuses, maladies neurologiques dégénératives, maladie d’Alzheimer (oubli par exemple des associations entre plaisir et aliments) et démences, troubles psychiatriques. La décompensation d’une pathologie chronique, une affection aiguë, ainsi que des symptômes tels que la douleur ou une constipation sévère favorisent également la dénutrition ;
→ polymédication importante entraînant une sécheresse de la bouche (médicaments anticholinergiques), des troubles du goût (par exemple métallique avec le furosémide), une anorexie (digoxine, fluoxétine) des troubles digestifs ; également, sensation de satiété plus rapide en raison de la quantité d’eau ingurgitée pour la prise des médicaments ;
→ régimes alimentaires trop restrictifs : en cas de diabète, d’hypercholestérolémie, sans sel ;
→ qualité moindre des repas sur le plan quantitatif et qualitatif ;
→ sédentarisation : la diminution de l’activité physique conduit naturellement les personnes âgées à réduire leurs apports énergétiques ;
→ obésité : les personnes âgées obèses présentent comme le reste de la population le risque d’avoir des apports insuffisants en micronutriments (vitamines, calcium, magnésium) et en protéines, donc de dénutrition.
Augmentation des pertes. Il peut s’agir d’augmentation de pertes digestives (vomissements, diarrhées, pathologies digestives responsables de malabsorption ou de maldigestion chronique), de pertes urinaires (diabète, syndrome néphrotique) ou de pertes cutanées (plaies, escarres, brûlures étendues).
Augmentation des besoins. La dénutrition peut, en premier lieu, résulter d’un hypermétabolisme avec augmentation des besoins et consommation des réserves nutritionnelles, elle peut être causée par un syndrome inflammatoire, une hyperthyroïdie, une intervention chirurgicale, un cancer ou une infection. En second lieu, elle peut être la conséquence d’une fièvre, et enfin, elle peut être due à une activité physique intense.
La dénutrition résulte d’un déséquilibre entre les besoins en protéines et en énergie et les apports alimentaires, conduisant à une diminution de la masse maigre corporelle. D’après les recommandations de la HAS de 2021, le diagnostic de dénutrition (voir le tableau 1 ci-dessous) repose sur la présence :
→ d’au moins un critère phénotypique (relatif à l’état physique de la personne) : perte de poids, IMC < 22, sarcopénie confirmée ;
→ et d’au moins un critère étiologique (lié à une cause possible de la dénutrition) : réduction de la prise alimentaire, absorption réduite, pathologie.
On parle de dénutrition sévère lorsqu’un seul des trois critères retenus par l’HAS (IMC, perte de poids et albuminémie, tels que définis dans le tableau 1) est présent.
Le diagnostic fait appel à un examen clinique, la pesée et le calcul de l’Indice de masse corporelle (IMC).
Le critère de sarcopénie confirmée (réduction de la force musculaire associée à une diminution de la masse musculaire) est recherché lorsque la dénutrition suspectée n’est pas corroborée par une perte de poids ou un IMC < 22 (voir les tableaux 1 et 2).
Le questionnaire d’évaluation MNA (Mini Nutritional Assessment) ne constitue plus un critère de diagnostic de la dénutrition depuis les recommandations de 2021. Il reste cependant un outil de repérage intéressant à utiliser (perte de poids, motricité, IMC, etc.) pour le dépistage de la dénutrition.
De même, l’hypoalbuminémie n’est pas un critère de diagnostic et permet seulement, si besoin, d’évaluer la sévérité de la dénutrition.
Si le principal symptôme de la dénutrition est l’amaigrissement, la personne âgée présente d’abord une perte d’appétit. Les autres signes devant alerter sont les œdèmes, une altération de l’état général avec anorexie et asthénie, la fonte musculaire et la perte de la force musculaire (sarcopénie).
