L'infirmière n° 038 du 01/11/2023

 

ÉDITO

Pascale Thibault  

En cet automne 2023, l’agressivité et la violence semblent être partout. Et si dans l’actualité la plus récente, les événements ne touchent pas directement les institutions de soins, chacun sait que les professionnels de santé, hospitaliers comme libéraux, sont régulièrement, et de plus en plus fréquemment, concernés par ces phénomènes dans le cadre de leur exercice.

C’est ce qui a amené le gouvernement à élaborer un plan interministériel de 42 mesures. Ces propositions émanent d’un rapport, rédigé par un médecin et une cadre supérieure de santé, remis au ministère de la Santé au printemps dernier. Il s’agit de recommandations faites par des professionnels du soin pour leurs pairs, exerçant en institution comme à domicile.

Regroupées en trois axes, elles seront mises en place de façon progressive. Néanmoins, certaines ont une portée immédiate comme la possibilité pour un établissement de porter plainte à la place de l’un de ses agents, la reconnaissance des personnels libéraux comme des agents du service public, ou la mise en œuvre de formations à la gestion de l’agressivité sur le modèle de ce qui est fait pour la sécurité incendie. On ne peut que se satisfaire du bien-fondé de ce programme dans le contexte actuel. Il faut toutefois souligner qu’il constitue une évolution culturelle nécessaire pour permettre aux professionnels de faire face à la réalité. Les lieux de soins ne sont plus les espaces sanctuarisés qu’ils ont été. Mais l’ont-ils jamais été ? L’hôpital et les cabinets infirmiers ou médicaux accueillent des personnes en souffrance. Ce qui s’y vit est un concentré de ce qui se passe hors de leurs murs. Et si, comme semblent en attester les chiffres, les faits de violence et d’agressivité augmentent, ceux-ci touchent toutes les couches de la société.

L’objectif des mesures annoncées est de protéger les professionnels, soignants et non soignants, impliqués dans les espaces qui permettent de prendre soin de tous. Il s’agit de leur donner les clés pour se prémunir des conséquences de l’agressivité et de la violence qui gangrènent les relations humaines. Un juste équilibre est à trouver pour que la sérénité et la sécurité, conditions habituelles de la relation de soin, demeurent la norme, en évitant que la dimension sécuritaire ne prenne constamment le pas dans le cadre des soins.

Ce texte s’inscrit dans un contexte de recherche de solutions pour faire face à la pénurie de soignants, de développement de mesures d’attractivité et de qualité de vie. Il y aura matière à évaluer l’impact de ces mesures dans les mois et années à venir, tant sur la diminution des situations d’agressivité et de violence que sur la qualité des relations entretenues entre soignants et soignés.