Le domicile comme lieu de soins mais aussi de contraintes dans la limitation de la liberté par contention - Ma revue n° 045 du 01/06/2024 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 045 du 01/06/2024

 

ÉTHIQUE ET SOINS AU QUOTIDIEN

EXERCICE LIBÉRAL

ORGANISATION

Marie-Claude Daydé  

infirmière libérale

Comment concilier l’exigence de protection de la personne soignée avec l’exigence du respect de son autonomie ? Pour protéger une personne, où situer les limites de la contention à domicile ? Comment déterminer ce qui peut relever de la « maltraitance ordinaire » ? La contention peut prendre diff érentes formes : utilisation de vêtements restrictifs, barrière de lit, limitation des déplacements, e-contention par caméra, etc. Un « chez soi » qui peut devenir lieu d’enfermement, privation de liberté. Pour la personne soignée, au deuil de la perte d’autonomie liée à la maladie, au handicap, peut s’ajouter un vécu de violence de la contention. Il y a là un risque d’altération de la relation de confiance avec le professionnel que la personne a choisi de faire entrer chez elle et qui peut apparaître comme « dominant » ? Sans compter que la contention augmente certains risques physiques qu’il convient d’évaluer : contractures, risque d’escarres, chutes, etc.

À domicile, ce sont parfois les proches qui sont à l’origine du geste, ce qui peut entraîner des confits avec l’équipe de soins. Comment « bien faire » quand l’attitude de l’aidant va à l’encontre des valeurs du professionnel ?

La contention relève d’une prescription médicale et, une fois mise en place, nécessite d’être réévaluée. Il convient d’éviter sa banalisation en interrogeant en équipe le sens de l’action et en considérant qu’il s’agit d’un geste d’exception dans une situation singulière. Pour cela, il importe de réfléchir aux autres alternatives possibles (actions préventives et interventions plus appropriées). À noter que certaines formes de contention peuvent rassurer la personne, qui se sent protégée.

Le consentement est toujours à rechercher après avoir délivré une information claire et adaptée. Chez les personnes atteintes de troubles cognitifs, l’assentiment ou la non-opposition de la personne doivent être recherchés. Face à la difficulté de décider pour autrui, rappelons l’importance d’une réflexion d’équipe.