La dénutrition favorise par ailleurs des carences en micronutriments, responsables à long terme de très nombreux symptômes comme des carences en vitamine D, C, B12 provoquant fatigue, anémie, infections, des carences en fer responsables d’anémie, de troubles de la mémoire, des carences en calcium entraînant des problèmes osseux, dentaires, cardiaques, ou encore des carences en zinc responsables d’un mauvais état général.
Les complications de l’état de dénutrition sont : une augmentation du risque de chutes et de fractures, la dépendance (la personne dénutrie n’a plus de force pour assurer les activités du quotidien, ce qui aggrave la dénutrition), une altération de l’appareil digestif, des troubles du rythme cardiaque (en raison de carences en minéraux), le ralentissement de la cicatrisation des plaies et des escarres (ou leur survenue), la déshydratation, la sarcopénie, la dégradation de la qualité de vie, un retentissement psychique, un risque de mortalité. Le risque d’infection (notamment nosocomiale) est aussi plus élevé.
La dénutrition doit être dépistée pour permettre une prise en charge précoce et éviter ainsi les complications graves.
La pesée : la mesure du poids corporel une fois par mois est le premier critère dans l’évaluation nutritionnelle. Dans les établissements, selon la mobilité et l’autonomie des patients, on aura recours, outre un pèse-personne, à différents systèmes comme une chaise de pesée, un crochet peseur ou une plateforme sur laquelle positionner un fauteuil roulant. C’est à l’infirmière que revient la tâche de coordonner les pesées avec l’ensemble de l’équipe soignante, de s’assurer que les conditions sont les mêmes à chaque pesée (résident habillé ou non) et que les calculs sont correctement effectués (pesée du fauteuil roulant au préalable si pesée sur plateforme). Elle vérifie la traçabilité des données dans le dossier de soins. À domicile, il est aussi possible d’instaurer le suivi de poids, en incitant le patient à le faire lui-même, éventuellement accompagné par son entourage au moment de la journée qui lui convient.
La taille des personnes âgées en raison des tassements vertébraux et de l’accentuation de la cyphose dorsale, est souvent inférieure à celle notée sur leur carte d’identité. En l’absence de toise ou en cas d’incapacité pour le patient à tenir debout, la formule de Chumlea permet d’estimer la taille à partir de la distance talon-genou.
Calcul de l’IMC
Formule classique : IMC = poids (kg)/taille2 (m2)
Formule de Chumlea :
→ Femme : taille (cm) = 84,88 - 0,24 x âge (années) + 1,83 x taille de la jambe (cm)
→ Homme : taille (cm) = 64,19 - 0,04 x âge (années) + 2,03 x taille de la jambe (cm)
Circonférence brachiale : la mesure de la circonférence du bras permet une estimation de la masse musculaire. Une valeur inférieure à 25 cm chez l’homme et inférieure à 23 cm chez la femme est en faveur d’une dénutrition.
Un IMC peut être normal et la personne dénutrie. Nous l’avons vu, les facteurs de risque de la dénutrition sont nombreux mais l’infirmière sera particulièrement vigilante en cas de perte de poids de 2 kg dans le dernier mois ou de 4 kg dans les six derniers mois, de signes de précarité alimentaire avec des difficultés financières (repas sautés, les mêmes aliments) ou des difficultés à s’approvisionner, un état dépressif, une perte d’autonomie, des problèmes bucco-dentaires, des troubles de la déglutition, de la constipation, des syndromes démentiels ou d’affection aiguë.
L’interrogatoire du patient aboutit rarement à des informations précises sur les apports alimentaires. L’infirmière pourra mettre en place un journal sur quelques jours avec relevé précis de ce qui a été consommé, en estimant les portions (cuillères, bol). Le recueil peut être effectué à domicile par la personne elle-même ou un proche, et en institution ou en milieu hospitalier, par les soignants qui aident aux repas.
