L’écart entre l’exercice infirmier libéral et le travail infirmier en institution a souvent été profond, comme s’il s’agissait de deux mondes différents, très éloignés l’un de l’autre. Les échanges étaient peu présents, les représentations souvent péjoratives au sein de chaque camp, ne favorisant pas l’unité de la profession et un suivi cohérent des personnes soignées.

S’il est indéniable de reconnaître des différences dans les modalités d’exercice, les pathologies dont souffrent les malades sont bien les mêmes. Nous avons choisi dans ce numéro de traiter de la maladie cancéreuse, si fréquente au sein de l’ensemble de la population, en la regardant du point de vue de l’exercice infirmier libéral. Le rôle de ces professionnels dans ce contexte était quasi inexistant il y a quelques années. Il s’est depuis considérablement développé et il y a fort à parier que cette évolution va se poursuivre, favorisant ainsi le maintien des personnes soignées dans leur contexte de vie, ce qui, on le sait, a un impact essentiel sur leur qualité de vie. Et si les infirmiers libéraux sont présents à toutes les étapes de la maladie, le développement de leur travail dans le domaine du cancer dépasse largement les bénéfices pour les patients.

Il met en évidence les évolutions de notre système de santé : ces professionnels sont enfin reconnus à leur juste valeur, leurs prérogatives sont spécifiques, ils bénéficient d’un label dédié, en relation étroite avec les centres anticancéreux. Au-delà de la maladie cancéreuse, la formalisation de leur travail permet d’identifier ce que signifie concrètement le rapprochement entre l’hôpital et le domicile, le chemin déjà parcouru et celui qu’il reste à entreprendre.

Il s’agit d’une transformation considérable de l’ensemble de la profession infirmière française, permettant de revisiter le métier dans toutes ses dimensions, favorisant son épanouissement dans tous les champs de l’exercice comme de son développement, incluant la place des infirmières en pratique avancée et la recherche en soins infirmiers.