Le collectif Femmes de santé a organisé, le 7 décembre dernier à Paris, une journée de formation afin de mieux comprendre les particularités des femmes en matière de santé, et de les prendre en considération dans les parcours de soins comme dans le cadre du travail.
C’est à Paris, le 7 décembre dernier, qu’une trentaine de personnes ont assisté à cette première journée de formation en présentiel (et en distanciel) destinée aux soignants, aux professionnels accompagnant des femmes et aux services ressources humaines des entreprises qui souhaitent prendre en compte, dans leur stratégie, la santé de leurs salariées. « Le but de cette formation était de susciter l’intérêt, de sensibiliser et d’ouvrir le dialogue sur des thématiques variées de la santé des femmes, souligne Rosanna Pech, chargée de projet formation hkind-Femmes de santé. Nous avons proposé une vue d’ensemble pour mettre en débat les différents sujets liés à la santé des femmes et faire rayonner l’expertise des femmes qui contribuent à faire évoluer la santé des femmes. » Dix professionnelles de santé, la plupart membres du collectif Femmes de santé, sont venues, chacune dans leur domaine d’expertise, informer, préciser, les spécificités de la santé des femmes avec une seule et même ambition, en assurer une meilleure prise en charge.
En ouverture, Muriel Salle, historienne, maîtresse de conférences (université Claude-Bernard Lyon I) et experte en études de genre et humanités médicales, a rappelé comment la société traitait la question de la santé des femmes au fil du temps. « La femme est un animal étrange », « la femme est une éternelle malade », « la femme est un corps malade de son sexe », « l’hystérie, grande maladie des femmes du XIXe siècle ». Un discours dépréciatif et une mise en avant de la particularité de la santé de la femme dominent dans l’histoire et gardent une certaine permanence dans le monde contemporain. « Aujourd’hui, quand une femme a un problème cardiaque, elle est prise en charge 37 minutes plus tard qu’un homme, pointe l’universitaire. Cela s’explique par diverses raisons. La femme s’est construite dans l’idée qu’elle était atypique et a parfois du mal à énoncer ses symptômes. Quand on évoque la médecine pour les femmes, il s’agit de la “médecine Bikini”. On y aborde la grossesse, la maternité, les cancers gynécologiques et le cancer du sein, mais très rarement les maladies cardiovasculaires. Les femmes ont un appareil reproducteur mais elles ont aussi un cœur et des poumons ! »
Une approche étayée par l’intervention d’Emmanuelle Berthelot, cardiologue spécialisée dans l’insuffisance cardiaque et l’éducation thérapeutique des patients à l’hôpital Bicêtre (AP-HP) (Val-de-Marne). « Les maladies cardiaques représentent la première cause de mortalité chez les femmes, or c’est le cancer qu’elles placent en premier dans 63 % des cas, précise la cardiologue. Par ailleurs, pour 55 % des femmes, les maladies cardiovasculaires touchent les femmes plus âgées, alors qu’il y a un risque croissant chez les moins de 50 ans. » Oppression thoracique, difficultés à respirer, palpitations, essoufflement, grande fatigue persistante, troubles digestifs, nausées… Les symptômes de l’infarctus sont nombreux. « Depuis deux à trois ans, on parle davantage de l’infarctus chez la femme, et nous vivons, je l’espère, une prise de conscience sur ce sujet, estime la docteure Berthelot . Il faut rester très simple dans la description des symptômes avec, en premier lieu, la douleur thoracique, les autres symptômes viennent au second plan. » Activité physique, alimentation à base de produits frais, notamment des légumes, bonne gestion du stress grâce à la pratique de la cohérence cardiaque, sont les clés pour prendre soin de son cœur.
La formation a également abordé d’autres sujets comme le diabète et de l’obésité, l’IVG, la maternité et l’allaitement, ainsi que la ménopause afin de donner davantage de visibilité aux spécificités de la santé des femmes. Reste à ce que tout cela soit entendu et mis en pratique à grande échelle.