La prise en charge nutritionnelle sera adaptée à chaque patient, en fonction de la situation clinique, de la coopération et du consentement du patient. Elle agit sur deux leviers : la correction des apports nutritionnels et la correction des facteurs de risque identifiés (troubles de la déglutition, état bucco- dentaire, isolement, etc.). Une prise en charge pluridisciplinaire associant à l’équipe soignante, diététicienne, ergothérapeute, psychologue, assistante sociale et un suivi régulier apporteront la garantie de meilleurs résultats.
Il faut respecter un rythme d’au moins trois repas par jour et une collation systématique dans l’après-midi, voire d’autres collations dans la matinée et la nuit. Les périodes trop longues de jeûnes nocturnes doivent être évitées. À domicile, on conseillera de retarder l’horaire du dîner et d’avancer celui du petit déjeuner. En institution, la collation de 22 heures empêchera un jeûne nocturne de 12 heures (certains établissements servent les repas du soir à 18 heures).
Il est primordial de prévoir des temps de repas suffisamment longs (au moins 30 minutes). Ce qui suppose, en institution, lorsque les personnes âgées ont besoin d’aide, de s’organiser avec toute l’équipe et éventuellement la famille si elle est présente. À domicile, on recommandera aux aidants, si cela est possible, de concevoir les repas comme un moment convivial (un repas en famille est préférable à un repas seul). En institution, l’équipe soignante favorisera la convivialité en évitant les repas en chambre, en proposant aux résidents d’inviter leurs familles, par exemple, et organisera des ateliers cuisine, des repas festifs, à l’occasion de fêtes, autour de thèmes.
L’enrichissement de l’alimentation consiste à augmenter la valeur nutritionnelle des plats, en gardant le même volume. Il est recommandé d’accroître non seulement la ration en protéines mais également en calories.
Pour enrichir les repas en protéines, on peut ajouter du gruyère sur les légumes, des œufs, des croûtons, du vermicelle dans la soupe, de la farce dans le riz et les pâtes, préférer des petits-suisses aux yaourts. Pour faire monter l’apport calorique, on peut incorporer au mets de la crème fraîche, de l’huile ou du beurre, proposer des légumes gratinés et des plats en sauce.
Par ailleurs, on supprimera tous les régimes (diabétiques, sans sel, etc.) qui, à partir d’un certain âge, n’apportent plus de bénéfices et ne sont pas assez goûteux. Les plats seront autant que possible agrémentés de condiments, d’épices pour donner goût et envie.
En présence de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou autres démences, il est possible de recourir, pour redonner de l’autonomie dans la prise alimentaire, à la méthode du manger-mains ou sans fourchette. La nourriture peut être proposée aux patients sous forme de cubes ou de bouchées faciles à prendre en main. Dans le même esprit, certains établissements développent le concept de plats picorés : billes ou bâtonnets de légumes, tartines, beignets de légumes ou de viandes. Enfin, le design thinking (développé par l’école du design de Nantes) entend présenter un aliment objet (le plat cuisiné) en empathie avec la personne âgée. Sans aller jusqu’à ces nouvelles méthodes, une réflexion est utile pour proposer des plats le plus agréable possible à l’œil et aux papilles, adapter les textures aux capacités de mastication et de déglutition de la personne (plats mixés ou hachés si nécessaire).
Les produits pour complémentation nutritionnelle orale sont prescrits en cas d’échec de l’alimentation enrichie ou de dénutrition sévère selon des modalités très encadrées (lire « Savoir + » p. 20). Ils permettent d’augmenter la ration de calories et de protéines sous un volume restreint. L’objectif est d’atteindre un apport alimentaire supplémentaire de 400 kcal/jour et/ou de 30 g/jour de protéines (le plus souvent avec 2 unités/jour). En cas de dénutrition, les produits de complémentation orale peuvent être d’une grande aide quand les personnes âgées ne mangent pas suffisamment aux repas, sans toutefois s’y substituer. En fonction de leur teneur en protéines, ils peuvent être proposés deux à trois fois par jour à deux heures de distance des repas. Consommés frais de préférence, ils peuvent être tiédis au micro-ondes ou au bain-marie mais non bouillis. Afin de faciliter la prise de CNO, il est conseillé de proposer aux patients des produits variés (sucrés/salés, liquides lactés/fruités, crèmes desserts, soupes, etc., voir le tableau 4 p. 22) afin qu’ils trouvent celui qui sera le plus adapté à leur goût. Leur efficacité dépend en effet de l’observance, laquelle doit être évaluée régulièrement par l’infirmière.
