CANCER : DE L’HÔPITAL AU DOMICILE, LE RÔLE CLEF DES IDEL
DOSSIER
CANCER : LE RÔLE CENTRAL DES IDEL
Première cause de décès chez l’homme et deuxième chez la femme, le cancer fait l’objet, depuis plus de vingt ans, de plans de lutte et de stratégies au niveau national visant à structurer le paysage de la cancérologie, à personnaliser les prises en charge, à répondre aux besoins des patients et de leur famille, ainsi qu’à améliorer la prévention. Pour atteindre ces objectifs, les professionnels de santé sont mobilisés, et en première ligne, les infirmières libérales qui permettent, par leurs actions, un suivi à domicile des patients.
D’après les données de Santé publique France, qui copilote la surveillance épidémiologique des cancers, et participe à leur prévention, 433 000 nouveaux cas de cancers ont été recensés en 2023. Un nombre qui a doublé depuis 1990. Chez l’homme, le cancer de la prostate reste le plus fréquent (avec 59 800 nouveaux cas en 2018 – estimation non disponible pour 2023), suivi des cancers du poumon et du côlon avec respectivement 33 000 et 26 000 nouveaux cas en 2023. Chez la femme, c’est le cancer du sein qui reste le plus fréquent avec 61 000 nouveaux cas en 2023. Viennent ensuite les cancers du côlon et du poumon avec respectivement 21 000 et 19 000 nouveaux cas.
Le nombre total de décès s’élève en 2018 à 157 000, dont 57 % chez l’homme. Entre 1990 et 2015, la survie nette à cinq ans s’est peu améliorée pour les cancers de mauvais pronostic étudiés (les tumeurs du système nerveux central en particulier) ou de manière insuffisante dans un contexte d’augmentation de l’incidence (poumon, pancréas…). Les gains observés sont généralement plus marqués chez les jeunes adultes, excepté pour le cancer de l’ovaire où les gains s’observent à tous les âges. Par ailleurs, toujours d’après les données de Santé publique France, les cancers du côlon et du rectum, du col de l’utérus, du sein et de la prostate demeurent des cancers de bon, voire de très bon pronostic, avec une survie nette à cinq ans estimée respectivement à 63 % pour les deux premiers, 88 % pour le sein et 93 % pour la prostate chez les personnes diagnostiquées entre 2010 et 2015.
Pour autant, un certain nombre de cancers pourraient être évités puisqu’environ 40 % d’entre eux sont attribuables à des facteurs de risque modifiables : tabagisme, consommation d’alcool, alimentation, surpoids et obésité, agents infectieux, expositions professionnelles, exposition aux ultraviolets naturels et artificiels. Les actions de prévention ont donc toute leur importance dans la stratégie de lutte contre les cancers, tout comme les actions de dépistage, et ce, d’autant plus que la détection d’un cancer à une phase précoce de son développement augmente les chances de guérison. En France, des programmes nationaux de dépistage ont été mis en place pour trois cancers : le cancer du sein (2004), le cancer colorectal (2008-2009) et celui du col de l’utérus (2018-2019). En parallèle, de nombreux services sont déployés pour lutter contre le tabagisme (site tabac-info-service.fr), la consommation d’alcool (site alcool-info-service.fr), la sédentarité et l’obésité (site mangerbouger.fr) et pour favoriser la vaccination (vaccination-info-service.fr). La prévention des cancers liés aux expositions environnementales et professionnelles fait l’objet de programmes spécifiques au sein de Santé publique France.
Outre les programmes nationaux, les professionnels de santé ont un rôle majeur à jouer sur le terrain dans le domaine de la prévention. Au domicile des patients, les infirmières libérales les informent sur les facteurs de risque, les bonnes conduites à tenir, les encouragent à effectuer les tests de dépistage dans le cadre des programmes nationaux et à consulter leur médecin au moindre doute. En cas de cancer, sans leur intervention pour assurer le suivi des chimiothérapies, des thérapies orales, ou encore des effets indésirables des traitements, le retour à domicile des patients serait inenvisageable. Leur présence est donc majeure à la fois pour les patients mais aussi pour le système de santé (lire articles, pages 20 à 21, et 23 à 24). Ce rôle n’est cependant pas toujours mis en valeur, notamment pour ce qui est de la rémunération. Des expérimentations sont d’ailleurs portées en ce sens. C’est le cas avec Ako@dom, qui encourage l’accompagnement des patients sous thérapie orale par des infirmières libérales rémunérées pour cet acte (lire article, pages 26 à 27). Cette reconnaissance financière est d’autant plus revendiquée que les équipes hospitalières ont de nombreuses attentes vis-à-vis d’elles pour assurer une prise en charge et un suivi optimal des patients (lire interviews du Pr Ivan Krakowski, page 25, Eva Ester Molina, IPA, page 30, et de Pascale Benaksas, page 22). Pour faire valoir leur expertise et leurs compétences, Unicancer a d’ailleurs élaboré une labellisation, à laquelle l’ensemble des infirmières libérales pourront, à terme, postuler (lire article pages 28 à 29).
Source : Santé publique France