Les infirmières et infirmiers ont désormais la possibilité d’administrer aux personnes de plus de 16 ans 15 vaccins, sans prescription médicale. Cette évolution, qui devrait être suivie de l’autorisation de vacciner les enfants dès 2 ans, a pour objectifs d’alléger le travail des médecins et d’augmenter la couverture vaccinale de l’ensemble de la population. Elle constitue dans le même temps une réelle reconnaissance pour la profession infirmière. Plus qu’une modification organisationnelle opportune, elle est, à l’instar du développement souhaité des protocoles de coopération, la marque d’une mutation profonde du système français d’accès aux soins. Système jusqu’alors très hiérarchisé, passant pour l’ensemble des questions de santé ou de maladie par la case prescription médicale, seule à permettre l’accès aux autres professionnels de santé.
L’évolution vers un accès direct à chaque profession entraîne, et cela est légitime, des débats, des craintes, des interrogations, tant de la part des professionnels que du public. Elle implique pour les infirmières et les infirmiers, lorsqu’ils sont en première ligne pour répondre aux problématiques de santé, d’être en mesure d’assurer leurs responsabilités telles qu’identifier les contre-indications d’un vaccin, réorienter un patient vers le bon interlocuteur, communiquer des messages issus des dernières recommandations, etc. Autant de mouvements vers un système collaboratif où chacun assume ses responsabilités, ses positionnements, en les argumentant sur des bases professionnelles et scientifiques, se référant aux recommandations de bonnes pratiques et aux règles en vigueur.
Paradoxe de l’actualité, la possibilité pour les infirmiers de réaliser les vaccinations sans prescription médicale est validée au moment où la Haute Autorité de santé se prononce favorablement pour la réintégration des professionnels de santé qui ont refusé d’être vaccinés contre le Covid-19, ce qui n’est pas sans soulever des questions et provoquer des réserves. La situation dans ce qu’elle a de paradoxal, illustre bien qu’il faut nourrir la réflexion, en fonction de la progression constante des données scientifiques et du contexte épidémiologique actuel. Ceci met en évidence, une fois encore, la nécessité de faire évoluer le positionnement professionnel individuel au sein d’un collectif constitué par l’ensemble des professionnels collaborant à l’état de santé de nos concitoyens, dans le respect des diplômes qui régissent leur exercice et des règles de santé publique établies.