→ À savoir : une portion commencée se conserve deux heures à température ambiante et 24 heures au réfrigérateur.
L’une des premières actions à mettre en place chez une personne dénutrie, est de s’assurer de l’état de sa bouche, vérifier l’absence de problèmes cutanéo-muqueux ou dentaires et l’orienter vers un chirurgien-dentiste si besoin. Il peut aussi être nécessaire de revoir avec le médecin traitant le traitement car de nombreux médicaments entraînent une sécheresse buccale.
L’amélioration de la santé du patient requiert une prise en charge globale de ses besoins, en particulier sur le plan social et psychologique. Il faudra s’assurer, en particulier s’il vit à domicile, que ses repas sont garantis en qualité et en quantité, et adaptés à sa situation. Différentes aides sont proposées pour les courses, la préparation des repas et l’aide aux repas.
Selon les recommandations de la HAS (2021), quel que soit le statut nutritionnel, la surveillance repose sur : la mesure du poids, le calcul de l’IMC, l’évaluation de l’appétit et de la consommation alimentaire, la force musculaire. En ville : une fois par mois à domicile et à chaque consultation. À l’hôpital en médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) et soins de suite et de réadaptation (SSR) : à l’entrée, puis au moins une fois par semaine, et à la sortie. En EHPAD et unités de soins de longue durée (USLD) : à l’entrée, puis au moins une fois par mois, et à la sortie.
L’infirmière a un rôle d’éducatrice en santé et rappellera aux personnes âgées les règles de base pour une alimentation équilibrée, les apports étant augmentés en protéines et en calcium (voir le tableau 3 sur les repères alimentaires p. 21). Une personne âgée ne peut se contenter de manger une soupe et une pomme le soir. La prévention passera aussi par le repérage de tous les facteurs de risque et des mesures pour les éviter : hygiène dentaire quotidienne, suivi dentaire régulier, bilan de déglutition, consultation diététique, soutien psychologique, relais vers les services sociaux en cas de précarité alimentaire, soutien et information aux aidants pour améliorer les menus.
L’infirmière insistera sur la pratique de l’activité physique, primordiale pour éviter la fonte musculaire liée à l’âge, mais aussi pour améliorer l’endurance cardiorespiratoire, prévenir l’ostéoporose et réduire le risque cardiovasculaire. Elle englobe le sport, les déplacements (promenade, marche à l’intérieur de l’habitation, déplacement dans le jardin ou à la boîte aux lettres) et les tâches ménagères. Selon les recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), il est indispensable que les personnes âgées maintiennent un minimum de 30 minutes d’activité physique dynamique par jour, dont la marche. Il leur est aussi conseillé de pratiquer des activités d’endurance, de renforcement musculaire, d’équilibre et de souplesse.
* Exerce dans trois Ehpad de la fédération Fed’Hêtre situés en Sud-Vendée.
** Intervenante dans plusieurs Ehpad et chargée de promotion et d’éducation pour la santé, association « Du pain sur la planche ».
*** Chargé d’enseignement à l’Institut catholique de Vendée (ICES) à La Roche-sur-Yon (Vendée) et à l’université de Nantes (Loire-Atlantique).
