L’EXERCICE PLURIPROFESSIONNEL FAIT PARTIE DE L’AVENIR DU SYSTÈME DE SANTÉ
ÉDITO
Rédactrice en chef de L’INFIRMIÈR.E
Comment sortir de l’impasse notre système de santé ? Après des décennies de politiques qui n’ont fait qu’aggraver la situation - réforme de la tarification à l’activité (T2A) en tête, numerus clausus, etc. - les solutions n’apparaissent guère évidentes, tout au moins à mettre en œuvre lorsqu’elles sont évoquées. En attendant, les témoignages de situations apocalyptiques aux urgences, entre autres, relayés par la presse sont quotidiens. L’urgence est toujours là, exacerbée, dans un contexte de triple épidémie.
Du discours d’Emmanuel Macron lors de ses vœux en présence des professionnels de santé, on retiendra des annonces positives et prometteuses, pour les paramédicaux en particulier et pour l’accès aux soins. Parmi celles-ci, il y a la volonté affichée de favoriser l’exercice pluriprofessionnel et le partage des tâches entre les médecins et les infirmières ainsi que les kinésithérapeutes, dans le droit fil des propositions avancées par le Comité de liaison des institutions ordinales (Clio) dont fait partie l’ordre infirmier. L’examen, à l’heure où nous mettons sous presse, de la proposition de loi Rist (Renaissance, Loiret) « portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé » laisse augurer d’importantes transformations et évolutions pour tenter de répondre aux difficultés du système de santé. Avec notamment l’expérimentation de l’accès direct et cadré à des infirmières ou kinésithérapeutes dans le contexte d’un exercice coordonné.
En réalité, l’intitulé de ce texte, mettant en avant et fort à propos la notion de « confiance » contraste avec les réactions virulentes d’une partie des médecins, inquiets d’être concurrencés par une nouvelle catégorie de paramédicaux, les infirmières en pratique avancée (IPA), et de voir instaurer une médecine à deux vitesses.
Au vu des informations erronées qui circulent sur les réseaux sociaux, la montée en compétences et la place des IPA dans le système de santé peinent encore à être reconnues et devront s’accompagner de pédagogie. L’idée n’est pourtant pas nouvelle et a fait ses preuves. Un petit coup d’œil sur le système de santé outre-Atlantique serait bienvenu pour élargir l’horizon de ces médecins récalcitrants. Le Canada notamment a recours depuis des décennies aux infirmières praticiennes spécialisées, qui sont ainsi à même de prescrire des médicaments et d’orienter des patients vers des spécialistes.
Reste à espérer que les expérimentations (tout de même…) prévues dans trois régions suffiront à convaincre… En attendant, il s’agirait de ne pas décevoir les espoirs d’une profession qui aspire à se déployer pleinement.
Ayons confiance !