L'INFIRMIERE n° 0039 du 22/11/2023

 

EDITO

Pascale Thibault

  

Manger, se nourrir, s’alimenter, goûter, déguster, avaler, se restaurer, se sustenter, se régaler… les termes sont nombreux pour illustrer la nécessité d’assurer un apport nutritionnel et gustatif satisfaisant quotidiennement.

Quand une personne est malade, hospitalisée, qu’elle réside en institution en raison de son âge ou de son état, le moment du repas est souvent attendu comme un « espace-temps » privilégié, un moment de détente, en dehors des soins, apportant un peu de plaisir dans une journée centrée sur le diagnostic, les traitements ou l’attente.

En 2017, un état des lieux a mis en évidence que 30 % des personnes accueillies dans les institutions de soin étaient en état de dénutrition, ce chiffre monte à 40 % quand la personne souffre d’un cancer.

Pour remédier à cette situation, diététiciens et nutritionnistes ont élaboré conjointement vingt-trois recommandations. Conscients que l’offre d’une alimentation adaptée à des personnes malades ou fragilisées implique de nombreux moyens matériels et humains, ils ont veillé à rationaliser et harmoniser les pratiques. Les recommandations nées de leurs travaux s’adressent à toutes les personnes impliquées dans la chaîne alimentaire depuis sa conception jusqu’à l’apport du plateau-repas au patient ou au résident. Et ce sont bien entendu les soignants (aides-soignants, infirmières) qui sont les mieux placés pour savoir si ce qui est proposé correspond aux attentes des bénéficiaires.

Malheureusement, ces recommandations restent trop souvent confidentielles, c’est pourquoi il nous est apparu essentiel de les diffuser dans leur intégralité. Elles paraissent simples, évidentes, pleines de bon sens puisqu’elles tiennent compte des attentes et des besoins des personnes hospitalisées et pourtant, elles trouvent souvent peu d’écho. Elles s’appliquent à toute personne, en institution ou non, dont l’état de santé nécessite de porter une attention particulière à son alimentation. Nous y apprenons par exemple qu’il n’est plus question de parler de régime alimentaire, mais d’alimentation thérapeutique. Or, ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas ici d’éléments de langage, mais bien d’allègement des contraintes alimentaires trop souvent préconisées.

Alors, en cette période festive où nous profiterons des plaisirs de la table que favorise la trêve des confiseurs, nous souhaitons que la mise en œuvre de ces préconisations ouvre de nouvelles perspectives tant pour les personnes malades que pour les professionnels de santé qui pourront s’y référer pour améliorer l’offre alimentaire au sein de leur institution. Appelons-le de nos vœux dès aujourd’hui afin de faire évoluer la situation dès 2024 !

Belles fêtes de fin d’année, belle année 2024.