**** Président du gérontopôle des Pays de la Loire.
Après la Sarthe et la Mayenne en 2019, les Pays de la Loire expérimentent depuis 2021 une application de repérage de la dénutrition à domicile, D-NUT, pour les personnes de plus de 60 ans faisant appel aux infirmières libérales. L’objectif étant de lancer très en amont des mesures de prévention de la dénutrition. Il s’agit, sur l’application mobile, de répondre à sept questions, renseignant ainsi sur la motricité, la présence d’une maladie aiguë ou d’un stress psychologique, des problèmes neuropsychologiques, une perte d’appétit, une perte récente de poids, le poids ou la circonférence brachiale, la taille ou la distance talon-genou. Le croisement des données aboutit à un score pouvant être normal, à risque, dénutri ou sévèrement dénutri. Menée dans le cadre de l’article 51, cette expérimentation prévoit un parcours de prise en charge pluriprofessionnelle (associant kiné et diététicien) de 4 à 6 mois, à domicile, des patients à risque ou dénutris. Le programme est alors coordonné par l’infirmière libérale en appui du médecin généraliste, cela sans frais pour le patient. Si le patient souffre d’une dénutrition sévère, un bilan biologique sera réalisé et une nutrition entérale pourra être envisagée, en milieu hospitalier.
Prise en charge infirmière : outre le repérage, l’infirmière effectue une évaluation de l’environnement de vie de la personne, de sa santé buccale pour identifier la nécessité d’une consultation et un état des lieux de l’environnement social. Elle sensibilise les aidants, effectue des évaluations de suivi, oriente la personne vers des structures d’aide (aide à domicile, portage des repas, etc.), participe aux réunions de coordination.
Une rémunération spécifique est prévue sous la forme d’un forfait collectif par patient de 635 € pour une prise en charge de 4 mois, et d’un forfait de 210 € en cas de renouvellement pour 2 mois. L’Idel bénéficie d’un forfait de 20 € pour le repérage avec l’application, puis d’un forfait de 150 € (estimé sur la base de 5 interventions de 30 minutes à 30 €).
Effectifs concernés par l’expérimentation : 1 500 patients au maximum avec 4 mois de prise en charge et 2 mois supplémentaires pour 450 patients nécessitant une prolongation ; 250 Idels recrutées ; 12 repérages au maximum par an.
Pour en savoir plus : URPS-IDEL des Pays de la Loire porteur du projet, en collaboration étroite avec la SRAE Nutrition (structure régionale d’appui et d’expertise en nutrition) : contact@urps-idel-paysdelaloire.fr
Les produits pour complémentation nutritionnelle orale (CNO) sont des aliments destinés à des fins médicales spéciales (ADDFMS)*. Leur prescription, en complément de l’alimentation et généralement de façon transitoire, est encadrée par l’arrêté du 7 mai 2019. Ces dispositifs médicaux sont inscrits sur la liste des produits et prestations remboursables (LPPR).
• Critères de dénutrition pour un adulte de plus de 70 ans : perte de poids ≥ 5 % en un mois ou ≥ 10 % en six mois OU IMC ≤ 21 OU Score au test MNA ≤ 17/30 OU Albuminémie ≤ 35 g/l. À noter que ces critères ne correspondent pas à la nouvelle définition de la Haute Autorité de santé (HAS) datant de novembre 2021.
• L’objectif pour les personnes âgées est d’atteindre un apport supplémentaire de 400 kcal/jour et/ou de 30 g de protéines/jour.
• Première prescription : 1 mois au maximum
• Première délivrance : limitée à 10 jours de traitement. À l’issue de cette période, le pharmacien, après avoir évalué l’observance du patient, adapte dans les limites des apports prévus par la prescription, le complément prescrit pour la suite de la délivrance.
• Renouvellements de prescription : 3 mois au maximum après réévaluation comprenant poids, état nutritionnel, évolution de la pathologie, niveau des apports spontanés par voie orale, tolérance de la CNO, observance de la CNO.
* Arrêté du 7 mai 2019 portant modification de la procédure d’inscription et des conditions de prise en charge des produits pour complémentation nutritionnelle orale destinés aux adultes inscrits sur la liste des produits et prestations remboursables prévue à l’article L. 165-1 du code de la Sécurité sociale, JO du 10 mai 2019.