S’il tire jusqu’à la moelle chaque petite ficelle du genre, La Faille n’a rien d’un polar banal. Parce que le nouveau récit de Franck Thilliez, plus grand vendeur de polars de France, ne laissera personne indemne. L’auteur, avant de bousculer ses lecteurs, violente le moindre de ses personnages. La protagoniste de La Faille : la mort, elle-même. Et la frontière avec la vie, prévient l’écrivain, est « plus trouble qu’il n’y paraît ». Ses fans retrouvent, ici, ses personnages emblématiques, le commandant Franck Sharko et la lieutenant Lucie Hennebelle. Lors d’une interpellation foireuse, une officier enceinte d’un collègue est blessée puis hospitalisée d’urgence. Une enquête pour le moins morbide commence pour la bande. Les uns, les autres vont se confronter : des murs d’une abbaye ancestrale glauque à ceux d’un hôpital psychiatrique pas plus chaleureux, à des obsédés d’expériences de mort imminente et à la folie furieuse de ceux qui, sans limite, sans éthique, sans loi, vont chercher de l’autre côté de la mort. L’auteur dissèque en creux le débat du maintien des soins, de l’acharnement thérapeutique pour les personnes dans un état végétatif (Vincent Lambert est évoqué) et aborde la question des enjeux politiques, éthiques, médicaux comme la complexité de ces situations. Effrayant et addictif.
La Faille, de Franck Thilliez, éditions Fleuve Noir, 504 pages, 22,90 €.