L'infirmière n° 043 du 01/04/2024

 

Roman

CULTURE

T. L.  

Grégory se pensait prêt pour cette première mission dans le nord du Kenya, en 1992. Infirmier tout juste diplômé, il avait passé deux ans à se préparer du mieux qu’il le pouvait. Son rêve était de faire de l’humanitaire… sauf qu’on n’est jamais prêt à la violence d’une guerre. Grégory a tenu bon en puisant sa force dans les courriers que lui envoie son épouse, où elle lui parle de leur petite fille. Il parvient à se trouver des repères malgré la misère à laquelle il est confronté. Au service des plus démunis, de victimes qui arrivent en nombre au péril de leur vie, il apprend à encaisser et à se sentir utile. Ces quelques semaines au Kenya vont le hanter durant des jours et des nuits, des années. Pourtant, il repartira à chaque fois. Sarajevo, Grozny, Gaza, la Colombie, l’Afghanistan… C’est devenu sa vie. Les premières lignes sont un poème. Un texte qui exacerbe les sensations et décrit un silence, un bruit, un flash, un souffle, des blessures, la mort. « Une bombe vient d’exploser », écrit Karine Giebel, auteure de plus d’une dizaine de romans aux sensations fortes, et lauréate de plusieurs prix pour ses polars vertigineux. Dès les premières pages, la romancière emmène ses lecteurs aux confins des émotions humaines entre souffrance et amour, entre l’horreur et la solidarité. Karine Giebel dresse le portrait bouleversant d’un homme qui navigue de l’ombre à la lumière. Un grand récit, stupéfiant, qui rend aussi hommage à la Croix-Rouge internationale.

Et chaque fois, mourir un peu, par Karine Giebel, éditions Récamier, 480 p., 22 €.