L'infirmière n° 033 du 01/06/2023

 

TABLE RONDE

JE DÉCRYPTE

MANAGEMENT

Laure Martin  

Enjeu majeur pour l’exercice infirmier, le leadership se définit comme un processus selon lequel des personnes sont capables de fédérer des énergies autour d’un collectif pour atteindre un objectif commun. Une thématique abordée sous le prisme de l’approche terrain, lors du salon infirmier le 25 mai à Paris.

J’envisage le leadership comme une façon d’accompagner les équipes vers un but commun en mettant en corrélation les besoins de la direction et ceux des équipes pour une coconstruction », a partagé Jennifer Come, cadre supérieure de santé à l’hôpital Simone Veil dans le Val-d’Oise, qui a pris part à la table ronde « Regard croisé. Leadership clinique versus leadership managérial », le 25 mai, lors du Salon infirmier, porte de Versailles (Paris XVe). Une démarche qui requiert de l’humilité afin de créer une relation de confiance entre les acteurs impliqués. Cette capacité à influencer un collectif de professionnels autour d’un projet commun, repose aussi sur « des valeurs professionnelles partagées, de l’accompagnement et de l’interprofessionnalité », a ajouté Sophie Chrétien, infirmière en pratique avancée (IPA) à la maison médicale Jeanne Garnier (soins palliatifs) à Paris (XVe). « Aujourd’hui, le corps infirmier a besoin d’influencer les orientations qu’il souhaite prendre, a poursuivi Isabelle Bayle, directrice des soins aux centres hospitaliers de Saverne (Bas-Rhin) et Sarrebourg (Moselle). Dans ma posture actuelle, cela repose sur la façon de former les futurs professionnels à prendre leur place, dans une cohésion professionnelle. L’enjeu est grand, car l’infirmière détient une expertise dans son champ et doit la faire valoir. »

UN TRAVAIL D’ÉQUIPE

Le leadership ne se construit pas pour autant seul. Il part du terrain, de l’équipe et des besoins. « Je prends tout ce qu’il y a à prendre auprès des équipes car chacun des membres possède une appétence dans un domaine, a fait savoir Jennifer Come. Il faut les mettre en relief et les laisser s’épanouir pour un résultat complémentaire. » Ce rôle implique une forme d’humilité, car les leaders doivent accepter des retours du terrain. « Plus on est transparent dans l’écoute et plus nous allons obtenir des retours, a-t-elle conseillé. Si on se sent libre, les équipes aussi vont se sentir libres de parler. Nous devons nous questionner ensemble. » Si le leadership est souvent associé à l’expertise, les deux concepts ne sont pourtant pas liés. La légitimité peut justement venir du terrain. « Lorsque nous constatons un problème, nous nous apportons un éclairage et nous trouvons une solution, qui peut parfois être partielle mais qui nous permet d’avancer ensemble », a fait savoir Jennifer Come. De même que le leadership n’est pas nécessairement rattaché à un poste ou à une fonction. Il appartient à celui qui veut s’en saisir. « Il faut donc laisser à chacun la possibilité de s’exprimer », a insisté Jennifer Come. « Le statut dont nous disposons en tant que cadre ou directeur des soins, doit permettre d’autoriser l’autre à prendre sa place et à bouger les lignes, a partagé Isabelle Bayle. Nous n’incarnons pas un leadership, nous permettons, par nos postures, son expression dans nos équipes. » Aujourd’hui, porter le leadership dans les structures représente un véritable enjeu. « Il faut recourir à la créativité et disposer de la confiance, conclut Sophie Chrétien. L’un de nos objectifs est de faire passer ce message et d’être un levier car dans le marasme actuel du système de santé, nous n’avons plus le choix. »